Des mains en or – Ulgador

Ulgador, entre alchimie, art et artisanat, cette entreprise au savoir-faire inimitable dans le travail de la feuille d’or ouvre son premier espace dédié à la création et présentation de leurs pièces, projets, collections, échantillons… Saint-Germain-des-Près accueille l’excellence, tout Ulgador déployé dans un lieu hybride, entre galerie et showroom.

Ulgador c’est l’histoire d’une entreprise créée en 1995 par Gabor, le père, puis rejoint par sa fille Rahel. L’origine du nom est simple : les deux premières lettres du nom et prénom Ulveczki Gabor auquel il ajoute « or ». Tout est donc question de fusion, dans cet atelier au savoir-faire unique et enfin à la disposition visuelle de tous les curieux en recherche de maestria.

Gabor, le père

Réfugié politique, Gabor arrive en France en 1983. Initialement artiste peintre et figure montante en Hongrie, il s’installe et apprend la dorure à la feuille dans un atelier d’encadrement. Une fois les bases de l’applique sur bois ou papier acquises, techniques trop répandues selon lui, Gabor explore, cherche, innove. Chassez le naturel… l’artiste qui sommeille en lui revient au galop : J’ai pensé à transposer sur le papier ce que je pratiquais sur les baguettes de bois ou les stucs. J’ai testé cette idée sur du papier kraft, mais j’ai mis entre six mois et un an pour inventer cette nouvelle technique d’application, qui est devenue ma spécialité. En 2007, le voilà labellisé « Entreprise du Patrimoine Vivant ». Ce génie autodidacte de la feuille de métal frappée, réalisée à partir de laiton, aluminium, cuivre, argent ou or, s’impose petit à petit, en maître du revêtement et décor…

J’ai pensé à transposer sur le papier ce que je pratiquais sur les baguettes de bois ou les stucs.

Rahel, la fille

En 2012, l’artiste Hongrois s’entoure de sa fille Rahel, dont l’enfance passée dans l’atelier de son père, fait naître sa future vocation. Elle se forme à l’école Olivier de Serres, se spécialise en « décor mural » puis intègre les Beaux-Arts de Paris. Fusionnent deux techniques et des inspirations toutes plus exceptionnelles les unes que les autres. À la tradition et aux savoir-faire plus classiques, Gabor et Rahel parviennent à s’adapter à un univers contemporain et à des demandes d’architectes d’intérieur ou designers toujours plus pointues ou extravagantes. Si d’autres cherchent la répétition, Gabor et Rahel préfèrent les « accidents et les « imperfections ». De ces incidences ou phénomènes naissent des surprises.

Complémentarité et fusion

Deux artistes, deux conceptions, deux sensibilités, mais un seul et même résultat : l’excellence. Gabor aime l’expérimentation, les courbes, le travail du papier. Rahel préfère les lignes droites et graphiques et la technique du verre églomisé. De cette alliance née une pratique plus créative, innovante et singulière. Le travail de la feuille d’or ne connaît pas de limite. Le duo peut se revendiquer alchimistes grâce aux procédés d’oxydation et corrosion de feuilles de laiton, cuivre ou argent. Et largement novateurs grâce à l’extension d’application sur papier, bois mais également textile ou verre…

Les surfaces deviennent des matières de créations absolues, des supports à leur expression artistique si peu conventionnelle. Papiers peints, paravents, crédences, plateaux de tables ou portes, ornés de fleurs, lignes graphiques, végétaux, jacquards… endimanchent des intérieurs hors du commun. Les maisons de luxe ne se s’y trompent pas et font appel à Ulgador pour habiller le Spa Chanel du Ritz club à Paris, les boutiques Piaget, Cartier, Van Cleef & Arpels, le Saxony Bar du Faena à Miami Beach, le Restaurant des Rois à la Réserve de Beaulieu, le Royal Mansour à Marrakech.

Aujourd’hui ?

Ulgador présente sa toute première création de tapis, dévoilées lors de Maison&Objet In the City, en janvier 2023. Et ouvrent enfin un lieu hybride, entre galerie et showroom, dans lequel sera présenté les dernières créations, les divers projets, des échantillons de papiers peints, verres églomisés, panneaux sur bois … Rendez-vous au 22 rue Bonaparte pour découvrir cet espace d’exposition libre, dans lequel les frontières entre l’art et artisanat sont indéfinissables.

Texte Célyne df Mazieres