Sollicitée en amont du projet d’achat, l’agence Dank Architectes a réalisé un travail de rénovation tout simplement bluffant, aux portes de Lyon.
À l’origine, une maison modeste des années 30 d’une soixantaine de mètres carrés, plongeant sur un parc et assise sur un terrain de 400 m2, à fleur de colline. Ils ont su tirer le meilleur parti des contraintes existantes, transformées aujourd’hui en réelle valeur ajoutée. Pour Emilie et William, cette démarche architecturale a permis de répondre à tous leurs besoins présents, mais également futurs. Même si nous parlons ici d’extension, c’est pratiquement une seconde maison qui est venue s’accoler à la première, qui a doublé la surface d’habitation. Une rénovation globale jusque dans l’aménagement paysager et l’architecture d’intérieur, croisant le regard de Stéphanie Lapendry, de l’agence Hervé Moreau.
Pourquoi garder l’existant ?
Après avoir pesé le pour et le contre, Gilles Dietrich (Dank Architectes) qui a suivi l’intégralité du chantier, a pris le parti de conserver la bâtisse. Pour quelle raison ? « Tout simplement parce que le PLU de la commune où se situe la maison ne permettait pas de reconstruire aussi près de la rue. Les propriétaires auraient perdu de précieux m2 de jardin. Les règles d’urbanisme actuelles n’autorisent plus d’ériger sur les limites séparatives, à plus de quatre mètres de hauteur. Opter pour une construction aurait été une erreur, avec une architecture étroite et mal proportionnée. De plus, il s’est avéré que le plancher intermédiaire et les murs étaient en parfait état. Nous avons donc favorisé l’approche rénovation, en lien avec les attentes d’une famille de quatre, voire cinq… ».
Les architectes ont dû composer avec une somme de contraintes particulièrement exhaustive. Première interrogation : comment ramener des m2, afin de créer une surface de vie confortable, sans trop empiéter sur la partie plane du jardin, inférieure à 100 m2, déjà bien réduite par sa composition en escalier ? « Nous avons imaginé une extension pratiquement de même dimension que la maison originelle, sur laquelle nous sommes venus nous greffer, avec une emprise au sol minime de seulement 9 x 7,5 mètres. Pour que le jardin ne soit pas désavantagé par cette extension, nous avons prolongé d’environ 3 mètres la surface plane exploitable en créant un mur de soutènement, sur lequel repose les fondations de la piscine. Cette plateforme a permis la conception d’un talus accueillant le local technique et en contrebas une seconde terrasse en bordure du parc. La particularité de ce chantier s’est révélée dans sa gestion, à l’envers ! Nous avons dû commencer par le jardin avant de nous attaquer à la construction de l’extension, pour une simple question d’accès. » Un exercice paysager important, réalisé avec le concours de trois sociétés, les paysagistes Scènes Extérieures (Lyon 7ème), Tarvel (Genas) ainsi que le piscinier Transat (St Germain au Mont d’Or).
Deuxième problème : l’orientation ! La maison est orientée plein nord, bordée à l’ouest et à l’est par deux constructions. Qu’à cela ne tienne ! Les architectes ont trouvé des solutions pour ramener un maximum de lumière, sans être gêné par des vis-à-vis ! « Il fallait trouver des astuces pour exploiter le maximum de luminosité naturelle. Pour créer l’extension dans le parfait prolongement de l’existant, nous avons cassé l’appentis, afin de créer une double ouverture au niveau de l’entrée, récupérant la lumière de l’ouest au coeur de la maison et ce, en rez-de-jardin mais également à l’étage. La lumière traverse littéralement la maison, avec en partie est, une colonne de châssis fixes, qui suit l’envolée verticale de l’escalier, volontairement aérien. Ce dernier se laisse transpercer par la lumière et crée subtilement cette liaison entre l’ancien et le neuf, la partie parent et le coin enfant. La façade nord, plongeant sur la canopée, est quant à elle entièrement vitrée, sans aucun vis-à-vis. »
Les architectes ont privilégié la solution Luméal de Technal, pour sa finesse et ses performances thermiques. Un travail d’orfèvre réalisé par la société Decotech (Rilleux). Le confort thermique est renforcé par le plancher chauffant.
Une façade astucieuse
Si la maison est parfaitement intégrée dans son environnement géographique, du côté de la rue, du point de vue du jardin c’est la surprise ! « Le quartier actuel s’exprime avec une homogénéité architecturale telle, que nous ne voulions pas casser ce code établi. La façade de l’extension de par son invisibilité ouvrait plus de perspectives. D’autant que les propriétaires étaient particulièrement réceptifs à une architecture plus moderne, mais également fonctionnelle. Le S formé par les panneaux Viroc® est rythmé par un jeu de lames verticales en douglas thermotraité, qui n’est pas seulement esthétique ! Le bardage bois vient en partie habiller l’espace chambre parental, l’espace douche, contournant l’angle jusqu’au dressing. Vue de face, la façade paraît lisse. Mais la position des lames dévoile, lorsque l’on se déplace, un relief pertinent qui permet à Emilie et William de voir sans être vu ! »
Comment sont-ils passés de 60 à 185 m2 ? Si l’on calcule les surfaces, on s’aperçoit qu’il nous manque quelques mètres carrés ! Explications : « En cours de projet, les propriétaires souhaitaient gagner encore plus d’espace, notamment pour accueillir un troisième enfant. Avant que le charpentier Lanzetti n’intervienne pour refaire la toiture, nous avons opté pour une surélévation. 50 cm ont été ajoutés. Cela ne semble pas grand chose, mais au final, le troisième étage est passé de 10 à 30 m2, soit en loi Carrez 20 m2. Il a suffit de déposer une modification de permis de construire à la mairie, qui a été particulièrement rapide. » Nos hôtes ont ainsi gagné une salle de jeux et une chambre supplémentaire, illuminées par des Velux.
Une architecture intérieure libre
L’ossature bois a été privilégiée pour ériger l’extension. « L’ossature présente l’avantage d’être plus légère qu’une structure maçonnée, ne nécessitant que peu de points porteurs, libérant les volumes architecturaux de murs ou de poteaux gênants. Même les murs sont plus fins. La ouate de cellulose en vrac, choisie pour isoler l’ensemble de la maison, est insufflée directement dans l’épaisseur des montants. » Grâce à cette solution constructive, l’intérieur affiche un volume généreux, rehaussé par la vision architecturale double de l’agence Dank et l’architecte d’intérieur Stéphanie Lapendry.
L’agencement s’exprime avec pertinence optimisant les rangements au sein du salon, avec le meuble linéaire suspendu ou encore le dressing et les salles de bains, l’ensemble de la menuiserie réalisé par l’entreprise T-Publié (Bully). La cuisine Poggenpohl lovée dans l’extension et conçue par Brotteaux Cuisine (Lyon 6ème), prend quand à elle une place importante, en lien étroit avec le coin repas extérieur. L’ensemble est décoré par le mobilier choisi chez RBC Design Center (Lyon 2ème) qui jongle avec des marques d’exception, à l’instar du canapé Molteni&C, le tapis Limited Edition ou encore le luminaire Brokis.
Budget total : 500 000 euros HT
Forts d’une vision triangulaire, Thibaut Chanut, Gilles Dietrich et Steven Guigoz composent la jeune agence Dank Architectes. Ils croisent sur chaque projet leur expérience complémentaire pour proposer à leurs clients toutes les réponses les plus pertinentes, mais également les meilleures solutions techniques. Ils construisent, rénovent ou agrandissent autrement, avec un regard global jusque dans l’architecture d’intérieur.
Et lorsque l’on parle de rénovation, ils ne sont pas avares en conseils. Bien au contraire ! Pour eux, « Entreprendre des travaux de rénovation nécessite plus de souplesse que la construction. Même si nous anticipons au maximum, il y a toujours des surprises, bonnes ou mauvaises, que l’on ne constate qu’au moment de la phase chantier. Par exemple, sur cette réalisation, nous avons découvert que le plancher, même s’il était sain, n’était pas tout à fait à niveau ! L’avantage de faire appel à des architectes permet de trouver des solutions réactives, à des coûts réduits ! En règle générale, nous favorisons la rénovation lorsqu’il y a un réel héritage à préserver. Mais attention, il faut trouver le juste équilibre. Dans ce cas précis, la maison n’avait pas de valeur patrimoniale à proprement parler. Nous avons privilégié la rénovation pour des raisons de PLU, mais également économiques, avec l’obtention d’un crédit d’impôts pour l’amélioration thermique de l’isolation. Nous avons certes un travail de création, mais surtout de préconisations et de conseils. C’est notre rôle d’explorer toutes les solutions possibles, en fonction des besoins des clients, pour ne retenir au final non pas une architecture mais un véritable lieu de vie. »
Photographe Frenchie Cristogatin