Concentrant toute son énergie architecturale sur le lac d’Annecy, cette villa contemporaine, de 395 m2, s’immerge dans son environnement avec une dynamique conceptuelle singulière.
Pour ce faire, l’architecte Fabrice David s’est libéré des déjà-vus, insufflant à la construction un mouvement. Prouesses.
Une conception en boomerang
Cette villa est bien plus complexe qu’il n’y paraît ! Fruit de Fabrice David, elle met en exergue un geste créatif aussi technique qu’esthétique. Mais pour en prendre toute la mesure, Fabrice David nous confie l’origine de son approche même de l’architecture : durant mes études, j’ai été sportif de haut niveau dans le domaine de l’acrosport, de la gymnastique acrobatique. Les lancés, les portées… cela a fini par influencer mon métier ! Aujourd’hui, c’est ce qui me caractérise, cette envie de donner du mouvement, un élan aux constructions, notamment avec l’utilisation des porte-à-faux. Dans ce cas de figure, on est sur une sculpture qui s’est transformée en maison, plus que sur un programme résidentiel classique, explique l’architecte. Concernant sa forme en boomerang, elle est née des contraintes naturelles du terrain, des vis-à-vis et du panorama spectaculaire. J’ai eu de la chance d’avoir des propriétaires qui m’ont fait 100 % confiance.
Cette réalisation se déroule, dans son geste architectural, comme un ruban, aussi bien à l’extérieur, qu’à l’intérieur. Elle semble presque pivoter sur son axe central, matérialisé en son sein par l’escalier. Volontairement rehaussés sur un socle en béton, accueillant les parties techniques et les garages, les niveaux supérieurs qui s’entrecroisent, peuvent ainsi porter leur regard sur la vue exceptionnelle, passant par-dessus la cime des arbres.
Sur tout ce niveau, le sol en béton ciré réalisé par CDI, unifie les espaces. Le salon bénéficie en plus d’une belle verticalité, via la création d’une mezzanine, permettant de dialoguer avec l’étage supérieur et de conserver à l’intérieur de la villa cette notion de « ruban » qui se déroule. Table de repas Robin, en résine acrylique, MDF Italia. Chaises Saarinen, Knoll. Suspension Cicle, Le Deun Luminaires. Canapé BoConcept.
Dans l’angle de la transparence
Séduits par les constructions précédentes de Fabrice David, les propriétaires ont sollicité son expertise, mais également sa façon bien à lui de jouer avec les pleins et les vides. En ce lieu, vous ne trouverez aucun angle droit, hormis peut-être la piscine ! Un vrai parti pris rendu possible par une exécution parfaite et millimétrique des plans effectuée par chacun des acteurs inhérents au projet, fidèles en tous points à l’idée de l’architecte.
Les plus beaux volumes sont ceux qui respirent !
Et notamment celle de la transparence. Avec les 12 mètres linéaires constituant l’enfilade de baies vitrées Sky-Frame, l’entreprise Covermetal a effectué un travail d’orfèvre, tout particulièrement sur le retour, reliant la façade sud et ouest. C’est grâce à cette envolée et la finesse des profilés, caractéristique des menuiseries Sky-Frame, que le salon, la salle à manger, la cuisine offrent cette sensation incroyable de liberté, gommant les frontières entre l’intérieur et l’extérieur, pour plonger directement dans le bleu azuréen du lac d’Annecy !
Ces pièces de jour évoluent au sein d’un premier volume, croisant un second dédié aux espaces nuit. Entre les deux, la colonne centrale, renfermant l’escalier, a été conçue comme une boîte névralgique, permettant sur ses quatre côtés d’asseoir une fonction, tout en soulageant les volumes principaux de heurts visuels. Elle délimite l’entrée, en intégrant un vestiaire, dissimule des sanitaires et permet d’accéder à l’arrière-cuisine, sans emprunter le couloir principal !
Cet ingénieux système distribue les pièces, tout en fluidifiant et en maîtrisant la circulation. La création d’un espace mezzanine a permis également au salon de profiter d’une hauteur généreuse. Fabrice David confirme : les plus beaux volumes sont ceux qui respirent ! Pour garder cette idée de mouvement et la comprendre de l’intérieur, j’ai pris le parti de relier l’étage avec le rez-de-chaussée. Sur ce dernier niveau, on retrouve une nouvelle interaction entre la master suite et la terrasse, toujours avec cette notion de croisement, nécessaire à la formation des porte-à-faux et aux différents points de vue ainsi générés, qui apprivoisent le panorama dans son ensemble.
La villa exprime également sa rythmique structurelle et esthétique par la richesse et l’utilisation de ses matériaux. Le bois travaillé en ossature sur la partie supérieure, par l’entreprise LP Charpente, a permis d’alléger son emprise sur les pièces de vie, soutenue juste par trois fins poteaux porteurs. Le matériau noble réchauffe également les façades avec du mélèze et la terrasse avec de l’ipé. Le béton, quant à lui, constitue le socle même de la construction, réalisé par l’entreprise EDS et unifie les volumes intérieur au sol, en version cirée. Enfin, pour créer une zone d’ombre et accroître cette dimension sculpturale, les panneaux de façade Equitone d’Eternit, matériau composite naturel teinté dans la masse, soulignent l’avancée principale, suspendue au-dessus du garage.
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Photographe Erick Saillet