85 ans et toujours une âme de jeune fille ! Cette demeure édifiée en 1934 dans la plaine de l’Ain a retrouvé un nouveau souffle nourri par l’architecte d’intérieur Jorge Grasso et la décoratrice Alexia Grasso. Ensemble, ils ont réveillé les trésors Art déco tapis dans l’ombre. Renaissance.
Une aura préservée
Voici donc les nouveaux quartiers d’Alexia et Jorge Grasso, couple à la ville comme au travail ! Au total, 350 m2 répartis sur quatre étages. Entre les mains de la même famille depuis sa construction, la bâtisse, inoccupée depuis de nombreuses années, a su certes conserver ses attraits, mais dans un état plus que vétuste. Il fallait donc bien le regard de professionnels en la matière pour lui redonner son lustre d’antan ! Le plan originel était très intéressant, explique l’architecte. Les pièces sont très équilibrées, avec des proportions à échelle humaine, qui absorbent le nombre de mètres carrés. Naturellement, c’est une maison dans laquelle on se sent bien. Nous avons donc pris le parti de conserver les volumes initiaux. Les éléments patrimoniaux ont fait l’objet d’une attention toute particulière. Ainsi, les ferronneries et les boiseries, dans un pur style Art déco, ont retrouvé leur esthétique première.
Les pièces sont très équilibrées, avec des proportions à échelle humaine, qui absorbent le nombre de mètres carrés
À l’instar du sol ou le tapis de céramique distribuant l’ensemble du niveau principal. Composé de tesselles de ciment de 10 x 10 mm, imitant à dessein la pâte de verre, il donne le ton. Pour Jorge Grasso : le témoin d’une époque où les savoir-faire étaient synonymes d’une exécution minutieuse. L’escalier a été conçu dans cette veine. En bois de chêne, il a été entièrement fait à la main, sur place. Ses courbes montantes et tournantes sont le fruit d’un travail qui aujourd’hui ne peut être égalé par les machines. Nous souhaitions dans notre intervention rendre hommage à ces différents ouvrages, les dénaturant le moins possible. Dans cette volonté de garder l’aura stylistique, les huisseries, remplacées pour un meilleur confort thermique, ont été réalisées sur-mesure en bois avec des traverses en partie haute, comme à la belle époque. Les corniches, les stylobates, les chambranles, les parquets, les cheminées en marbre, jusqu’aux lustres en laiton d’origine, ont été patiemment nettoyés et rénovés au besoin.
Le bleu, trait d’union
Véritable liant, le bleu-gris fait référence au bleu gustavien suédois. Avec sa finition velours matifié, ce coloris enveloppe tous les étages, à la fois doux et profond, s’amusant tour à tour à se fondre dans le décor ou à s’intensifier. Dans son ADN, il ajoute une note contemporaine qui s’accentue au contact de la cuisine. Cette dernière, dessinée par l’architecte et réalisée par le menuisier At’Home Perspectives prend le parti de la modernité. Revêtue de Corian®, elle concentre toute son attention sur le jardin, sans jamais rompre avec le style des pièces voisines. Puis, la chromatique nous guide jusqu’à l’étage, où elle redouble de vigueur dans la master suite. À propos, elle vire au bleu nuit sur les murs et le plafond, pour mieux faire ressortir la cheminée auréolée du marbre de Sarrancolin. Avant de retrouver la teinte scandinave dans la salle de bains attenante, sur les façades du meuble-vasque et de la jupe de bain. Parfaitement équilibrée, cette réalisation oscille entre deux époques comme s’il en avait toujours été ainsi.
Cette réalisation oscille entre deux époques comme s’il en avait toujours été ainsi.
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Photographe Frenchie Cristogatin.