Flora et Ruben, nos hôtes du jour, nous invitent à un voyage au cœur du « desert modernism », le courant prédominant à Palm Springs dans les années 1950.
En ce temps, les paillettes du Tout-Hollywood scintillaient sur les villas, starifiant l’oasis de verdure. Dans les valises des personnalités, les jeunes architectes avant-gardistes du moment, Frank Lloyd Wright, Albert Frey, Richard Neutra et des designers qui façonnent cette époque. Passionnés par ce contexte moderniste et aficionado de design, les propriétaires s’en sont largement inspirés pour créer leur propre oasis, une maison de 250 m2, hors des conventions lyonnaises.
Esprit Mid-Century Modern
Nous pourrions rester là, des heures, à écouter Flora et Ruben nous raconter leur vision fifties du style californien. Férus de cette empreinte moderniste, ils ont conçu leur maison dans cette veine architecturale et décorative. Une immersion en plein cœur de Palm Springs : montagnes, palmiers, cactus, désert… un terrain de jeu parti-culièrement expressif pour le style Mid-Century Modern, fils prodigue du Bauhaus et du style scandinave, qui s’adapte avec brio à la topographie unique de Palm Springs.
Ce mouvement redessine la ville, entre architecture brute et décoration multi chromatique aux intonations glamour, et ce, à seulement deux heures de Cadillac Eldorado de Hollywood. Là, les villas s’érigent comme des mirages, brouillant les frontières entre intérieur et extérieur, avec une architecture rectiligne et angu-laire, des surfaces vitrées généreuses et des volumes spacieux, non sans garantir une totale intimité… Cela va de soi ! Le design fait son entrée par la grande porte, accueillant à bras ouverts les designers qui ont forgé ce temps : Charles & Ray Eames ou encore Eero Saarinen, Harry Bertoia… À savoir, comme un iceberg, les villas californiennes ne laissent rien transparaître de prime abord. L’entrée n’est qu’une illusion donnant accès au garage et à des salles annexes… Il faut gravir les marches pour découvrir la face immergée, et d’un seul coup, entrevoir la lumière omniprésente.

Toute l’énergie architecturale est dévolue à l’intimité de ses occupants, pour mieux se lover de plain-pied autour de la terrasse continue, de la piscine et du jardin. Un rapport étroit s’instaure entre l’intérieur et l’extérieur, faisant la part belle aux vitrages XXL, à galandage de préférence, pour accroître la relation in et out. Le blanc domine, participant à démultiplier cette luminosité omniprésente et permettre à la couleur des objets, des meubles et des pièces de design de contraster. Vous l’aurez compris, chez Flora et Ruben, toutes les conditions semblent réunies ! Avec ce style dans la peau, chacune de leur réflexion résulte de cette passion.
Dès les premiers pas, le cadre est posé. Le Mid-Century s’impose, comme une aura
De A à Z, ils ont conçu leur maison dans cet esprit moderniste architectural et décoratif, non sans imprimer d’autres connotations exotiques, rapportées de leurs différentes excursions en terres américaines que ce soit au nord ou au sud. Ici, chaque élément à sa place et se métisse avec brio, mais toujours sous l’hégémonie du design et d’une époque.
Un design en résonance
Le mobilier fait partie intégrante de l’architecture. Il permet de maîtriser les volumes et d’insuffler les fonctions aux pièces de vie. Mais il va plus loin et offre la possibilité de remonter le temps, situant son nouveau présent entre 1950 et 1970. Ainsi, les meubles et les objets venus de tous horizons racontent une histoire, témoin d’un design qui prenait le pouls de son temps, à travers les créateurs qui l’ont façonné. Flora et Ruben côtoient au quotidien Charles & Ray Eames, Alexander Girard, Charlotte Perriand… et les plus grandes maisons d’édition, Knoll, Cassina et tout particulièrement Vitra, à laquelle nos hôtes attachent une grande place.
Au temps, s’ajoute l’espace. Flora et Ruben nous convient à une excursion, aux destinations multiples. Comme en témoigne la maîtresse des lieux : la bibliothèque de Charlotte Perriand. Elle s’apparente à une malle ouverte concen-trant tous les souvenirs de voyage du couple. Ainsi, nous pouvons suivre leurs tribulations, en partant de Lyon, chez la Maison Franc, pour les objets et les livres, à Los Angeles, dans la boutique d’Elise Wilhem, ancienne lyonnaise aficionado du style Mid-Century ou encore en Allemagne, à la VitraHaus, avec un penchant certain pour les horloges de Georges Nelson ou les accessoires d’Alexander Girard… Somme toute, une invitation en terre design.

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Photographe Erick Saillet