Le portail restauré, en fer forgé, ceinturé de pierres du pays ne laisse rien paraître. Les champs d’oliviers et de citronniers sont au cœur d’un chemin imaginé comme un parcours architectural qui conduit vers cet art de vivre dedans/dehors. Si l’esprit est authentique, peaufiné pendant quarante ans par un maçon amoureux des pierres, la réhabilitation s’inscrit avec puissance dans ce geste métallique volontairement franc.
Sébastien Belle revient à la source : Le lieu était insolite, chargé de faux éléments architecturaux comme des colonnes ou des fontaines aux styles divergents… et cette minéralité omniprésente. Le cœur du bâtiment était en très bon état. Dès lors, je suis venu me greffer sur l’existant, sans intention de mimétisme. Ainsi, la maison mère se déleste de quelques superflus, pour mieux se connecter au cadre paysager réinventé ; la piscine elle-même prenant part à la nouvelle silhouette chahutée en façade sud par cette extension d’un noir profond.
Sébastien confirme : Je n’aime pas les pastiches. Il faut savoir assumer les interventions sur un bâtiment ancien. J’ai conservé un maximum de l’existant, son relief, ses accidents et à l’inverse, je suis venu épurer, tout en contrastes.
Une synergie naît, et ce, dès les premiers pas, matérialisée par cette passerelle en métal et en bois poursuivant sa quête contemporaine à l’entrée sous la forme d’un plafond en verre, tout en reliant la maison à l’annexe accueillant un spa. Il suffit de suivre ces insertions métalliques pour nous guider jusqu’à l’intérieur, où la surprise est totale, confie Sébastien. Ici, tout est une question de points de vue. Chaque élément explore la végétation endémique, partie prenante de la conception, avant de plonger au cœur de la bâtisse sur la Méditerranée, elle-même passant le flambeau, le soir venu, aux lumières animées du village de Saint-Paul-de-Vence. Situés en rez-de-jardin/terrasse, le salon, la salle à manger et la cuisine assument leur dimension contemporaine. C’est le troisième projet que je conçois avec la propriétaire. En ce sens, nous avons poussé le propos plus loin, affiné et osé, précise l’architecte d’intérieur.
Un parcours architectural, tout en contrastes.
Au centre des considérations, l’îlot de près de six mètres en inox noir crée la liaison entre la bâtisse originelle et l’extension, pour s’inscrire également au cœur de la balade constructive, en poursuivant ce dialogue clair/obscur.
Mais conserve-t-on, par cette modernité assumée, la dimension provençale ? Sébastien répond : La conception ne perd jamais de vue l’endroit où elle se situe. Dans ce parti pris épuré, nous avons insufflé de la matérialité. Aucun plafond ni mur n’est lisse. Tout est à la chaux. Le béton au sol assoit ce traitement surfacique légèrement nuancé, appuyé par l’agencement en bois ou en métal. De plus les surfaces vitrées, baies coulissantes et puits de lumière, additionnés aux ouvertures panoramiques comme celle à guillotine marquant le salon, permettent quel que soit l’emplacement d’être en lien étroit avec la pierre.
Pièce maîtresse, la master suite, une sensation unique de liberté.
Clou du spectacle, la suite parentale, au sommet. Sébastien rebondit : Elle a de l’impact, non dans l’ostentatoire, mais par sa puissance spatiale qui procure une sensation unique de liberté. Totalement dévolue à ce tableau plongeant sur la baie de Nice, elle brouille les frontières entre les usages, sans jamais perdre de vue le confort, lui-même invisible. On ne parle pas souvent de tout ce que l’on ne voit pas ! Et pourtant, pour arriver à ce résultat, cet effacement total de la ventilation ou encore de la climatisation, le travail est colossal. Toutes les reprises d’air et les soufflages se dissimulent dans les joints creux au sol ou au plafond, partout entre les matières, intégrant dans ses failles également l’éclairage d’ambiance, conclut Sébastien Belle.