À fleur de colline, cette maison de 170 m2, située en région lyonnaise, s’ouvre sur de nouvelles perspectives imaginées par le trio Dank Architectes.
Définie par une construction nivelée sur deux étages, elle puise aujourd’hui son aura contemporaine dans son extension audacieuse, à même de réinterpréter et de simplifier une bâtisse originelle triptyque étoffée au fil des ans. Une nouvelle lecture écrite avec des partis pris forts, des matériaux éloquents et des finitions abouties.
Une interprétation qui fait la différence

Tout a commencé par la nécessité de rénover une partie de la toiture vétuste. Aspirant à transformer leur bien plus qu’à s’en séparer, Céline et Guillaume, nos hôtes, ont pris le parti de faire appel à un architecte afin de les orienter sur la démarche adéquate et par la même occasion trouver une solution pour grappiller quelques mètres carrés supplémentaires. De fil en aiguille, leur recherche les conduit à la rencontre qui va changer le cours du projet et l’amener vers d’autres sommets. Dank Architectes va faire pencher la balance en faveur d’une transformation complète, réunissant d’un seul regard toutes les époques.
Céline se remémore : « Nous hésitions, à contrecœur, à nous séparer de notre maison qui n’était plus adaptée à notre vie de famille. Mais l’environnement exceptionnel du site, nous a amené à nous questionner sur d’autres axes de réflexion,c omme une possible extension. Dans notre quête d’architectes, le projet suggéré par les Dank nous a offert d’autres perspectives, en adéquation avec nos attentes et nos besoins. Derrière la cohérence architecturale, nous avons été séduits par le panel de solutions apporté par le choix d’une modernisation globale. Dans ces conditions, nous étions prêts pour ce changement radical ! ». Démolition, agrandissement de 56 m2, rénovation et réorganisation des espaces de vie.
Façade vue du ciel
Partant du constat que la partie abritant le salon/salle à manger est obsolète, Steven Guigoz, architecte référent du projet, décide de sacrifier cette division de la maison au profit d’une extension en phase avec le jardin, protégeant les propriétaires des vis-à-vis gênants. Seul le mur mitoyen au nord en parfait état, est conservé ainsi que la partie émergente de la bâtisse, accueillant l’actuel salon et l’étage inférieur.

Au vue de l’accès limité au terrain, l’ossature bois s’impose d’elle-même. La structure a été amenée à l’aide d’une grue et assemblée sur place. Mais dans sa recherche de cohérence architecturale, Steven doit répondre à la problématique suivante : « Comment rattacher des bâtiments d’époques différentes et lier des systèmes constructifs discordants ? » Il prend alors le parti de considérer la toiture comme une façade à part entière, un trait d’union entre l’ancien et le moderne. En effet, située en contrebas, la maison expose au premier regard cette facette de sa personnalité. « Traiter la toiture comme le liant s’est révélé être une solution esthétique et particulièrement fonctionnelle. Cela nous a permis de refaire la toiture du bâtiment existant, son isolation par ouate de cellulose projetée et d’offrir une homogénéité visuelle et thermique à l’ensemble de la rénovation », souligne Steven.

La structure à deux pans inversés devient un atout supplémentaire à même d’insuffler le rythme de l’ensemble de la réalisation et avec elle, la redirection des espaces de vie tournés vers l’univers outdoor et le panorama plongeant. L’idée d’un seul et même matériau complète la volonté d’uniformité. Pour Steven, une évidence : « Nous voulions créer un seul et même volume. Sensibles au métal, les propriétaires ont été séduits par l’aluminium, travaillé ici comme du zinc, avec ses joints debouts et qui absorbe la bâtisse ancienne sans la dénaturer ».
Au final, une seule façade peut prétendre réellement à cette dénomination, celle accueillant l’entrée principale. Pour que le jardin ait la même superficie qu’auparavant, malgré l’extension, la bute a été reculée d’1,5 mètre marquée par la création d’un soubassement en béton banché.
Prouesses transparentes
La partie vitrée dialoguant avec le jardin est un élément structurel à part entière. Mais pour avoir ce rendu visuel en lien direct avec la toiture inversée, cela a demandé toute l’expertise du fabricant Technal. En effet, le dessin des architectes met en exergue des intégrations particulièrement techniques. Soucieux de conserver le maximum d’apport lumineux et de transparence, Steven souhaitait conserver un vitrage toute hauteur.

La première difficulté s’est révélée dans la création de l’imposte triangulaire créée sur-mesure pour l’occasion. À ses côtés, les trois vantaux ouvrant le volume cuisine sur l’extérieur, ont nécessité une réflexion approfondie afin qu’ils puissent être intégrés à la pente et coulisser en conséquence, sans sacrifier les performances en matière d’isolation thermique.
Afin d’éviter tout système de seuils, la terrasse rénovée s’aligne parfaitement sur le sol intérieur. L’occasion pour l’étage inférieur d’annexer, sous la forme d’un bureau, le patio étroit et humide et de marquer l’emplacement par une verrière. « Il était nécessaire de ramener un maximum de luminosité dans la pièce créée. Seulement, une verrière au contact direct avec l’extérieur, à fleur de terrasse, qui plus est esthétique recto/verso et demandant une résistance à la charge, n’était pas chose facile ! Le défi a été relevé avec brio par la métallerie Lenoir. Ainsi, avec la création de ce puits de lumière, aucune pièce n’est borgne. »
Un art de vivre

Aujourd’hui, intégrés dans leur environnement, les espaces intérieurs s’expriment au rythme d’une lecture à la fois simple et sophistiquée. En lien étroit avec le jardin, ils s’inscrivent dans une dynamique blanche et noire impulsée par les propriétaires et réchauffée par un jeu de calepinage au plafond. Cette disposition graphique de panneaux triangulaires en peuplier contreplaqué s’amuse à amplifier le parti pris architectural, mais également à faire un clin d’œil aux talents de Céline, graphiste.
Au sol, la résine réalisée par ADR résine®, assagit le volume intérieur et s’illustre comme une solution de rénovation idéale : « Ce revêtement décoratif permet de recouvrir des sols existants avec une faible épaisseur additionnelle et d’uniformiser les espaces. » souligne Steven. Pour Céline, il est plus que cela : « Il n’est jamais froid et ce, malgré l’absence de chauffage au sol, tout en étant anti-dérapant. C’est le revêtement adéquat pour toute personne qui évolue, comme nous, au sein de sa maison pieds nus. »
Au centre des considérations, la boîte noire dominante, sans être toute hauteur, se distingue par sa polyvalence, marquant l’entrée, dissimulant un dressing invités et la climatisation, pour intégrer, côté jardin, les rangements cuisine. Le choix du matériau, du Valchromat (médium teinté dans la masse puis verni) et son coloris ont été guidés par le coup de cœur du couple, la cuisine Vipp, en métal poudré. Les architectes ont exploité les avantages de l’îlot, imaginé comme un meuble, capable de mettre en relation l’intérieur avec la terrasse en s’adossant à la surface vitrée, sans éléments techniques visibles. Le volume de l’extension embrasse ainsi la totalité de l’espace extérieur, gommant les frontières.
L’escalier en béton conservé et habillé de tôles en acier patiné mène au niveau inférieur entièrement repensé. À ses pieds, un couloir longe le mur mitoyen et distribue l’ensemble des pièces de nuit. On retrouve les codes de l’étage supérieur, le métal et le peuplier contreplaqué, sous forme de portes coulissantes. Un matériau que Steven apprécie particulièrement : « Il habille les portes de placard, calepine un plafond, prend l’aspect d’une porte… Sans nœuds apparents, il peut devenir un fil conducteur précieux. »


La suite parentale prend ses aises aux côtés du bureau, bénéficiant de l’apport lumineux supplémentaire de la verrière. Elle s’appuie sur le bloc dressing/buanderie intégré, sans aucune poignée à l’instar de l’ensemble de l’agencement. On ne peut s’empêcher de remarquer le souci du détail, porté par les rails coulissants ou encore les interrupteurs. Un ensemble de finitions pointues qui assoit l’ensemble du projet. Steven confirme : « Nous avions la chance de travailler main dans la main avec Céline et Guillaume. Grâce à leur implication, la réalisation est parfaitement aboutie. »
Pour Céline, c’est une renaissance : « Nous nous sommes complètement réappropriés la maison, en lien direct avec notre philosophie de vie, tournée vers l’univers japonisant. Aujourd’hui, nous sommes coupés de tous regards indiscrets, immergés dans une bulle zen que nous cultivons au quotidien. » Mais également dans son travail ! Créatrice de la marque Ikken, signifiant en japonais maison ou regard selon l’idéogramme, la graphiste conçoit des motifs appliqués à des objets de décoration et de la papeterie, que l’on retrouve par ponctuation au fil de la visite.
Dank Architectes – Vision triptyque

Thibaut Chanut, Gilles Dietrich et Steven Guigoz forment ce trio aujourd’hui reconnu sur Lyon, sous la dénomination Dank Architectes. Ne vous fiez pas à leur jeunesse ! Les nombreuses réalisations à leur actif parlent d’elles-mêmes. À l’aise dans la construction, comme dans la rénovation, ils ont fait de l’univers résidentiel leur spécialité.
Ce qui fait leur force ? Chacun se distingue par une expertise propre et une vision différente, qui lorsqu’elles se croisent donnent naissance à une créativité démultipliée, des architectures pertinentes et une conception maîtrisée. En fonction du projet et des affinités, l’un des trois associés se démarque en tant qu’interlocuteur privilégié, face à un client qui peut compter sur ce savoir-faire pluriel, à même de résoudre toutes les contraintes, comme le montre cette réalisation.
Une fois de plus, ils sortent des sentiers battus avec des solutions techniques qui repoussent les limites des éléments structurels et celles des artisans, voire des fabricants. Ils prouvent la nécessité et non des moindres de faire appel à des architectes pour la réalisation de projets de transformation, à même de créer plus qu’une simple architecture, une identité, de la fonction, de l’optimisation et de véritables scènes de vie.