En s’installant dans le quartier Auguste-Comte, Ligne Roset fait le choix de l’intime et du familier pour recevoir ses clients à la maison… littéralement. La marque a donné carte blanche à la designer et architecte d’intérieur Marie-Christine Dorner, qui signe une réalisation subtile et chic. Un regard singulier et créatif porté sur les collections, pour 120 m2 d’inspiration !
L’exercice est atypique, mais aussi réjouissant. La marque était depuis longtemps à la recherche d’un lieu comme celui-ci. Un lieu plus distancié du commerce direct. Un lieu d’inspiration, expérimental, qui ouvre des champs de réflexion, où travailler avec des architectes d’intérieur, à partir d’une proposition créative singulière, très contemporaine, et en même temps atemporelle, classique juste ce qu’il faut. J’ai eu carte blanche, raconte Marie-Christine Dorner. Une fois n’est pas coutume, la conception de l’espace est ainsi partie des meubles plutôt que des volumes. Ici, la designer/architecte d’intérieur a choisi un mix limité de pièces récentes et plus anciennes, en dehors des courbes des ventes en showroom dont la subtilité de la configuration et le caractère réside aussi beaucoup dans le choix des matériaux.
Par exemple ? Fauteuil et tables basses Astair de Pierre Charpin en cuir clair, marbre et piétement rouge, chaises Facett de Ronan et Erwan Bouroullec très claires autour de la table Odessa de Mauro Lipparini, bureau Tanis de Pierre Paulin… Dans le jardin d’hiver, l’architecte d’intérieur transfigure le canapé Confluences de Philippe Nigro, revêtu de velours côtelé rose poudré et lie de vin. Un petit boudoir, dans la chambre en alcôve, fait dialoguer le superbe miroir Good Vibes d’Ana Moussinet avec un fauteuil Élysée de Pierre Paulin, le lit Ruché d’Inga Sempé et les chevets One Shape de Marie-Christine Dorner. Cette approche « à rebours », poursuit-elle, pour composer une façon d’appartement, a été un exercice passionnant. J’ai choisi de travailler avec les finitions les plus luxes de Ligne Roset, dans des tonalités volontairement sombres et profondes, qui tutoient subtilement les peintures de l’Atelier Mériguet-Carrère, dont le magnifique vert Hubert. Mais pas que.
La créatrice a également invité la galerie lyonnaise Le Réverbère à imaginer une proposition photographique spécialement pensée pour le lieu, où les clichés construisent autant l’espace que les meubles et les couleurs. Là encore, les images de Bernard Plossu ou William Klein se répondent et interagissent avec d’’autres œuvres photographiques, à l’instar de la sublime série Dérives des rives de Beatrix von Conta, un regard singulier et des reflets construits, porté sur le paysage lyonnais et ses fleuves. Ici et là, flânent aussi quelques objets de famille, sous la lumière des suspensions et lampadaires signés Pierre Guariche, et récemment réédités par Sammode. Dans le salon, confortablement lové sur le canapé Phileas de Philippe Nigro, les pieds sur la table Lowlands de Böttcher & Kayser, nous passerions bien des heures à bouquiner les livres de photos disséminés dans la bibliothèque généreuse…