Trait de génie ? Moment de folie créative ? Allez savoir. Cela fonctionne. Tout simplement. Cette extension qui se plaît à bousculer les codes d’une maison bourgeoise située à Saint-Didier au Mont d’Or, est le fruit de la créativité technique des architectes de l’agence Playtime.
Mais avant d’arriver à ce cube métallique blanc de 45 m2 qui accueille un espace salon et une cuisine, quelques interrogations se sont posées. La principale : comment agrandir une maison du XIXème siècle, sans pasticher l’existant, ni se prendre les pieds dans quelques effets de style ? Solutions, ingéniosité et technicité.
Une insertion naturelle
Le parti pris des architectes Laurent Mayoud et Nils Degrémont ? La simplicité. Dès lors, le volume aux lignes épurées prend forme, à l’échelle de la demeure existante. Pour Laurent, une évidence : « Après avoir testé plusieurs hypothèses, nous ne voyions pas d’autres alternatives possibles, tant dans le choix de l’implantation, la forme, que dans la logique de l’orientation. » Ainsi, ce parallélépipède rectangle de 5,5 x 9,5 mètres se glisse naturellement entre les arbres. Une cohabitation basée sur un véritable dialogue. La transversalité transparente est et ouest, rehaussée par un seuil, s’ouvre sur les meilleurs points de vue du parc et sur le panorama vertigineux offert par les Monts du Lyonnais.
L’extension est la moins intrusive possible, érigée sur pilotis et en porte-à-faux. Aucun impact au sol, juste cette illusion d’optique qui confère une impression de lévitation. Mais le lien si particulier qui lie la végétation à cette extension demeure son bardage, élément clef du projet. « Nous avons fait le choix d’une tôle d’aluminium micro-perforée (2,5 mm) RMIG, mise en place par Mondial Métal (Vaugneray), d’une part pour sa légèreté mais également pour sa capacité à s’exprimer différemment selon l’incidence de la lumière ou de notre position. La surface devient changeante, tantôt lisse et parfaitement blanche, tantôt en relief pour se dématérialiser en absorbant les couleurs environnantes… En effet, au nord, le matériau reflète la teinte champagne du revêtement de la maison, au sud sur la façade borgne, il joue avec les arbres allant jusqu’à leur voler leur ombre… »
Une simplicité complexe
À savoir, la structure de l’extension se compose d’une fondation en béton permettant le porte-à-faux de 4,20 mètres. Les pilotis prennent la forme de quatre poteaux habillés d’inox. Afin d’éviter l’effet « verrue » – fréquente dans l’élaboration d’extensions sur une maison ancienne – l’implantation en saillie soulignée par un sas s’est illustrée comme la solution. Cette passerelle architecturale, qui a même permis la création d’une terrasse, établit définitivement ce lien entre l’ancien et le moderne. Un trait d’union tout trouvé pour accueillir l’espace cuisine linéaire.
Si la réalisation semble si parfaitement ancrée dans son environnement ce n’est pas grâce à un simple coup de baguette magique ! Bien au contraire. « La simplicité nécessite en amont une plus grande dépense de matière grise ! Chaque détail a été pensé, avec une attention toute particulière portée à la mise en oeuvre du métal, aux arêtes, au calepinage du bardage et surtout aux pliages de chaque panneaux, pour éliminer tout pont thermique. Le matériau RMIG offre une grande liberté de création mais demande une grande technicité et de la précision. L’ossature a été réalisée en atelier, avant d’être ajustée sur place. »
Qualité environnementale et confort à la clef
C’est un point sur lequel les architectes se sont aussi illustrés avec brio ! « C’est une réalisation classique en filière sèche avec des avantages non négligeables : un chantier plus rapide, moins énergivore et qui permet d’avoir un projet démontable ou transformable. » La toiture végétalisée, la sur-isolation, les profilés en acier et le plancher chauffant offrent un confort thermique parfait. À cela s’ajoute, le poêle en céramique Mini Stack de La Castellamonte. Pratiquement une pièce d’art !
Les architectes ont réalisé un véritable travail d’ensemblier – avec la vision décorative de Véronique Lemaire – dessinant tout le mobilier fixe, la cuisine en Corian® à cheval sur la partie ancienne et moderne. Budget total : 180 000 euros HT
Évolution spatiale
10 ans que Laurent Mayoud et Nils Degrémont déploient leur talent d’architecte au sein de l’agence Playtime. Ils aiment expérimenter leur créativité en multipliant les expériences dans les secteurs les plus variés. « Notre spécificité, l’absence de spécialisation ! Nous sommes architectes et en ce sens, nous explorons tous les programmes et toutes les échelles. Les réalisations sont étroitement liées au contexte dans lequel nous évoluons. Nous avons pour volonté première la mise en oeuvre de projets qui répondent à des usages et des fonctions, sans jamais en être dépendants. Autrement dit, des projets qui évoluent avec leur environnement et qui s’inscrivent dans un paysage tout en étant capable d’exister par eux-mêmes ! ».
Une philosophie qu’ils adaptent avec brio à l’univers de la rénovation. Ce dernier passe par un travail minutieux de recherche de matériaux adéquats et de leurs propriétés intrinsèques, comme source de réflexion à même de porter une réalisation : « Nous valorisons la création de volumes en mouvement, une architecture qui a vocation à se concentrer sur son époque tout en voyageant à travers le temps, à l’instar de ce projet d’extension ! Il rejoint à la fois l’image de la cabane dans les arbres, du cabanon, du pavillon, du refuge ou de la folie…. dans une écriture contemporaine. » conclut Laurent Mayoud.
Photographe Erick Saillet.