Comme absorbée par la pente, cette réalisation à l’aplomb revendique son statut de plus haut chalet de Méribel. Dans sa volonté de tutoyer les sommets, ce belvédère révèle un secret de fabrication cousu main par trois agences complémentaires, réunies sous une même exigence conceptuelle. Verticale limite.
C’est un défi lancé par Jean-Thomas Olano, président du groupe immobilier Promo 6 : construire un chalet à Méribel sur une parcelle avec un faible coefficient d’emprise au sol, qui plus est à flanc de montagne et de piste ; le tout avec une belle orientation ! Pour le relever, un triptyque de choc qu’il affectionne particulièrement, Laurent Paolini, architecte-concepteur (agence LP Architecture), Nadia et Malek Habel architectes-maîtres d’œuvre techniques (agence Architectes Partners), ainsi que Anne-Sophie et Jean-Marc Mouchet, architectes d’intérieur-décorateurs. Tous ayant fait de la montagne leur terrain de jeu de prédilection.
À la manœuvre conceptuelle, Laurent Paolini s’attache en premier lieu à épouser la pente, via une paroi cloutée maintenant les terres, et ce, du rez-de-neige, jusqu’à la charpente ! L’architecte confirme : Nous nous sommes totalement inscrits dans le paysage allant jusqu’à nous connecter à la piste par le skiroom niché sous le faîtage, inversant l’ordre traditionnel. Le chalet revêt ainsi deux faces, l’une, aveugle, collée à la roche abritant les parties techniques et les dessertes, la deuxième, lumineuse, accueillant toutes les pièces de vie et de nuit entièrement dévolues au panorama sud-ouest.
Si la lauze de Luzerne en toiture, le bardage en vieux bois authentique et la pierre issue des moraines de glaciers prônent l’authenticité tant recherchée par la station, le dessin quant à lui explore quelques atouts architecturaux qui permettent de le différencier, comme le travail minéral et la transparence. Pour Laurent : Un exercice à part entière ! Dans cet environnement montagne, tout est imposé, le style de pierres, leurs joints, les palines et les bardages verticaux, etc. À nous d’aller plus loin dans la démarche et de concevoir un chalet qui ne ressemble à aucun autre !
À ses côtés, l’agence Architectes Partners à la manœuvre technique poursuit le propos architectonique en lien étroit avec les bureaux d’études. Nous sommes l’interface entre tous les acteurs, garants de la faisabilité des réalisations, de sa parfaite adaptation avant le lancement de l’exécution, souligne Nadia Habel. Ce moment où tout prend forme et commence à se concrétiser, notamment dans la personnalisation aux plus près des attentes des acquéreurs. Et ce, jusqu’à l’architecture d’intérieur, le territoire d’Anne-Sophie et Jean-Marc Mouchet. Cette réalisation témoigne de notre capacité à combiner nos savoir-faire complémentaires, confie Jean-Marc Mouchet. Chacun avec ses connaissances, nous pouvons aller plus loin dans notre propre démarche et dans les finitions.
Ici les matériaux et les matières en majesté, révèlent les volumes.
Ici les matériaux et les matières, en majesté, révèlent les volumes. Au vieux bois tri-plis, figé par son traitement amalgamé avec deux couches de bois dur à fibres inversées, ourlé de métal brut, se mêlent les textures de la laine aux motifs aériens ou tramés, domptant la verticalité ou l’horizontalité, au contact du parquet spectaculaire en bois gougé.
Jean-Marc Mouchet complète : Le chalet s’exprime à travers la transparence et l’opacité. C’est toute cette rythmique de pleins et de vides que nous avons souhaité retranscrire dans l’approche intérieure, tant dans la volumétrie que dans la décoration. Le salon avec ses ouvertures de cinq mètres de haut reflète la première volonté de connecter les pièces principales à la vue. Ce que nous avons voulu démultiplier en créant cette mezzanine, conçue comme un salon musical pour le propriétaire, un pianiste averti. Totalement suspendue, elle ne génère aucun heurt visuel, participant même à apprivoiser cette envolée verticale, pour devenir un refuge culinaire.
Cette réalisation témoigne de notre capacité à combiner nos savoir-faire complémentaires.
Tout est dans la liaison des éléments, reprend l’architecte d’intérieur. L’escalier assoit sa vision aérienne sur un socle en béton, filant jusqu’à la cuisine, pour dessiner un podium naturel qui marque les fonctions sans jamais fermer le dialogue. Pour nous, les matériaux et les matières sont à la base de notre travail. Savoir à la fois souligner les espaces, mais également leur donner une singularité, comme l’habillage de la cheminée, en tissu et en bois tressés par la maison Dinès.
Dans les deux niveaux inférieurs, on retrouve cette quête de luminosité, dont Jean-Marc Mouchet a le secret. Laurent Paolini rebondit : Pour moi, c’est une prouesse ! Dans ce couloir borgne desservant trois suites avec vue, Jean-Marc a réussi à insinuer des ouvertures composées de miroirs et de spots à faisceau. Comme si une multitude de portes allaient s’ouvrir sur la roche ! En effet, point d’orgue de l’architecte d’intérieur, la conception lumière. Rétroéclairée, pour flatter un plafond en bois debout, sphérique pour créer une ambiance sous charpente magique ou encore douce pour appuyer l’effet des arrondis muraux ceinturant les chambres, etc. Jusqu’au rez-de-neige où trônent les espaces wellness et loisirs, l’attention est portée sur les moindres détails, fruit d’une équipe fusionnelle au plus près des attentes familiales.
Photographe : Studio Erick Saillet