En ce lieu, le dessin conceptuel reprend ses droits, tracé avec minutie par l’architecte d’intérieur Candice Bruny. Aiguisé par le travail des matières et des matériaux, il devient le contrepoids stylistique d’un duplex au demeurant prosaïque. Redistribution, agencement et décoration… Nouveau dress code.
Plusieurs styles…

Pas trop contemporain, surtout pas suranné, chaleureux, mais sans excès… C’est avec ces souhaits que l’architecte d’intérieur a refaçonné l’essence esthétique de cet appartement de 120 m2. Si l’esprit campagne chic lui apparaît comme une évidence dès le premier contact avec les propriétaires, Candice Bruny s’est par la suite affranchie du style pour mieux en développer un nouveau, souligné par le bois, le métal et le textile. L’appartement avait été aménagé de manière simple et moderne, sans tenir compte des trois composantes originelles particulièrement fortes et totalement disparates : le mur en pierre, la cheminée ceinturée de travertin et l’escalier en acier, qui ont séduit les propriétaires, se souvient Candice Bruny. Tout l’enjeu était de les valoriser, tout en absorbant les styles éclectiques émanant de chacun – campagne, industriel et méditerranéen – à travers une atmosphère cohérente. L’architecte d’intérieur a donc appuyé son raisonnement conceptuel et décoratif sur ces trois données afin de les réunir autour d’une palette de matériaux et de couleurs harmonieuse, tout en affirmant une identité propre.
… une seule narration
Ainsi, les scènes s’expriment avec cohérence, évoluant autour d’un agencement sur-mesure et d’un ameublement choisi en résonance. En réalité, tout est parti de la chambre, confie Candice Bruny. Les propriétaires m’ont sollicitée pour redistribuer la zone nuit, en intégrant deux chambres et une salle de bains généreuse, inexistantes jusque-là. La pierre jaune apparente et le parquet point de Hongrie m’ont conduite spontanément à travailler des matériaux et des matières naturels. La tête de lit voit ainsi le jour en chêne teinté magnifié par le contact de la toile de jute, réalisée de main de maître par la menuiserie Garlant. Elle ouvre la voie au dressing, habillé d’un tissu métallisé, déniché chez Véronique de Soultrait. L’ensemble valorisé par une teinte vert-bleu. À l’origine, les propriétaires souhaitaient un bleu plus affirmé. Ils m’ont fait confiance pour dévier sur cet entre-deux, en adéquation avec le nuancier élaboré. Dans ce sillage chromatique, la nuance cognac est spontanément ressortie en même temps que le laiton vieilli liant par petites touches sur le mobilier et les luminaires l’intégralité des pièces. Un fil d’Ariane que l’on retrouve dans le salon, twisté sur les compositions murales aussi esthétiques que fonctionnelles. Ces dernières dialoguent pertinemment avec le mobilier, devenant des éléments de décoration à part entière, flattées par le placage bois effet noyer et le papier peint discret qui sophistique l’ensemble.
Des compositions murales sur lesquelles s’appuie une décoration avertie.

Quel que soit le point de vue, les assises ont toujours le juste profil.
La teinte minérale est à l’origine du nuancier chaud et lumineux.
Véritable pièce d’orfèvre, dessinée par Candice Bruny, la tête de lit donne le ton décoratif.
Une palette de matériaux et de couleurs aussi diversifiée qu’harmonieuse.
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Photographe Studio Erick Saillet