Un village atypique au cœur de la région beaujolaise, une porte qui s’ouvre sur des hameaux, surplombant les coteaux… C’est sur ce panorama idyllique que l’architecte d’intérieur Peggy Leroy, créatrice de l’agence DEL IN, nous donne rendez-vous. Suivant le chemin sous les premiers frimas, la maison cache non sans étonnement son allure résolument moderne… Un espace dans lequel constructeurs, architectes et artisans ont pu s’exprimer sans fausse modestie !
Mixité à l’honneur
Tout commence par un terrain désert, dominant le pays beaujolais. Le bois en ligne de mire, les propriétaires ont fait appel à la Société Vivéo (Groupe Minot), une entreprise destinée aux particuliers spécialisée dans les maisons en bois et la surélévation de toiture depuis 1914, pour réaliser leur projet. Avec le concours de l’architecte Thierry Roche (Tassin-la-Demi-Lune), expert dans le domaine, cette maison donne vie à deux matériaux, le béton et en partie centrale des niveaux supérieurs, le bois. Le béton a été ajouté afin de créer de l’inertie thermique à la maison, un atout considérable pour le confort d’été. Cependant, le terrain a la particularité de se situer sur un hameau, considéré comme une zone de protection du patrimoine.
Dès lors, plus question d’élaborer des plans sans l’aval des Architectes des Bâtiments de France (ABF), association qui vise, avant tout, le respect de la qualité de l’habitat au sein des espaces protégés. Honorant le code de la construction, l’ABF a prescrit une construction en limite de propriété. Une annexe a donc été érigée, afin d’offrir à la maison plus d’intimité et pour chapeauter l’entrée et le garage. Elle s’habille, côté rue, d’un mur en pierres de taille, également exigé. Les propriétaires étaient également soucieux d’une construction BBC, avec une labellisation à la clef. Ainsi, les grandes ouvertures jalonnent la maison au sud et à l’ouest. La structure bénéficie de volumes compacts, afin d’éviter toutes déperditions.
De même, des matériaux naturels, l’isolation, en laine minérale et des huisseries performantes, ont été privilégiés, dans le but de compenser l’absence voulue de systèmes à énergies renouvelables (panneaux photovoltaïques…). Le résultat : une construction simple, élégante et non intrusive, jonglant sur deux matériaux phares, qui, pour l’architecte d’intérieur Peggy Leroy, donne le « La » de la décoration.
Couleur et matière s’assemblent
Le rez-de-chaussée, façonné par Peggy Leroy, s’harmonise avec simplicité. Le travail de la couleur a fait l’objet d’une réelle recherche, comme en témoigne l’architecte d’intérieur : « Vous ne trouverez aucun blanc franc, même au plafond. C’est une volonté de ma part de créer une base neutre mêlant à la fois une sensation de cocon et un effet naturel. On jongle sur le gris taupe et le beige ». Bien évidemment, les deux matériaux de prédilection se partagent chaque espace : l’escalier en bois massif tombe en cascade sur le béton, recouvrant le coin salle à manger et cuisine.
« La couleur du béton, réalisé par Matière à Suivre (Civrieux d’Azergues), a nécessité de nombreux essais de pigmentations, ayant pour dessein de créer une vraie interaction entre chaque revêtement… ». Dans la salle à manger, le parquet prend le relais et affiche ses lames larges foncées, tout en gardant un œil sur le pan de mur entièrement revêtu du papier peint Mémoires d’Elitis qui, dans le prolongement de la fenêtre, jongle sur les effets de matière et de couleurs. Tout comme le papier peint Fusion en tête de lit, dans la chambre, la transformant en un petit cocon, accentué par la moquette (Jab), riche en relief.
La cuisine, réalisée par Mobalpa, s’inspire toujours du même duo de matériaux, avec un plan de travail en granit mat et une avancée en stratifié veiné moiré, affirmant d’autant plus le contraste. L’architecte d’intérieur ne tarit pas d’éloge sur les effets de lumière : « En fonction de la lumière naturelle ou artificielle, la couleur des façades change. Il est possible de percevoir du taupe, puis l’instant suivant une pointe de mauve… Un phénomène très intéressant, à l’instar des peintures, qui sont d’autant plus nuancées, réalisées par l’entreprise Guelpa (Villefranche). On ne sait jamais si la teinte perçue est bien celle d’origine ! Cette maison a l’avantage d’être en mouvement perpétuel. C’est un réel plaisir d’œuvrer sur des intérieurs où rien n’est figé. »
Un mobilier inséparable
Peggy Leroy n’en est pas à son premier projet, avec nos hôtes. En effet, quatre ans auparavant, elle a déjà su les conquérir en aménageant leur intérieur. Le défi était, donc, de réinjecter les mêmes meubles, dans ce nouvel environnement, en créant une ambiance totalement différente.
La table basse du salon, signée BO Concept (Lyon 3ème) apporte cette petite note de couleur, reprise par les coussins du canapé, dénichés chez Cinna (ASV Lyon 1er) et par les chaises de la table trônant dans la salle à manger. Le bois domine largement dans le mobilier, complété par la laque brillante sur le meuble de télévision (BO Concept), en jeu d’équilibre sur la bibliothèque sur-mesure insérée dans la niche du couloir (très inspirée du meuble de Ligne Roset – Lines de Peter Maly) et assimilé à la laque patinée sur le buffet Rive Droite, signé Christophe Delcourt – Roche Bobois (Lyon 3ème).
Ponctuant chaque espace, les luminaires ont aussi leur mot à dire ! On ne peut que s’incliner devant la lampe-cabane Vertigo, chapeautant la table, signée Petites Fritures – un choix guidé par l’éclairagiste Bérangère Demonet (Une Autre Idée à Roanne), de même que toutes les autres suspensions et chemins de lumière.
Ce que Peggy Leroy retient de ce projet reste la richesse et le jeu des couleurs, des matières, qui jalonnent la moindre pièce.
Architecte d’intérieur et scénographe Peggy Leroy
Créatrice de l’agence DEL IN
34 rue Sergent Blandan
Lyon 1er
www.del-in.com