Dominant la région beaujolaise, une demeure embrasse, de toute sa splendeur d’hier et d’aujourd’hui, les coteaux parsemés de vignobles. Maîtresse des lieux, la Cadole de Palladio nous conte une histoire ou plus précisément trois, avec une totale désinvolture !
Oscillant entre le château et la dépendance, conjuguant l’inspiration italienne, la maison nous a ouvert ses portes non sans quelques belles surprises… Une escapade aux multiples facettes.
Un, deux, trois…
Dès les premiers pas, le jardin à la française s’offre à nous, entouré d’arbres séculaires, qui
saluent la façade enjolivée de larges colonnes. La Cadole de Palladio, ainsi nommée par ses propriétaires actuels Adeline et Alexandre Seguin, commence réellement son épopée en 1869. Alors simple dépendance du château de Thulon, situé plus en amont, un notable lyonnais, envoûté par l’Italie, décide de la métamorphoser et de lui insuffler cette grandeur qui lui est propre. Il lui confère une réelle symétrie et s’inspire de l’architecte italien Andréa Palladio, avec cette entrée fracassante dominée par les colonnes imposantes. Nul besoin de comprendre ce qui a séduit le couple, félicitant la maison de son titre atypique « La Cadole de Palladio », en hommage à l’architecte et à la région, puisque le mot cadole désigne tout simplement les anciennes cabanes en pierres sèches des vignobles de Bourgogne et plus typiquement du Beaujolais. Une combinaison gagnante qui a séduit Adeline et Alexandre, complètement hypnotisés par ce contexte détonant.
Résultat, le lieu s’est transformé en gîte, maison d’hôtes et bien sûr en une partie privative accueillant le couple. Mais l’origine de notre venue, nous a été murmurée par l’architecte D.P.L.G Jacques Rival, sollicité par les propriétaires, en vue de transformer l’espace consacré au gîte, appelé « Le Triplex ». Contrastant littéralement avec le style de la maison, le décor répond mot pour mot aux desiderata d’Adeline. Elle souhaitait une ambiance contemporaine, sans pour autant ôter tout atmosphère chaleureuse. Le bois règne en maître et se met en scène grâce à du placage, du mobilier incrusté dans la structure, l’escalier… Les couleurs vitaminées jonglent entre le vert pomme, que l’on retrouve dans la pièce commune, le rouge et l’orange dans les chambres, le tout dynamisant les volumes, qui se libèrent de toutes contraintes. Ce gîte singulier a été lauréat, en 2010, du Grand Prix d’Architecture.
360°
Bien entendu, nous ne voulons aucunement nous arrêter en si bon chemin. Adeline, notre hôtesse, s’amuse de notre curiosité et nous invite sans retenue à découvrir les différents univers de sa maison. Malgré la superficie de près de 600 m2, nous ne pouvons que nous incliner devant cette facilité de circulation, raison pour laquelle Adeline a été enchantée. Les chambres d’hôtes rompent avec la modernité du gîte. Les matières naturelles se répondent avec douceur, bercées par la cheminée d’époque. Ces pièces ont été travaillées avec du lin sauvage, du bois, du marbre… et renouent, ainsi avec le style premier de la Cadole. La visite suit un long couloir qui nous mène à une deuxième belle surprise : le salon principal.
Transition entre les chambres d’hôtes et la partie privative, c’est un lieu de retrouvailles. Mais ce qui le caractérise le plus, ce n’est autre que son revêtement mural. Les pans s’animent grâce au papier peint, qui se rapproche plus des 150 ans que des dix, introduit par le notable lyonnais en 1869. Réalisé par la manufacture Zuber (toujours existante), dans le Haut-Rhin, c’est un des premiers papiers peints produit par des machines, en série, entièrement recouvert de peintures à eau. Il reprend dans un tourbillon à 360° les différentes zones du monde. Une manière tout à fait original de voyager sans quitter son salon !
Adeline, nous confie, non sans un brin de fierté, la notoriété de ces paysages, dont certaines bribes très connues se déclinent aujourd’hui sous la forme de puzzles ou d’affiches. Sans conteste, le point d’orgue de la pièce ! Seulement, le caractère plutôt riche du revêtement a soulevé quelques questions du point de vue de la décoration. Un mobilier authentique aurait alourdi l’ambiance. Les propriétaires souhaitaient néanmoins un style naturel, apporté sur un plateau d’argent par les deux décorateurs Pierre-Emmanuel Martin et Stéphane Garotin de la Maison Hand (Lyon 2ème). On retrouve les assises Gervasoni, le lampadaire Tripod de Santa & Colle, les lampes, ainsi que les rideaux, signés Caravane. L’espace salle à manger est défini par la table massive Saint Paul, en bois, chapeautée par les lustres de Paola Navone. L’atmosphère est ainsi adoucie, laissant le papier peint s’exprimer librement.
Espace privatif
L’escalier nous emmène vers une dernière mélodie, mise en lumière par le papier peint punchy d’Elitis, qui attire l’œil sur une symétrie de bouches pulpeuses. Cette entrée majestueuse distribue le petit salon, revêtu du sol au plafond par les tissus et revêtements muraux, signés Designers Guild. On retrouve la patte de la marque, ponctuée de camaïeux de rose, avec une seule pièce rapportée : le luminaire Foscarini. Quoi qu’il en soit, nous percevons à nouveau cette douceur et cette chaleur propres à chacune des parties de la maison.
Avant de repartir, nous jetons un dernier regard sur les vignes qui enivrent le paysage, bercé par le fauteuil suspendu Fermob.