Des notes de design, d’art, de céramique. Des sonorités courbes. Une composition architecturale lumineuse. De cet appartement, situé dans le VIe arrondissement, s’échappe une mélodie composée par le studio Delcourt Architecture, en accord parfait avec la propriétaire des lieux et collectionneuse d’art avertie, Marie Ruby.
Chaque élément conceptuel, chaque objet et chaque œuvre sont le fruit d’une belle rencontre, le reflet d’une intention créative et d’une vision d’esthète. Puisque Marie Ruby n’envisage pas son univers tant personnel que professionnel sans création, quelle que soit sa forme. À la tête de l’entreprise familiale Ásgard Group, spécialisée dans la gestion et la valorisation de biens immobiliers, cette collectionneuse alerte cultive les synergies, avec cette façon bien à elle de faire naître des projets audacieux, dans le dialogue. Dans le cadre des activités du groupe, notamment la rénovation d’immeubles de bureaux et de propriétés foncières, Marie Ruby côtoie nombre de décorateurs et d’architectes d’intérieur de talent. C’est sur l’un de ces projets qu’elle fait la connaissance de Christophe Delcourt. L’alchimie naît !
Quel que soit le domaine dans lequel j’évolue, c’est avant tout une histoire de connexion. Un respect collégial où chacun peut être libre de s’exprimer, confie Marie. Je fonctionne aux coups de cœur, à une forme de synchronicité entre une œuvre et un artiste, entre un meuble et un designer. Quelque part, il y a une unité dans mes choix artistiques, surtout dans la créativité et l’audace. J’aime ceux qui osent, le travail des matières et des textures. Raison pour laquelle je suis particulièrement sensible à la céramique. Cette fusion entre deux composants qui produit des univers complexes et singuliers.
Dès lors, le concepteur Christophe Delcourt et les architectes Claudia Richerd Duloisy et Paul Moreau sont dans leur élément, sollicités en ce lieu pour réunir trois appartements en un ! Avant la refonte totale du lieu, Marie vivait dans la partie où figurent aujourd’hui les pièces de jour, se souvient Christophe. À la place de la cuisine résidait sa chambre. Il n’y avait ni cette sensation d’ouverture ni cette orientation multiple.
Libérées de toutes contraintes, les pièces de jour s’expriment à travers différentes postures.
Comment appréhender ces espaces pluriels ? Notre démarche architecturale s’attache toujours à l’aspect patrimonial du bâtiment. Ici, un immeuble des années 1950, témoin des constructions d’après-guerre en béton armé. Ce qui est particulièrement intéressant dans cette architecture de plateau demeure l’absence de murs porteurs, au profit de piliers. Cela nous a guidés spontanément vers cette quête de lumière naturelle filtrée par un écran textile.
Fruit de ce constat, un décloisonnement total en partie jour et, à travers cette nouvelle ossature, des réponses fonctionnelles à un mode de vie. Travailler les lieux ouverts s’apparente un peu au monde du cinéma, en séquençant les plans, en créant différents cadrages et contrechamps, poursuit Christophe. Séparer sans diviser. En ce sens, nous avons étudié différentes postures qui suivent cette nouvelle orientation, avec ce double, voire triple salon, adapté à de multiples usages quotidiens.
Naît cette alchimie singulière entre l’art, le design et l’architecture d’intérieur.
Renouant ainsi avec la forme circulaire du bâtiment, les pièces de jour se partitionnent naturellement au gré de ces nouvelles fonctions assumées par un agencement aux textures vibrantes, entièrement dessiné par l’architecte d’intérieur et réalisé par ses ateliers, conçu en symbiose avec la collection d’art et de design. Chaque module offre plusieurs lectures comme la bibliothèque centrale, en chêne et travertin, cintrée pour absorber le poteau originel, animer l’espace et accueillir cette famille de bronzes et de grès.
Le plus important dans notre métier est d’ouvrir une page blanche sur laquelle chacun peut écrire sa propre histoire, souligne Christophe. Notre rôle est de répondre aux questionnements du quotidien, à l’instar du bureau que nous avons volontairement implanté à l’entrée pour que Marie puisse interagir avec des clients, sans dévoiler son intérieur. Ou encore la master suite où le dressing et l’accès à la salle de bains s’inscrivent dans la fluidité, la spontanéité et la lumière naturelle. À travers les matériaux tels que l’orme, le liège, mais également les textiles tendus, sur la tête de lit et au verso, au sein de cette alcôve végétale, l’architecte d’intérieur affirme une intention tout aussi esthétique que technique.
Dans ces bâtiments ultrarationnalisés, l’acoustique n’est pas vraiment au rendez-vous, sourit Christophe. Impossible aussi de créer des faux plafonds. Dès lors, un travail de fond colossal a été fait pour intégrer le confort moderne, l’éclairage, tout en anoblissant le patrimoine existant. Et laisser à toutes ces œuvres – sélectionnées chez les antiquaires et dans les galeries, en collaboration pour certaines avec Manifesta lieu culturel à Lyon, dédié à l’art contemporain – prendre la mesure de leur temps.
Production : DOMODECO
Architecture d’intérieur : Studio Delcourt Architecture
Maîtrise d’œuvre et promotion : Ásgard Group