Ainsi le designer Éric Jourdan (nommé l’an dernier à la tête de la Cité du design – Ésad Saint-Étienne) figurait-il au nombre des enseignants de l’École depuis 1994. Quant au site retenu pour héberger l’exposition-phare 2025 en neuf chapitres, Ressource(s), présager demain, dont Laurence Salmon est la commissaire générale, il s’agit des halles Barrouin, une friche industrielle datant du XIXe siècle réhabilitée pour l’occasion. Voilà pour les vertus de l’exemple.
Si la question du réemploi, de l’économie des matières premières ou de l’énergie nécessaire pour concevoir et produire se fait aujourd’hui omniprésente, elle est normalement consubstantielle à l’activité des designers, plutôt soucieux d’aller à une solution mariant ergonomie et sobriété. Autant dire qu’ils sont aux avant-postes pour présager notre « futur » de plus en plus immédiat. c’est ce que montrent notamment Déjà là (co-commissariat de Anna Saint-Pierre) témoignant de la réutilisation et du recyclage au sens propre de matériaux ; Le devenir industriel (co-commissariat de Frédéric Beuvry) se focalisant sur l’apport « soustractif » du designer dans le process industriel, conférant le bon vieux dicton less is more des valeurs économiques et éthiques.
Sur un registre connexe, Minimum/Maximum (co-commissariat de natacha.sacha) interroge les possibilités de durabilité/réparabilité de plus en plus plébiscitées par les consommateurs… donc par les industriels. Sans viser à l’exhaustivité, on signalera encore deux autres propositions allant de pair : En mode hybride (co-commissariat de Laurent Massaloux), mettant en avant les filières de valorisation des déchets, comme le couple d’avenir high tech/low tech ; et puis le prometteur Design climatique (co-commissariat de Philippe Rahm) proposant des solutions tangibles et économes pour lutter contre les passoires énergétiques.
L’avenir du futur
Du côté de la Platine, un généreux gros plan est consacré à la création contemporaine arménienne, à l’occasion du jumelage de Saint-Étienne
avec la ville de Kaplan : En relief, créer en Arménie (il y aura d’ailleurs une journée thématique « Arménie, formes vives » le jeudi 22 mai pour approfondir la question).
Le lieu pérenne de la Cité du Design abrite également 16 workshops réunis sous le commissariat d’Éric Jourdan et un titre prometteur : Le droit de rêver. Artistes et designers invités y ont travaillé avec les élèves de l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne pour des résultats surprenants, déroutants ou enthousiasmants.
On citera Sans fin, l’objet (avec Jordan Madlon) qui explore les frontières infinies du sur-cyclage (ou upcycling) ; La fabrique de l’ennui (avec Julien Carretero) dont le concept, aussi poétique que vital, rappelle le besoin de se déconnecter ; Matières ultimes (avec Philippe Nigro) valorisant des chutes des usines Ligne Roset.
La matériauthèque est, quant à elle, fidèle à sa vocation en présentant La vitrine des savoir-faire de demain (commissariat Alexandre Peutin et Sonia Salen-Hedhibi en relation avec le réseau Villes créatives design de l’UNESCO), pistes concrètes pour anticiper davantage de sobriété. comptant d’autres événements et journées d’étude à Saint-Étienne, la Biennale ne manque pas à sa tradition d’essaimer sur le territoire métropolitain, mais aussi ligérien, avec notamment des expos en écho au Site Le Corbusier de Firminy (Nos pieds d’argile) au MAMC+ (Merveilles du design) ainsi qu’au musée d’Art et d’Industrie (L’ambition du beau). Tout un programme que même les triskaïdékaphobes vont adorer…
Informations pratiques :
Du 22 mai au 6 juillet halles Barrouin 3, rue Barrouin ; La Platine – Cité du design 1-3, rue Javelin-Pagnon ; Bancs d’essai place Waldeck-Rousseau – 42000 Saint-Étienne – www.biennale-design.com – 0/9 €.