Solitaire serti sur l’océan Indien, l’île Maurice est devenue le temps d’une réalisation le temple créatif de Stéphane Parmentier. Figurant une passerelle architecturale entre les cultures balinaise, mauricienne et européenne, l’architecte d’intérieur a exploré un nouveau langage esthétique, bercé par sa prose conceptuelle si singulière.
De Toronto à Miami, en passant par Paris ou Saint-Barth, l’architecte d’intérieur navigue dans de nombreuses eaux architecturales et décoratives, avec cette capacité à expérimenter. Dès lors, recréer Bali à l’île Maurice n’a rien d’impossible ! C’est une aventure un peu folle, sourit Stéphane Parmentier. Le propriétaire est un aficionado du style balinais. Il voulait retrouver cette aura dans le sud-ouest de l’île Maurice, où il a acquis ce terrain.
Stéphane Parmentier explore ainsi une palette architecturale à mi-chemin entre l’Asie et l’Occident, puisant sa créativité dans l’artisanat. Toute la difficulté de ce projet était de s’approprier les détails de l’architecture balinaise sans tomber dans le piège de l’ethnique ni de la caricature. La maison originelle, où trônent désormais le salon et la cuisine, est absorbée dans ce projet uni autour de la piscine, intégrant de nouveaux satellites ; des constructions s’approchant davantage d’un hameau.
Nous avons tout réinventé, poursuit Stéphane Parmentier, en imposant un nouveau tempo conceptuel style « village », connecté à l’aménagement paysager. Mais ce qui l’a guidé pendant toute la réalisation demeure ce télescopage entre l’ombre et la lumière. Je voulais recréer cette sensation de clair-obscur, intrinsèque au climat tropical. Cet instant où le ciel nuageux commence à gronder, transpercé par les rayons du soleil. Une sorte de balade avant l’orage.
L’allée menant au grand portique ouvre cette voie contrastée. Imaginée comme une rizière, elle met en exergue la profondeur de la pierre volcanique locale qui balise l’ensemble de la réalisation, associée aux toits en tuiles de paille typiques de l’île.
À leurs côtés, les matériaux naturels s’érigent en maîtres absolus, à l’instar du bois exotique à l’aura tout aussi sombre, qui vient équilibrer avec force le panorama végétal lumineux. Il est éclairé, notamment dans le salon, par ce lin immaculé, les tapis en abaca, des cotons, des tissus ethniques, etc. Et cette omniprésence balinaise révélée par le mobilier et les accessoires artisanaux, dessinés par Stéphane ou chinés, telles les cinquante nasses de pêcheurs voguant au-dessus de la table de la salle à manger, les pagaies du XVIIIe siècle dans la chambre invités, les stèles essaimant le jardin.
Pris dans cette décoration tempétueuse, les meubles contemporains et vintage dialoguent, comme s’il en avait toujours été ainsi, à l’instar les fauteuils des années 1950 en bois et rotin, dénichés à Miami et le canapé NeoWall de Piero Lissoni édité par Living Divani.
L’ensemble saupoudré de petits objets fabuleux, comme se plaît à les nommer Stéphane, et d’œuvres artistiques qui lui sont chères. Ce supplément d’âme qui émane des vieilles patines, des photos d’époque, des pièces chinées ou des tableaux. Des connexions audacieuses, une histoire fantastique comme seul Stéphane sait les narrer.
Architecture d’intérieur : Stéphane Parmentier