Une immersion dans les années 50-60 ? Nos hôtes nostalgiques Pauline et Louis ont créé dans le 6ème arrondissement lyonnais une bulle bien à eux. Sous la houlette avisée de l’architecte François Texier, l’âme architecturale du XIXème siècle tutoie l’esprit design scandinave. 92 m2 d’inspiration contrastée.
Un cachet bien français
Pauline et Louis ont succombé. Néanmoins, il fallait se projeter dans cet appartement inhabité depuis 30 ans. Côté huile de coude, c’est l’agence lyonnaise Solyper (Lyon 7ème) à l’origine de la restauration des stylobates, des boiseries, des moulures, des rosaces, des cheminées en marbre et du parquet Point de Hongrie. Pour l’architecte une évidence :
« Les propriétaires ne voulaient surtout pas défigurer le lieu, mais bien au contraire respecter son assise ornementale. Nous avons conserver le maximum d’éléments et compléter lorsque cela s’est avéré nécessaire. » Les atouts de l’appartement s’expriment avant tout par l’omniprésence de la lumière, invitée permanente par les neuf fenêtres qui suivent l’angle du bâtiment.
L’âme architecturale du XIXème siècle tutoie l’esprit design scandinave.
Cuisine tableau
Les inconvénients de départ sont vite mis de côté. Les pièces trouvent rapidement une autre partition sous l’impulsion de l’architecte. L’entrée démesurée, typique de l’époque, donne volontiers ses m2 à la chambre parentale, la salle de bains et la cuisine. Ces deux dernières se font écho. Et quel écho !
Le marbre de Carrare finement travaillé (2 cm) offre une réponse précieuse aux panneaux basiques en Okoumé. « Nous voulions un contraste fort entre les matériaux, pour donner davantage d’aplomb à la pierre et dans la salle de bains aux émaux de Briare de 5 x 5 cm. » souligne François. Mais comment est née cette boîte culinaire ?
« Les propriétaires souhaitaient un entre-deux : mi-ouverte, mi-cachée. Le module saillant offre cette alternative, reflet de la cohérence des goûts décoratifs de Pauline et Louis. Il permet d’identifier la fonction, sans jamais perdre le lien avec les ambiances voisines. » La cuisine souligne un travail d’orfèvre en matière de marbrerie réalisée par Stéphane Scalbert (Chanos-Curson) et de menuiserie, signée Génie Bois.
Palette chromatiques familière…
Aux traditionnels murs blancs, Pauline et Louis ont préféré la couleur, signée Sikkens, qui traduit nettement mieux leur caractère. Chacun sa couleur. Le couple a opté pour un vert eau, leur fille un bleu électrique, leur fils un rouge Garance. Les pièces de vie mettent tout le monde à l’unisson du bleu entre nuit et ciel lumineux, avec une touche de jaune dans le couloir. Tiens, ça ne vous rappel rien ?
Indice : son code couleur fétiche le jaune, le rouge, le vert et le bleu. Oui, Le Corbusier. Une palette qui s’exprime pleinement sur le site de Firminy Vert, dans l’Unité d’Habitation au même titre que la lumière et la matière. Coïncidence ? Sûrement pas !
Grand écart entre la France et la Scandinavie
C’est un équilibre parfait qui mêle la passion de Pauline pour le design, l’admiration de Louis pour l’illustrateur/dessinateur Floc’h et les connaissances averties de François Texier dans ces domaines. Les époques se confrontent avec un penchant prononcé pour les années 50-60. Les pièces emblématiques ont parcouru les stands des Puces du Canal, des Puces de Saint-Ouen, pris vie dans les brocantes hexagonales, attendus d’être sauvés dans les vides greniers. Dans le salon, la salle à manger jusque dans les chambres des enfants, on peut côtoyer Arne Jacobsen, Pierre Paulin, Jasper Morrison, Niels O. Møller,
Alfredo Häberli, Harry Bertoia… Pour ce qui est des miroirs, de la bibliothèque, des tableaux, du lustre de Murano, des coques en bois… Pauline et Louis ont fait un tour du côté de l’héritage familial. Dorures et laiton ponctuent discrètement la scène. Et ça fonctionne !
Astuces mezzanines
Pauline et Louis ont privilégié les chambres des enfants. Linéaires, les espaces nuit se sont déployés verticalement, avec des mezzanines sur-mesure, à cheval sur le couloir pour gagner en profondeur. « Les enfants ont leur espace d’expression, à l’opposée de notre chambre. Ils sont ainsi autonomes. Malgré l’étroitesse des pièces, ils ont une zone repos, lecture et travail, chacune bien définie. » Et c’est cela que l’on retient. L’optimisation, la justesse des proportions et l’appropriation des volumes.