Difficile de croire que cette maison date des années 80. Peut-on parler de prouesse créative, visuelle, conceptuelle et structurelle ? Sans hésitation ! Cette réalisation réinterpréte le champ lexical de la rénovation portée par une maîtrise saisissante des perspectives. Un tête-à-tête virtuose entre l’intérieur et l’extérieur rendu possible par l’agence d’architecture et de design Fleury.
Écriture architecturale, paysagère
Entièrement recomposée et restructurée par Julie et David Fleury, respectivement architecte DPLG et designer, cette maison témoigne de l’importance d’une parfaite synergie entre architecture et univers paysager. Pour le duo créatif, une évidence « qui tient plus d’un art de vivre que d’un simple dialogue ».
En ce lieu, l’expérience est menée à son apogée soucieuse d’une parfaite maîtrise de la lumière naturelle. La topographie des lieux scinde le terrain en deux parties distinctes, renforcées par le parti pris architectural. Si au nord, la maison s’exprime par un jeu de toitures et de séquences dissimulant les regards de la route, l’organisation interne, au sud, les scènes de vie en enfilade transparaissent et ouvrent leur horizon sur la vue panoramique.
Partant du constat que la forme originelle du volume intérieur, épousant la toiture classique à deux pans, participait au manque de luminosité et à la sensation d’enfermement, les architectes ont pris le parti de « couper la maison en deux », sur un axe transversal est/ouest. Cette solution conceptuelle audacieuse a permis d’inverser le sens même de la toiture et de pair d’accroître la hauteur de la façade vitrée au sud. Cette dernière s’exprime ainsi sur une hauteur de quatre mètres filant sur une envolée horizontale de 20 mètres.
L’avancée métallique repose sur des poteaux structurels en croix, accompagnée dans sa recherche du contact direct avec le jardin par des pergolas.
Ensemble, elles brouillent les pistes : où commence l’extérieur ou finit l’intérieur ?
L’ouverture généreuse des baies coulissantes Technal participe à ce questionnement. Même le mobilier Tribù joue sur cette mixité. Les pergolas bioclimatiques Biossun d’une surface de 40 et 45 m2 ont quant à elles fait l’objet d’une réflexion sur-mesure et sont liées à l’architecture par des tirants.
Ces structures déportées filtrent, via leurs lames orientables, les rayons du soleil zénithal en été, pour mieux laisser passer les apports calorifiques l’hiver. Elles permettent de prolonger la saison estivale, avec des capteurs de pluie et vent intégrés abritant automatiquement l’espace terrasse.
Les pergolas insufflent également aux espaces extérieurs, une sensation spatiale maîtrisée, en lien étroit avec les scènes intérieures. Volontairement, elles laissent un espace vacant au milieu qui matérialise le deuxième axe fort de cette rénovation.
Julie Fleury précise : « Nous avons créé une ligne de force au centre du projet qui traverse la maison et la parcelle de part en part et accompagne le visiteur du nord jusqu’au sud.
Cette ligne de force s’illustre sous différentes formes, notamment côté jardin par un tapis minéral reliant les deux points d’eau, la piscine extérieure et le spa intérieur, donnant l’illusion depuis l’entrée d’un seul et même bassin.
Délibérément, ils sont séparés par un châssis fixe, obligeant l’occupant à cheminer et à s’approprier les espaces de vie adjacents, comme une balade. »
…et aquatique
La notion de légèreté se retrouve également dans le dessin graphique de la piscine. Sous la forme d’un S, elle se tient en lieu et place d’un bassin vétuste. Conçues avec Piscines Concept, ses lignes aériennes sont le fruit d’un travail minutieux et particulièrement technique.
Pour David, « L’effet margelle des piscines traditionnelles n’était ici pas de mise ! Nous avons privilégié de grandes dalles de pierres d’1 x 1,2 mètres surplombant le bassin à 15 mm de la ligne d’eau via un jeu de porte-à-faux. » Si les plages suivent la déclivité naturelle du terrain, la surface aquatique stoïque cherche l’horizon à travers le débordement. Fonctionnels et esthétiques, les pas japonais rythment le volume d’eau généreux, relient les plages et indiquent la démarcation entre le pédiluve et le bassin de nage.
Et parce que nous nous approprions différemment les espaces la nuit venue, Julie et David Fleury ont travaillé les ambiances nocturnes avec un éclairage mettant en scène le végétal, l’élément aquatique et l’univers terrasse. Soit une autre facette de la maison, un autre art de vivre.
Architecture d’intérieur : David Fleury
Photographe : Erick Saillet