Une fois les portes franchies, la sensation d’être au cœur d’un chalet familial prédomine. Comme solitaire face à la vue, ce duplex se concentre sur son environnement privilégié. Préservant l’âme architecturale insufflée par Stefan Haag et Alain Baquet, Jean-Marc Mouchet ouvre un dialogue au rythme d’un agencement cousu main, distribuant de nouvelles cartes rebattues par l’union de deux appartements. Comment ? Avec cette façon bien à lui d’entrelacer les lignes tendues aux courbes élégantes. Les formes cintrées sont idéales pour impulser la circulation de manière douce et raffinée, à l’image de l’entrée, confie Jean-Marc Mouchet. Notre premier ressenti. Un point de départ entre guillemets qui prend réellement son sens grâce à cet arrondi absorbant dans son mouvement les contraintes architecturales structurelles, tout en générant instantanément une atmosphère. Ici, il s’apparente à un sas de décompression qui nous a permis de réaxer cette ouverture au centre des pièces diurnes à gauche et nocturnes à droite. Dès les prémices, on embrasse d’un seul regard le contexte dans lequel l’occupant va pouvoir évoluer.
Les matériaux se tutoient, se répondent et s’entremêlent, chacun avec sa singularité brute, polie ou patinée, claire ou obscure.
Une arrivée remarquée au contact direct d’un sapin clair, légèrement blanchi, créant une passerelle innovante entre les styles montagne et citadin, avec une pointe d’Art déco en sous-texte ! Dans l’association des deux logements naît la vision double des cheminées, l’une recto/verso et la seconde disposée en angle. Les points d’appui d’une partition jour satellisée en périphérie, au plus proche des surfaces vitrées panoramiques et des terrasses, laissant aux pièces techniques le second jour.
À partir de cette disposition, le dessin prend vie dans cette manière singulière de calepiner le bois, d’insuffler des respirations minérales plurielles, de moderniser la trémie d’escalier métallique aux marches ajourées démultipliant les points de vue. Et, par la cadence millimétrique des joints creux, d’aligner les perspectives du sol au plafond.
Les matériaux se tutoient, se répondent et s’entremêlent, chacun avec leur singularité brute, polie ou patinée, claire ou obscure. Ils s’harmonisent et à la fois marquent leur individualité. Même dans le bois, le métal et la pierre, la conception change le regard traditionnel, à l’instar du bar interconnectant dans le même espace un tablier en cuir sable, un comptoir en bois grisé et pierre Emperador, des cornières en laiton, un revêtement en crin de cheval et du bois laqué noir ! Sans omettre, le textile, terrain d’expression d’Anne-Sophie Mouchet.
Les formes cintrées sont idéales pour impulser la circulation de manière douce et raffinée.
Dans les textures et les couleurs choisies, on retrouve le canevas architectural de Jean-Marc Mouchet. Des velours bronze, des cuirs ambrés, des voilages de laine aériens, du cachemire… Même dans le mobilier sur mesure, toujours cet écho en nuances filigranées. Rien n’est laissé au hasard. Jusque dans les suites, trois au niveau des pièces de jour et deux à l’étage. Bien évidemment les chambres expriment toutes une identité, souligne Jean-Marc, épousant totalement le volume donné. Dans les têtes de lit, les dressings que nous aimons composer, on travaille la spécificité – à l’image d’une engravure en guise de poignées –, une symétrie et de la couleur selon les aspirations des propriétaires qui ont une ouverture d’esprit rare et inspirante. Un projet rendu possible grâce aux artisans à nos côtés à même de matérialiser notre souci des finitions, comme le menuisier Chabot.
Photographe : Studio Erick Saillet