Direction le XVIe arrondissement de Paris. Au sommet d’un immeuble haussmannien, se déploie le tout dernier terrain de jeu de l’agence Baldini Architecture. Un duplex auréolé de textures enveloppantes, version carte blanche.
Avant de pouvoir démarrer l’aventure, les architectes d’intérieur Steve Baldini et son collaborateur Pierre-Jean Ricord, rencontré sur les bancs de l’école d’architecture d’intérieur de Marseille, ont visité nombre d’appartements aux côtés du client, avant de trouver la perle rare… encore enfouie sous les combles d’un immeuble haussmannien. Il était dans son jus ! Tout était à refaire, rien n’était en état. Les travaux ont été colossaux afin de pouvoir harmoniser les pièces de vie situées sur le plateau principal et les chambres sous mansarde, confirme Steve Baldini.
À l’aise dans son propos architectural – l’agence a déjà réalisé de nombreux restaurants pour le propriétaire –, Steve remodèle la configuration spatiale en phase avec les attentes d’un hôte séduit par son approche conceptuelle et esthétique sincère. Et cette sensibilité particulière aux matériaux, aux finitions et aux moindres détails, héritée de sa première vie ; l’époque où il évoluait dans l’univers de l’ébénisterie et de la marqueterie.
Dans cette palette très monochrome, nous souhaitions apporter une vibration avec cette patine crémeuse et ses notes minérales, très douces et apaisantes.
Table rase donc ! Le duplex reprend ses droits autour d’une nouvelle trémie hélicoïdale, avec une emprise au sol moindre afin de libérer les pièces de jour. Pour ne pas perdre de la hauteur sous plafond, les fluides et les gaines ont été directement intégrés dans les murs. Sans se départir des origines haussmanniennes, les architectes d’intérieur ont allégé cette empreinte, recréant de fines corniches et des cimaises enduites à la chaux, générant par leurs lignes tendues un jeu graphique subtil, une dynamique appuyée par le travertin, le marbre Calacatta et le chêne clair.
Dans cette palette très monochrome, nous souhaitions apporter une vibration avec cette patine crémeuse et ses notes minérales, très douces et apaisantes, souligne Pierre-Jean. Dès lors, les insertions de bronze ou de laiton, notamment sur les poignées ou les façades de cuisine dessinées, aimantent l’œil, guidant spontanément la circulation, tout comme cette partition inclusive de scènes tantôt géométriques, tantôt circulaires.
Nous avons optimisé chaque espace au millimètre près, tout en conservant notre fil d’Ariane.
Le mobilier design prolonge cette trame nuancée, à l’instar du canapé blanc comme neige Tufty-Time de B&B Italia ou de la table Intreccio de Potocco, en bois de frêne teinté carbone et sa base circulaire en laiton bronze. Tout comme les luminaires qui accompagnent, par leur présence métallique, chaque fonction. Une aura que l’on retrouve à l’étage, dans une dimension plus contemporaine, notamment sur l’agencement curvy aux façades cannelées ou dans les salles de bains des trois chambres.
Nous avons optimisé chaque espace au millimètre près, tout en conservant notre fil d’Ariane, précise Steve. Et en ouvrant au maximum les volumes sur l’extérieur et la vue sur la tour Eiffel, avec notamment la création d’un puits de lumière entourant d’un halo la trémie de l’escalier. Seule exception à cette carte blanche, la salle audiovisuelle ! Steve sourit : C’était l’un des souhaits sine qua non du propriétaire, qui voyage énormément. Il voulait une pièce style fumoir anglais avec une dimension ethnique ! Sans tomber dedans et sans nous défaire de notre ligne de conduite, nous avons insufflé cette dynamique sur le panneautage en bois cintré et sur le motif de la moquette qui réinterprète le dessin de certains soubassements de façades parisiennes.
Un état d’esprit qui témoigne de l’univers de l’agence Baldini Architecture, évoluant entre Nice et Paris, avec cette volonté de concevoir des projets personnels qui suscitent de l’émotion et répondent avec créativité aux exigences de tout un chacun.