Dans le 1er arrondissement de Lyon, à deux pas de l’Opéra, cet appartement de 44 m2 bouscule les codes du XIXe siècle. Aux manettes de la conception, l’architecte Marie-Anne Chapel. On retrouve sa griffe bien à elle, avec toujours un parti pris qu’elle conjugue jusqu’aux finitions.
Table rase
Direction les toits ou plus communément la « chambre de bonne » ! Dans cet immeuble de style haussmannien, l’architecte a invoqué l’Italie. Les plus avertis saisiront l’hommage à Gio Ponti, dont les références rythment l’ensemble de la conception. Mais avant d’arriver à ce résultat, l’architecte a tout d’abord constaté l’ampleur des dégâts : L’appartement était dans un état à la limite de l’insalubre, organisé de manière déplorable, avec une immense cuisine prenant le pas sur l’ensemble, se remémore Marie-Anne.
Sollicitée par les propriétaires en vue d’une location meublée à la semaine, l’architecte a revu entièrement la copie, au profit d’une distribution pertinente, flattant un grand salon qui absorbe dorénavant la salle à manger et la cuisine, en laissant l’emplacement suffisant pour l’insertion d’une chambre généreuse de 13 m2 et d’une salle de bains de plus de 4 m2. Il était nécessaire de séparer les fonctions et de leur redonner leur juste place. Nous n’avons conservé que l’essentiel : les rangements intégrés à l’entrée et le parquet en chêne dans la chambre. Concernant les fenêtres à croisillons, nous les avons reproduites à l’identique, en version PVC. Pour le reste, chaque élément a été modifié, du réseau électrique au chauffage en passant par l’intégration des gaines techniques, jusqu’à l’agencement dessiné sur-mesure par l’architecte et réalisé par ABM Menuiserie. Le tout pour un budget globale de 60 000 euros. Sans omettre la décoration, qui opte pour un genre inattendu.
Un caractère bien trempé
L’appartement, n’étant pas situé dans les parties nobles de l’immeuble, ainsi privé de belles hauteurs sous plafond, de boiseries, de beaux sols… il fallait insuffler le cachet qui lui manquait, souligne l’architecte. Comme les propriétaires sont de grands collectionneurs, j’ai pris le parti de réinterpréter le style galerie, avec comme fil conducteur l’Italie et plus précisément l’architecte et le designer Gio Ponti. Avec un budget restreint, Marie-Anne Chapel a rivalisé d’imagination pour recréer ses connotations transalpines, sans tomber dans la parodie.
Le carrelage choisi chez Leroy Merlin revisitant l’esprit carreaux-ciment, posé de main de maître par SD BAT, a permis, à moindre coût, de revêtir presque l’ensemble des volumes et de créer une illusion d’optique saisissante, permettant d’agrandir la scène principale de plus de 23 m2. Le graphisme répétitif crée ainsi un jeu de perspectives qui confère à la spatialité une profondeur étonnante. Pour l’accompagner comme il se doit, les façades de la cuisine, en stratifié Egger, reprennent parfaitement la teinte bleu pervenche du carrelage. Ce bloc, comprenant de nombreux rangements, assoit le caractère du revêtement, adouci aux murs et au plafond par la peinture grège et blanc. Il fait le lien avec la salle de bains parfaitement optimisée, intégrant même des niches de rangement derrière la porte, avec une douche à l’italienne de 1,80 mètre de longueur. La décoration, choisie par Marie-Anne Chapel chez Pieds Compas, les Puces du Canal, La Redoute Intérieurs ou encore chez If Contemporain, parfait l’ensemble de la réalisation, à laquelle l’architecte n’a pas hésité à ajouter des tableaux aux connotations italiennes, cela va de soi !
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Photographe Erick Saillet