Oubliez tout ce que vous savez sur l’art contemporain. Ici, la sacro-sainte galerie a troqué son éternelle épure blanche contre du bleu Klein. Manifesta, une histoire plurielle qui parle d’amitié, de collaboration, de design… et d’art, au service des entreprises. Du jamais vu.
Comme point de départ, un manifeste, donc. Celui élaboré depuis de nombreuses années par Céline Melon Sibille, conseillère en stratégie événementielle et communication culturelle. Associée dans ce lieu à Marie Ruby, collectionneuse avertie, cette « amoureuse de l’art contemporain » a fusionné cet univers avec celui du monde du travail, concrétisé par un espace d’expositions, de médiation, d’échanges, de rencontres, de réception, de séminaires… unique en son genre, rue Pizay.
Un concept novateur conçu de pied en cap par le Studio Claude Cartier. À deux pas du Musée des beaux-arts, Manifesta prend tout son sens, confie Céline Melon Sibille. Là, dans cet ancien atelier de soyeux, aux consonances patrimoniales fortes, Claude Cartier et Jade Leopold ont su magistralement préserver la mémoire architecturale et la confronter à un présent audacieux, aux portes de l’univers domestique dans son empreinte décorative et design, soutenues par une équipe d’artisans remarquables. Soit, un véritable défi ! Claude Cartier confirme, c’est un concept exigeant, à tout point de vue ! Non seulement dans l’idée première, mais également dans sa mise en forme architecturale. Il fallait imaginer un nouveau langage, reliant l’aura patrimoniale aux multiples univers développés, ceux de l’art, de l’entreprise, de l’événementiel et déterminer une réponse appropriée et suffisamment forte face aux différents exercices qui seront proposés… Et tout cela sans prendre le pas sur la proposition artistique !
Ainsi, sur 210 m2, l’esprit galerie a été désacralisé, explorant dans son approche holistique de nouvelles terres, promises à un avenir culturel en mouvement perpétuel. Un mouvement que l’on retrouve ondoyant sur les scènes décoratives, mais également sur les pièces de design, tout en courbes, insufflées par les boiseries arquées propres aux linteaux des portes originelles et de l’escalier hélicoïdal monumental, pièce maîtresse du lieu… Soit : du rideau cintré, marquant l’espace réceptif, au canapé Julep de Tacchini, à la table dessinée sur-mesure par le Studio, déployant sur 5,20 mètres les carreaux de la toute nouvelle collection Policroma de Cedit, aux suspensions Noctambule de Flos en cascade dans l’escalier ou plus discrètes dans la salle de réunion, à l’étage… la rondeur accompagne les œuvres ! Jusque dans la création de la porte d’entrée vitrée reprenant les arches emblématiques du Musée des beaux-arts, souligne Claude Cartier.
Et le bleu Klein ? Il permet de sublimer l’escalier et de le porter dans le XXIe siècle, tout en suggérant la touche chromatique picturale de l’artiste, cela va de soi ! Le futur, quant à lui, est assuré par la curation de Céline Melon Sibille, invitant les galeries et les artistes représentés à affirmer leur présence créative, tous les deux mois, à l’instar de l’exposition Texture, visible jusqu’au 31 octobre, mettant en scène les œuvres exceptionnelles de la Galerie RX. À découvrir lors de séminaires, cocktails ou autres formats événementiels, servis par Manifesta !
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Photographe Guillaume Grasset