C’est à deux pas de la Sagrada Família qu’Andrea Serboli a élu domicile. Cofondateur du cabinet d’architecture CaSA, aux côtés de Matteo Colombo, l’Italien concentre tout son savoir-faire dans cette rénovation de 75 m2, avec cette signature chromatique chère à l’agence. Coffre au trésor.
Couleurs et lumière, la bonne association
Esprit Moderniste
Datant de 1914, le bâtiment est le témoin de l’Art nouveau catalan, au cœur du quartier Eixample. Dans la mesure du possible, l’agence CaSA a tenté de sauvegarder les éléments patrimoniaux, dans un état vétuste, transformant cette rénovation en un véritable défi. À l’origine, la démultiplication des cloisons divisait le lieu en six pièces distinctes… Qu’à cela ne tienne ! Les architectes ont insufflé toute leur énergie pour ramener la lumière naturelle au centre du propos créatif, sous couvert d’une identité plus contemporaine. Libérée, la conception trouve son sens dans le volume en bois bleu profond, lambrissé. Ce dernier impulse une nouvelle dynamique qui module l’intégralité des lieux et redéfinit les espaces d’une manière plus architectonique.
Le coloris corail s’inspire des rasillas, tuiles en terre cuite, imprégnant les façades extérieures
Échos Chromatiques
Spacieuse, la pièce de jour bénéficie d’une baie vitrée plus généreuse, à même d’amplifier le clair de vitrage et de pair l’apport lumineux, démultiplié par les teintes claires, entre blanc chaud sur les voûtes catalanes et ivoire sur le micro-ciment. Cette pureté permet de faire ressortir la boîte bleue laquée contrastée par les poutrelles métalliques fardées de corail, qui rappellent structurellement et métaphoriquement les anciennes cloisons. Ce corail, également présent sur la porte de l’ancienne buanderie trônant désormais sur la terrasse ou encore sur le meuble sur-mesure de la salle de bains et les joints du carrelage, a été impulsé par les traditionnelles tuiles en terre cuite, les rasillas, qui revêtent les façades extérieures du bâtiment. À cela s’ajoute le mélange des matériaux, à la fois ordinaires et nobles, sans ostentation, mais avec pour ambition la perfection du détail : les touches de laiton qui soulignent les plinthes en micro-ciment et les seuils ou encore le marbre de Portobello habillant le plan de travail et la crédence incurvés.
Au centre du Propos créatif : la boîte bleue
Sans omettre le travail d’agencement sur-mesure laqué, dénué de poignées. En effet, CaSA a dû redoubler d’imagination pour accueillir les multiples objets et souvenirs accumulés par Andrea Serboli. Raison pour laquelle les rangements se multiplient, matérialisés par le linéaire généré par la boîte bleue. Pour les architectes : c’est le Saint des Saints de l’appartement ! Marqué par la découpe en demi-arche, ce volume bleu devient la transition entre la partie jour et nuit, dissimulant armoires, placards techniques et… la salle de bains derrière ses portes escamotables adoucies par un bleu ciel. À dessein, le sol a été surélevé afin de laisser libre cours aux fluides de la cuisine et de la pièce d’eau. Au sol, la chromatique du micro-ciment appuie volontairement cette transition. Du couloir à la pièce d’eau, du froid au chaud, du bleu clair au rose, favorisant la sensation de progresser vers un lieu plus intime. Le bleu profond du lambris de la cuisine revient dans l’espace nuit sur les dressings, mettant en valeur les carreaux ciments d’origine conservés. La boucle est bouclée.
Le saint des saints de l’appartement !
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Photographe Roberto Ruiz