350 m2 entièrement vides ! De toute pièce, l’Atelier Giffon a créé une « âme chalet », évoluant autour des seules contraintes architecturales existantes, la coque, l’escalier et les fenêtres. Par strates, l’architecte d’intérieur a su repousser les limites structurelles imposées, pour aller chercher l’authenticité avec un grand A.
Nous avons pris le parti d’asseoir au maximum la présence du vieux bois, jusqu’à recréer l’illusion d’une charpente structurelle.
Travaillé par strate, l’ameublement, sélectionné avec soin, s’inscrit comme un acteur majeur dans la configuration scénique et fonctionnelle de cette réalisation.
Une volonté de singularité jusque dans la conception lumière particulièrement aboutie.
Spirale contemporaine autour du vieux bois
Pour comprendre la démarche de l’architecte d’intérieur, il faut revenir au contexte originel. À l’époque, tout était brut de béton, sans une once de vieux bois ! Les propriétaires souhaitaient tout le charme de la montagne, confie Rémi Giffon. Une condition sine qua non ! Nous avons donc pris le parti d’asseoir au maximum l’omniprésence du matériau noble, jusqu’à recréer l’illusion d’une charpente structurelle. Un travail minutieux, réalisé par la menuiserie Maison Léger. Afin d’optimiser les précieux mètres carrés et de répondre aux exigences des propriétaires, l’architecte d’intérieur a pris le parti d’absorber dans sa conception la trémie prévue originellement pour l’ascenseur.
Un gain d’espace, sans rien sacrifier à la générosité spatiale, qui lui a permis de composer les six chambres en suite demandées ainsi que l’espace wellness et la pièce favorite des hôtes : la « salle raclette » ! Rémi Giffon se souvient : Les propriétaires avaient particulièrement apprécié, lors d’un séjour, un espace atypique dévolu aux spécialités montagnardes. De cette envie est née cette pièce bonus, adjacente au skiroom, pour profiter d’un moment spontané après-ski ou de soirées gourmandes… Dans la configuration, le niveau supérieur est dévolu aux pièces de jour, pour capter un maximum de lumière naturelle traversante et récupérer la volumétrie sous faîtage.
Ce plateau totalement ouvert favorise cette dimension conviviale chère aux propriétaires, tout en multipliant l’évolution des usages selon les activités de la journée et de la soirée. Déployées avec générosité autour du mur structurel central, les pièces de vie se dévoilent pas à pas. Elles témoignent du contraste omniprésent entre la chaleur du bardage et la modernité graphique du dessin propre à l’agencement – à l’instar de la cuisine Boffi, qui confronte au matériau noble la modernité de l’inox Durinox en façade et sur le plan de travail.
Mise en abyme
Travaillé par strate, l’ameublement, sélectionné avec soin, s’inscrit comme un acteur majeur dans la configuration scénique et fonctionnelle de cette réalisation. Par ambiances, il répond ainsi à un souhait des propriétaires : des espaces aux consonances décoratives éclectiques. Rémi Giffon confirme : Le côté authentique du chalet passe légitimement par le vieux bois. L’agencement et le mobilier interviennent comme renforts contemporains, évoluant selon les niveaux. En effet, l’architecte d’intérieur a poussé cette exigence loin dans le détail.
Chaque étage a sa propre identité avec en prime des scènes à l’intérieur des scènes, l’ensemble cimenté par cette relation fusionnelle : authenticité/confort/modernité. Les six chambres et leurs salles de bains attenantes en sont le parfait exemple. Elles mettent en avant des ambiances différentes plus féminines ou masculines selon les équipements choisis, le mobilier ou les rideaux (confectionnés par Le Galetas), propres à chacune. Tout comme les pièces d’eau qui s’illustrent par l’intégration de décors céramiques grands formats, changeants.
On retrouve cette volonté de singularité dans les finitions et la conception lumière particulièrement abouties. L’appareillage Art d’Arnould arbore un traitement métallique distinct selon les étages, à l’instar de l’éclairage – conçu par l’Atelier Giffon en collaboration avec I Light You – qui n’est plus seulement pragmatique, mais presque théâtral, venant souligner le dessin d’une poignée, insuffler une dimension aérienne à l’escalier, arrondir les angles de l’espace wellness. Ce dernier, situé au niveau inférieur, prône une ambiance nature, entre neige et forêt. Clou du spectacle, la salle home cinema s’habille de noir, de pied en cap, surprenant une fois de plus… Et quelle surprise !
La première suite reflète cette volonté de disparité dans le traitement des ambiances.
À l’étage inférieur, une autre suite dévoile une atmosphère différente, illuminée par un trompe-l’oeil rétroéclairé, imaginé par l’architecte d’intérieur, idéal pour les espaces sombres.
L’espace wellness oscille entre la pureté de la neige et la chaleur sylvestre.
L’art de surprendre jusqu’à la dernière scène…
« L’architecture intérieure de montagne est un voyage, une ascension. Elle réside dans le subtil mélange d’une optimisation des espaces à la recherche d’équilibres de lignes et de proportions. C’est également une quête de l’authenticité, à laquelle s’ajoute une dimension culturelle d’une référence artistique.
En d’autres termes, l’architecture intérieure se fonde sur le ressenti, qui lorsqu’elle est réussie, s’exprime, par un mot international et universel « wahou » ! »
Rémi Giffon architecte d’intérieur souvent sur les sommets. Photographe Sabine Serrad.
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Photographe Studio Erick Saillet.