Refl et d’un duo aux vibrations créatives plurielles, cette maison de plain-pied, située au cœur de la verdure lyonnaise, s’illustre sur plus de 250 m2. Déployée au fil des pièces, la sensibilité artistique de Karine et Frédéric Aguiard surprend.
Telle une malle au trésor, leur passion pour la décoration, la mode, la peinture a littéralement créer ce lieu inspirant. Oui, les pépites se dissimulent de part et d’autre, chinées, réinventées, réinterprétées, détournées par leur vision de styliste. Un subtil mélange entre ancien, moderne et interprétation fait-main, qui prend vie au sein de cette maison résolument contemporaine, érigée autour de leur insatiable génie créatif.
Une écriture architecturale évidente
Dès les premiers pas, la maison nous invite littéralement dans son antre. Le ponton devient le lien entre le monde extérieur et l’aparté décorative qui nous attend derrière ces murs. Cette avancée en bois pose les bases de l’architecture et scinde la partie bureau autonome du reste de la maison. En effet, portés par un besoin vital d’espace, de liberté, loin d’une once de cloisons ou de portes, nos hôtes exerçant leur profession à domicile, souhaitaient distinguer leur espace travail afin de recevoir leurs clients de manière complètement indépendante, sans pour autant couper le bureau de la pièce de vie principale. « Au final, la maison tout entière est une muse, nous voyageons constamment entre le séjour et le bureau. Il était donc impératif de les lier. », nous confie Karine. Côté pièces de vie et de nuit, la lecture de l’architecture est on ne peut plus simple. Un volume unique dantesque, constitué de deux modules structurels centraux : la cheminée et la cuisine, chacune déroulant ses 6 mètres linéaires.
Ensemble, ils assoient l’horizontalité de la maison et dialoguent par transparence avec le jardin, via le parfait écho dimensionnel vitré (huisseries Schüco) de 12 mètres de long. Structurellement, l’architecture imaginée par Vincent Bressy (Agence WS-A – Grenoble) est une prouesse métallique, porteuse au coeur de son ossature, sans imposer de poteaux, de murs ou tout autre heurt visuel rompant le volume. Jouant sur le clair-obscur, les deux entités structurelles feu et rangement deviennent l’antre de l’espace nuit, via une ouverture discrète, réalisée dans ce même souci de linéarité. Mais attention, ne prononcez pas le mot couloir devant le couple !
« Nous ne voulions pas d’une coursive sans intérêt, destinée uniquement à distribuer les chambres et les salles de bains. Nous voulions que ce linéaire vive de son statut de pièce à part entière. Raison pour laquelle, nous l’avons imaginé comme une galerie ouverte, libérée de son rôle de « passage », par la verrière de 12 mètres. » La profondeur de champ mène tout droit à la suite parentale. À l’instar du bureau, cette chambre est une singularité au sein de cette architecture. Un volume déporté ouvert sur la terrasse commune avec la cuisine. Mais à leur grand dam, ils n’ont pu échapper à la loi des portes. « Oui mais toute hauteur ! », précise Frédéric. « Nous ne voulions ni d’impostes ou encore de seuils. Même si nous ne les fermons que très rarement, nous ne pouvions nous couper d’une certaine intimité, lorsque nous recevons des amis ! Les portes à galandage, qui s’effacent dans les murs, nous ont apporté la réponse idéale ».
Équilibre des volumes
Il faut le savoir, ce couple qui ne cesse de nous étonner, passe de la peinture, à la restauration de meubles ou encore à la création d’objets, en un claquement de doigts : bougeoirs façonnés avec des verres peints, trophée d’âne en papier journal, luminaire en carton, lampes-vases remplies d’ampoules… C’est donc non sans surprise mais avec admiration, que l’agencement de la maison a été entièrement dessiné par leur soin, de la cuisine à la salle de bains. La structure de la maison a donc été littéralement moulée sur leur vision créative. Chaque élément a une histoire qui prend vie au détour d’une brocante ou tout simplement née dans l’imaginaire de ce tandem. À savoir, le séjour a été conçu bien avant la construction de la maison autour de leur coup de coeur mutuel : le billard !
« Nous avions cette idée en tête depuis les prémices, détourner ce billard chiné lors d’une brocante en Belgique, pour en faire la pièce centrale de notre cuisine. Cela n’a pas été évident de le reconvertir en zone de préparation, surtout au niveau des boutons de la plaque de gaz ! ». Mais ce pari audacieux est brillamment réussi. Un rendu visuel à nul autre pareil ! C’est à ce moment que nous commençons à additionner les mètres linéaires. L’îlot assoit ses cinq mètres, tout comme la majestueuse table en bois massif. Le canapé Living Divani, déniché chez Maison Hand (Lyon 3ème), accuse ses trois mètres, tandis que la table basse – ancien lit indien reconverti – affiche son carré de 1, 50 mètre, sans omettre le lampadaire Bul, signé Ligne Roset, qui s’envole à 1,85 mètre… Il n’en fallait pas moins pour absorber ce séjour vertigineux de 85 m2, que nous ne ressentons même pas ! Même les accessoires sont à échelle.
Le bureau n’échappe pas à cette règle, avec sa table de trois mètres d’acier brut, une bibliothèque de douze mètres, astucieuse combinaison d’extensions pour rangement Eaton chez Habitat, ou encore son fabuleux lampadaire Paper Floor en papier mâché et carton, imaginé par Studio Job en 2005, pour Moooi, de près de deux mètres de hauteur. Somme toute, une parfaite leçon de spatialité. Mais également de textures ! Le bois, le lin, le tissu, le Corian®, le métal, le béton ciré et le verre sont réchauffés par les peintures veloutées écologiques Naturelles Substances (Lyon 2ème). En synergie avec Corinne Manoa, à l’origine de l’enseigne de revêtements 100 % naturels, Karine et Frédéric ont teinté chaque volume avec subtilité. En parlant de mur. Les tableaux aux dimensions vertigineuses, une signature ? Celle de Karine, cela va de soi ! Lorsqu’elle nous confiait s’essayer à la peinture à ses heures perdues, nous étions loin d’imaginer ce résultat. Et toujours cette modestie chez ces touche-à-tout : « nous aimons créer et ce quel que soit l’univers. Essayer de nouvelles choses, nous exprimer dans divers domaines, mais à notre mesure. » Une mesure qui nous plaît et qui nous a séduite. Stylistes et graphistes au travail, ils sont avant tout passionnés dans l’âme, à la vie.