Un passé bourgeois lustré, une modernité pertinente. Cet appartement de 200 m2 prolonge les rives de Saône avec son mélange des genres, au cœur d’un quartier inscrit Patrimoine Mondial de l’Unesco. Dépoussiéré par l’architecte Valérie Racanière en étroite collaboration avec les propriétaires Nathalie et Vincent, ce lieu ne renie pas son histoire, bien au contraire. Il la porte fièrement dans le XXIème siècle.
Horizontal vertical patrimonial
Pour cette visite, une légère souplesse dans le cou est nécessaire ! Dès les premiers pas, tête en bas, les yeux rivés sur les carreaux ciment. Ils émaillent le hall d’entrée généreux et donnent le ton patrimonial. Sur les murs jusqu’au plafond, les modénatures assoient leur parfaite symétrie et ce, dans toutes les pièces. En lien avec les Architectes des Bâtiments de France, toutes les boiseries ont fait l’objet d’une attention particulière, principalement pour leur disposition harmonieuse.
Redistribuant l’ensemble des pièces de jour côté Saône, Valérie Racanière a pris soin de garder l’intégralité des moulures et des stylobates et au besoin de les réinjecter. À l’instar des modénatures présentes sur la cloison séparant à l’origine le salon de la cuisine/salle à manger. Elles ont été déposées, puis reposées et adaptées au hall d’entrée, dénué à l’époque de tout ornement.
Valérie confirme : « La répartition des pièces était telle qu’il n’y avait aucun lien entre elles, sans pénétration de la lumière naturelle en second jour. Sans perdre de vue l’aspect patrimonial existant, nous lui avons rendu sa noblesse, en créant une vraie unité, par la suppression des portes donnant sur le salon, et en rapportant les boiseries (stylobates) classiques, ainsi qu’un éclairage subtil et contemporain magnifiant les modénatures. »
Une rigueur conceptuelle que l’on retrouve également dans la salle à manger. Au regard du faux-plafond chapeautant l’espace cuisine, les moulures ont été intégralement reposées en bordure, comme si il en avait toujours été ainsi. Les parquets, quant à eux, en l’état, étayent la noblesse du lieu. Ils ont nécessité une attention au niveau des liaisons, là où les cloisons se sont envolées.
Aujourd’hui, impossible de distinguer les jonctions insérées. Versailles, chevron ou clou du spectacle, le parquet singulier dans la partie nuit, en losanges, combinant deux essences : le noyer et le chêne. Sans omettre la cheminée de la salle à manger en noyer finement travaillé.
Une subtile modernité
Nathalie et Vincent souhaitaient avant tout transformer l’appartement pour répondre à une vision familiale. Pour Valérie, la notion de confort s’est matérialisée par un agencement plus contemporain. L’espace culinaire en est le parfait exemple. Réalisée par EC Cuisines, elle s’intègre avec brio et minimalisme. Elle se connecte directement avec le lieu via le plan de travail en céramique blanche et les niches décoratives en noyer américain.
Une volonté de liaison chère à Valérie : « Dans l’ancien, la maîtrise des codes est primordiale. Nous pouvons les casser, mais certainement pas au détriment du contexte patrimonial. Pour lier les éléments anciens et contemporains, il faut jouer sur des rappels, pas seulement par le biais des matériaux, mais également par l’éloquence de la couleur. »
La chromatique Silex de Ressource a été choisie en résonance. Fil conducteur, elle traverse les pièces de sa tonalité sombre à la limite du vert forêt et du gris anthracite. Tandis que les pièces de décoration finissent de réunir les styles entre héritage familial, mobilier chiné et icônes actuelles, comme les lampes Flos IC Lights S de Michael Anastassiades et ses nombreuses déclinaisons.
Sans perdre de vue l’aspect patrimonial existant, nous lui avons rendu sa noblesse, en créant une vraie unité.
Dans l’ancien, la maîtrise des codes est primordiale. Nous pouvons les casser, mais certainement pas au détriment du contexte patrimonial.
Photographe Frenchie Cristogatin