À l’équilibre, un esprit haussmannien chahuté par des ponctuations Art déco alliées à une modernité soupesée. Une arabesque aux lignes rectilignes. Une empreinte, à la fois féminine et masculine, dont elle a le secret… Le projet de Kelly Boukobza, sise dans le VIIe arrondissement, crée la surprise tout en élégance. Sur toile de fond classique, se déploie une palette architecturale bien à elle. Twist.
Avec des projets dans le golfe de Saint-Tropez, à Aix-en-Provence, à Genève, à Megève ou encore à Deauville, Kelly Boukobza fait partie de cette trempe d’architecte d’intérieur, la tête dans la création, les pieds bien ancrés dans la conception. C’est à Paris que nous la retrouvons, au cœur du VIIe arrondissement, dans l’une de ses dernières réalisations, un appartement haussmannien de 210 m². À la tête de sa propre agence depuis tout juste 10 ans, l’architecte d’intérieur a su trouver son empreinte très tôt, après avoir obtenu son master en architecture d’intérieur à CREAPOLE et fait ses classes trois ans, chez Isabelle Stanislas.
Si dans toutes ses interventions Kelly réinterprète le propos spatial et stylistique, explorant les lignes et les mouvements avec un sens accru du détail, chacun de ses projets porte en lui une étincelle singulière. cette rénovation en témoigne, fidèle à sa vision régénérative. Pour Kelly, ce qui compte demeure cette connexion avec les clients. Dessiner, créer, composer et se dépasser.
En ce lieu, repensé de pied en cap, la cheffe d’orchestre a apprivoisé les volumes généreux avec la création d’une rotonde qui fait sensation dès les premiers pas… Loin de marquer la séparation entre la cuisine/salle à manger et le salon réception, cette parenthèse circulaire, aux effluves Art déco revisités, reconnecte à sa façon les pièces de vie, tout en ouvrant le dialogue sur le coin nuit. Elle révèle cette sensibilité pour l’artisanat, les matériaux nobles et le sur-mesure, partagée par notre hôte du jour.
Kelly rebondit : C’est une chance d’évoluer aux côtés d’un véritable esthète. Particulièrement attentif à l’architecture, à la décoration et aux beaux objets – comme vous pouvez le constater dans le choix de ses livres –, le propriétaire nous a suivis dans toutes nos propositions et notamment cette pièce maîtresse, en staff et en marqueterie de marbres. Ce qu’il souhaitait avant tout était de pouvoir recevoir sa famille et ses amis, de cuisiner, de partager.
Cet espace a été pensé comme un lieu de vie pluriel ; le bureau chiné par le propriétaire se transformant à volonté en table informelle, jonction entre le salon et le bar.
De cette demande est né le salon aux proportions généreuses dompté par les canapés Saint-Honoré, de Pierre Augustin Rose (The Invisible Collection). Aux courbes, infusées de-ci, de-là, s’ajoutent des lignes tendues, ciselées sur la bibliothèque diptyque, le miroir central et la banquette en enfilade. L’ensemble imaginé de telle sorte que les moulures et cimaises, entièrement restaurées, soient préservées. Cet espace a été pensé comme un lieu de vie pluriel ; le bureau chiné par le propriétaire se transformant à volonté en table informelle, jonction entre le salon et le bar, confie Kelly.
Dans cette veine, la cuisine élaborée en totale synergie avec les aspirations de notre chef amateur prône une vision plus intimiste, centrée sur l’îlot en marbre Breccia et la table d’hôtes. on retrouve, dans cet espace, cette connivence entre le rectiligne et le curviligne, notamment entre le plafond et le sol. en regardant plus attentivement, les finitions d’orfèvre prennent le pas : le cintrage du marbre, les failles intégrées, le polissage du staff, les chambranles en travertin, les portes sous tentures aux poignées sculptées…
Toute la difficulté était de pouvoir créer deux suites, dont la master, sans se départir de la lumière naturelle et d’un confort hôtelier.
Sans omettre ce travail sur la conception lumière, chère à Kelly. Pour moi, c’est une notion clef, confirme l’architecte d’intérieur. Il est essentiel que l’éclairage soit au bon endroit pour accompagner le geste architectural. Les spots pour affirmer une scène, un objet, les lampes pour adoucir et révéler un espace, le rétroéclairage pour valoriser et souligner. À cela s’ajoutent des petites fentes lumineuses intégrées au ras du mur pour baliser le chemin entre les chambres et les salles de bains. Situées dans la partie arrière de l’appartement, ces dernières évoluent sous un ciel mouluré. Ces espaces sont particulièrement biscornus, sourit Kelly. Toute la difficulté était de pouvoir créer deux suites, dont la master, sans se départir de la lumière naturelle et d’un confort hôtelier. Défi relevé avec maestria.
Production : Domodeco
Architecture d’intérieur et décoration : Kelly Boukobza – KY Architecture