Dank Architectes est une agence lyonnaise qui croise le regard de trois jeunes architectes talentueux, Thibaut Chanut, Gilles Dietrich et Steven Guigoz.
Toujours à l’affût des innovations, muses architecturales, ils sont avides des derniers matériaux, pour élaborer les meilleures solutions techniques et esthétiques, en réponse aux attentes de leurs clients. Avec des idées plein la tête, Thibaut Chanut nous livre sa vision de la façade, ce vers quoi il tend dans ses réalisations résidentielles, mais également dans son imaginaire !
Une évolution
« Le paysage global résidentiel est le plus souvent dicté par l’enduit hydraulique projeté, certes avec des finitions plus ou mois sophistiquées, comme les enduits talochés plus élaborés. La raison est simple, le budget ! Mais l’essor de l’isolation par l’extérieur a favorisé une autre appréhension de la façade. Bien sûr, un bâtiment à ossature bois peut revêtir un enduit, mais cette solution dans ce cas présent n’est pas la plus logique. Dès lors, cela ouvre l’horizon des possibles, notamment avec les bardages. Une grande réponse a été apportée par l’innovation Trespa®, emmenée par un style plus industriel. Aujourd’hui, le paysage s’auréole des marques telle que Viroc® ou encore FunderMax… déployant de grands panneaux à calepiner, pour rythmer les architectures. À cela s’ajoute pléthore de possibilités délivrées par les matériaux composites, le métal déployé, les membranes textiles, les maillages métalliques, le zinc, l’acier Corten… changeant selon l’approche créative. »
Le bois, tout est dans l’approche
Le bardage bois, quant à lui, n’est plus synonyme de planches clouées, mais peut se décliner sous de nombreuses formes : tasseaux, bords à bords, à recouvrement, à claire-voie… Ses limites sont celles que l’on veut bien lui donner ! L’A.D.N d’une façade s’inscrit dans sa capacité à jouer avec la lumière, à l’occulter ou à la capter. En tant qu’architectes, notre volonté est de créer une identité qui dépasse les ouvertures primaires. Il faut s’interroger sur chaque angle de vue et anticiper les effets. Comment évoluera le matériau depuis la rue, le jardin, sur la terrasse, depuis mon lit…
Nous ne sommes pas magiciens, nous ne l’empêcherons jamais de vieillir !
La façade peut ouvrir les espaces ou leur offrir de l’intimité. La crainte du bois peut être légitime. Toute l’astuce réside dans une mise en oeuvre homogène. En effet, à l’abri sous une avancée, le bois évoluera différemment que s’il subit constamment les aléas climatiques de plein fouet. D’où ces dissonances architecturales qui parsèment bon nombre de réalisations. Pour éviter les façades aux tonalités différentes, nous travaillons le matériau par anticipation du vieillissement de manière uniforme. Nous privilégions des essences de qualité imputrescible, à l’instar du douglas, du Red Ceddar ou encore du mélèze avec un traitement et un saturateur qui lui donnent prématurément sa teinte finale. Puis nous réunissons toutes les conditions pour qu’il se teinte harmonieusement, avec la même prise aux intempéries de part et d’autres du bardage, avec une marge au sol afin qu’il évite de prendre l’eau…
Dans ces circonstances, il n’y a aucune surprise ! Aujourd’hui, les retours sont excellents, avec un vrai engouement pour le matériau. Le bois raconte vraiment une histoire et apporte cette chaleur qui manque aux bâtiments maçonnés. En prime, il crée de vrais effets de reliefs, notamment sous la forme de bardage ajouré. Selon votre position, il dissimule ou révèle. Il laisse apparaître en seconde lecture, un autre revêtement et peut faire office de garde-corps… Il existe de plus en plus de solutions composites alternatives pérennes qui ne s’altèrent pas, comme les lames Geolam ou encore du côté du béton avec Conrete LCDA.
La façade joue sur les volumes
Lors d’une surélévation ou d’une extension, il est intéressant d’insuffler une nouvelle rythmique avec un enduit de couleur différente, jouant sur les contrastes ou bien d’insérer un élément rapporté, en rupture, venant marquer le volume par sa singularité, avec par exemple l’acier Corten ou encore le Viroc®. Le but est de venir travailler la façade non plus comme un produit de finition mais comme un élément architectural à part entière et de l’intégrer dans l’écriture originelle du projet. Les ouvertures participent à cette expression.
Au lieu de concevoir une façade lisse, il est intéressant de venir jouer sur la taille des fenêtres ou quitte à les aligner, pourquoi ne pas créer des bandeaux horizontaux marqués par un déport à l’extérieur, pour apporter du relief… Les garde-corps participent également à cette dynamique, à l’instar des claustras. A contrario, la façade peut être rythmée d’une tout autre manière. Il est intéressant d’imaginer les possibilités qu’offrent les membranes telles que les solutions textiles Serge Ferrari. Le revêtement linéaire devient un filtre qui démultiplie les perceptions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il suggère la volumétrie, sans la révéler totalement. L’effet est d’autant plus marquant, la nuit tombée.
À l’intérieur, les lumières artificielles insufflent une toute autre dimension et redéfinissent la première lecture linéaire, créant de la profondeur en ne laissant apparaître que les ouvertures lumineuses. Notre professeur à l’école d’architecture nous répétait souvent cet adage : « les meilleurs mètres carrés sont ceux que l’on ne construit pas. » Cela peut paraître paradoxal pour un architecte ! En d’autres termes, il faut envisager l’intervention la plus limitée, au strict besoin exprimé par le client, pour qu’il puisse profiter pleinement de son intérieur et de son terrain. Nous ne sommes pas là pour bétonner coûte que coûte ! C’est pour cette raison que j’apprécie les façades miroirs, où le concepteur vient effacer sa propre architecture – non moins technique – pour mieux l’intégrer dans son environnement. Ça, c’est vraiment de l’architecture !