Sur fond de style haussmannien, cette réalisation de 225 m2 se poudre d’une atmosphère aux teintes sourdes, élégamment travaillées autour de perspectives fuyantes et d’un ameublement aux consonances italo-scandinaves. Ni plus ni moins dans la pure sophistication, cet appartement bourgeois, bousculé par la décoratrice Vanessa Droin, écrit son propre langage contemporain. Arrêt sur image.
Dans une autre vie, Vanessa Droin évoluait dans le monde du commerce avant de se faire rattraper par le virus de la décoration. Pendant six ans, cette autodidacte passionnée a appris son métier dans un grand cabinet d’architecture genevois, en qualité de décoratrice. Aujourd’hui, de retour à Lyon, elle montre à travers cet appartement que sa nouvelle orientation professionnelle a été le bon choix ! Sollicitée par les propriétaires, Margot et Fabien, elle a insufflé toute son expertise dans le remaniement complet des volumes.
L’essentiel était déjà là, confie Vanessa Droin. Bien que vétuste, ce lieu avait été pensé pour que ses occupants se sentent bien ! On devinait les perspectives traversantes. Il fallait juste les révéler… Pour ce faire, la décoratrice a réduit l’entrée, toujours impressionnante, afin de dissimuler – comme l’intégralité de l’agencement sur-mesure – derrière la nouvelle cloison, un dressing invité, créant une échappée transversale entre le côté cour, où se situe la chambre parentale et les pièces de jour, côté rue. Les propriétaires venaient juste de quitter leur maison au bord d’un lac !
Leur inquiétude première, en venant s’installer dans le centre-ville de Lyon, était de ressentir un sentiment d’enfermement. Le travail de redistribution des pièces a permis de remodeler, en créant de nouvelles lignes de fuite axées sur les ouvertures et de pair générant de la profondeur, explique Vanessa Droin. Ainsi, de toute part, le regard est attiré par la lumière naturelle. Ce nouveau jeu de cloisons apporte une dimension contemporaine, contrebalançant les éléments patrimoniaux. Le charme même du lieu a été conservé avec soin, souligne la conceptrice.
Nous avons pu préserver et remettre en état les stylobates, les moulures, les radiateurs, quelques parquets, les portes et bien évidemment les cheminées en marbre, particulièrement généreuses, à la hauteur du style haussmannien. Du point de vue de la décoration, tout est parti de la cuisine modèle Xila, et cela pour deux raisons : Margot et moi-même sommes sensibles à l’univers architectural de Piero Lissoni. Choisir la marque Boffi, dont il est le directeur artistique, était donc pour nous une évidence !
Et, lors de sa conception, la teinte gris mat a été l’élément déclencheur dans mon travail de la couleur. Nuancés, avec parfois une touche de jaune, une pointe de bleu, basculant sur le grège, trois gris s’approprient les volumes. Côté mobilier, Vanessa Droin a eu carte blanche. Chaque meuble a fait l’objet d’une réflexion particulière, tout autant que les matériaux et les dimensions, adaptées aux proportions des volumes, avec un design pur et sophistiqué, simple et chaleureux. Soit, la définition de cette réalisation.
La teinte gris mat sur les façades de la cuisine a été l’étincelle chromatique.
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Photographe Erick Saillet