L’architecte d’intérieur est partie de zéro pour mijoter cet espace de restauration d’un nouveau genre. De son dessin maîtrisé, minutieux et graphique, Candice Bruny bouscule les codes, en immergeant les collaborateurs de la société Jacquet Métals – leader européen de la distribution d’aciers spéciaux – au cœur d’une scénographie innovante. Pause privilégiée.
Fragment de ville, de culture et d’architecture, la Cité Internationale projette sa silhouette pavillonnaire « terre cuite » sur l’essence même du paysage lyonnais : le Rhône et le Parc de la Tête d’Or. C’est en ce lieu que nous retrouvons Candice Bruny, lauréate 2018 de notre concours d’architecture d’intérieur Archi IN STARS. Ici, sa sensibilité conceptuelle pose les jalons d’une nouvelle vision du réfectoire d’entreprise, domptant le volume de 55 m2, à l’origine brute de béton et enguirlandée de gaines techniques.
Mon cheminement conceptuel s’est nourri de la brique omniprésente des façades signatures de Renzo Piano, auquel s’ajoute la présence fluviale symbolisée par le vert sédimentaire.
« Tout est parti de l’environnement architectural », se remémore Candice. « Mon cheminement conceptuel s’est nourri de la brique omniprésente des façades signatures de Renzo Piano, auquel s’ajoute la présence fluviale symbolisée par le vert sédimentaire ». Le terrain de jeu idéal pour décliner cette palette de manière subtile sur les matériaux, à l’origine de l’atmosphère aux inspirations plurielles.
Ainsi, la « terre cuite » s’immisce de part et d’autre, formulée sous forme de liseré sur le bar, en version cuivre, sur le piètement des assises et des tables (Mambo Unlimited Ideas), en terra cotta, sur le soubassement cannelé et le plan de travail, en Abachi (Giacobazzi). Sans omettre le textile chiné (Missoni Home) et les dalles de moquette (Ege Carpets). « Je ne souhaitais pas tomber dans la monotonie ! Au contraire, le dynamiser et l’animer de multiples configurations pour générer naturellement et selon les besoins, différentes postures d’usages », souligne Candice Bruny.
J’ai pris le parti de m’appuyer sur toutes ces contraintes pour les mettre au service de la scénographie.
Une partition scénique maillée par un fil conducteur. En effet, l’ensemble de l’agencement est relié par une stratification millimétrique, rejoignant l’horizon du soubassement. Toutes ces caractéristiques sont le fruit de cette réflexion : composer avec les nombreuses contraintes techniques pour en faire des atouts.
Un pilier central porteur ? L’accessibilité au plafond nécessaire à l’entretien des fluides et à la machinerie ? Qu’à cela ne tienne ! « J’ai pris le parti de m’appuyer sur toutes ces contraintes pour les mettre au service de la scénographie », confie Candice. À l’instar, du poteau structurel, volontairement accentué, lui permettant d’organiser l’espace et de créer une circulation plus confidentielle, au verso de la salle, et de distribuer l’arrière-cuisine. « Cela m’a donné l’occasion de concevoir un recoin additionnel, marqué par la banquette filante, dédié à la lecture, à une pause-café ou à un moment de travail informel, tout en protégeant la salle principale de la zone de préparation. »
Le but : éveiller le lieu par ce subtil jeu de reflets – en version antique pour aller aussi loin que possible dans ma trame chromatique – et démultiplier la profondeur.
Côté plafond, l’architecte d’intérieur a recentré les gaines techniques en un seul et même endroit, donnant vie à cet astucieux miroirs-damier, doté sur le côté d’une trappe d’accès invisible indispensable à la maintenance du groupe VMC, etc. Pour Candice, « le but était d’éveiller le lieu par ce subtil jeu de reflets – en version antique pour aller aussi loin que possible dans ma trame chromatique – et de démultiplier la profondeur. » De pair, l’architecte d’intérieur évite le sacro-saint plafond dallé, typique des bureaux, et laisse libre cours à la chromatique recouvrant le staff. Un jusqu’au-boutisme qui lui offre l’opportunité de marquer subtilement la division entre la salle repas et l’espace bar-kitchenette, tout en absorbant ce fameux pilier dans le propos décoratif.
Dessinée de pied en cap, cette parenthèse, dédiée aux quinze collaborateurs de l’entreprise Jacquet Métals, reflète cette volonté de porter l’humain et le bien-être au cœur de l’entreprise. Défi relevé !
Photos : ©Studio Erick Saillet
www.candicebruny.com