La maison s’inspire du monde hôtelier. L’hôtellerie, de l’univers résidentiel et du bureau. Ce dernier, quant à lui, pioche dans tous ces codes, les absorbe, les digère, les déchiffre et les retranscrit avec un tout nouveau langage.
Non sans quelques consonances anglaises : open space, flex office, space break, smart room, desk sharing… Hybride, son propos conceptuel, stylistique et esthétique s’attache à des critères résolument humains, entre ressenti et bien-être. Les espaces de travail sont ainsi repensés, sous le joug d’une totale flexibilité et d’une modularité, qui répondent aux exigences actuelles d’évolutions salariales, d’organisations managériales et, pour ce qui est du micro-zoning, à la liberté de mouvement des collaborateurs.
Pour ce faire, l’ameublement apprivoise la spatialité avec de toutes nouvelles partitions, privilégiant la multiplicité des postures et l’ergonomie. Les échanges collectifs sont au centre de toutes les attentions et entraînent l’individu au cœur de l’entreprise, au profit d’un échange démultiplié, favorisant le flux d’informations transversal entre les différents services. Et ce, sans perdre de vue la concentration, avec des apartés en groupe, pour des immersions collaboratives ou en solo avec des zones confidentielles, matérialisées par des microarchitectures ou encore des box ceinturés de revêtements acoustiques redoutables. Puisque, dans ces espaces décloisonnés, le confort acoustique doit être de premier ordre.
Et dans ce domaine, le mobilier ne manque pas de ressources : séparateurs mobiles de bureau, luminaires, paravents, canapés alcôves, systèmes organiques, programmes autoportants… Les typologies de conception laissent ainsi aux collaborateurs une totale liberté dans la colonisation de ces scénographies plurielles. Dans cette veine conceptuelle, l’approche même de la vie au bureau s’est littéralement transformée, changeant notre regard sur un univers, qui a su ouvrir son esprit.
Les codes domestiques
Férue de design et d’art, Claire Romanet, fondatrice d’Elaee, a insufflé ses passions dans chaque mètre carré de son bureau/appartement. Séduite par les capacités du lieu, cette « créatrice de contact » a investi les lieux à son image et de pair à l’effigie de sa société, spécialisée dans les métiers de la communication. Oscillant le plus souvent entre Paris et Lyon, son bureau et ceux de ses clients, Claire Romanet souhaitait un espace de travail « comme à la maison » où les collaborateurs et les candidats au recrutement pourraient évoluer dans une atmosphère bienveillante.
Pour ce faire, elle a fait appel aux talents d’une jeune architecte, Armelle Carron, afin de réinterpréter le propos conceptuel de cet appartement, dans son jus depuis 40 ans, pour ne conserver que l’ossature et les boiseries. De leur étroite collaboration a germé l’idée de la boîte. Transversal, ce cube, en medium aux reflets dorés, transperce littéralement les murs de l’ancienne chambre, créant une nouvelle perspective. Par cette dynamique, il casse la ligne de fuite du couloir et dissimule au regard les sanitaires, la salle de bains et un espace supérieur accueillant un lit, nécessaire pour loger les collaborateurs nomades. Je souhaitais un compromis entre le bureau et l’appartement. Ce volume oblique permet d’atténuer les codes domestiques et d’optimiser les lieux, pour laisser un maximum de place aux espaces de travail, explique Claire Romanet. À cela s’ajoute la sensibilité de la fondatrice pour les couleurs, réveillées par des aplats chamarrés. Sans omettre le mobilier, les luminaires, les objets chinés et bien sûr les œuvres d’art, choisies avec beaucoup d’attention par Claire Romanet, qui distillent l’aura même d’Elaee. Je ne voulais pas surprendre, mais juste créer un cadre chaleureux.
L’art de coloniser
Partant du principe que les idées sont la monnaie de la nouvelle économie et que la créativité n’est pas l’apanage des milieux artistiques, mais bien au cœur du propos entrepreneurial et managérial actuel, le LINC de Steelcase est un prototype, à même d’inspirer et de faire évoluer les espaces de travail. Fruit de nombreuses recherches développées par l’entreprise (bien-être, intimité, engagement, concentration au travail ou encore créativité), il s’érige comme un lieu archétypal, un terrain de jeu pour créer.
La première initiative conceptuelle prend sa source dans un décloisonnement total afin de favoriser les échanges extra-services. Des ingénieurs, aux designers, en passant par les space planners, les chercheurs, les marketeurs… tous les postes interagissent les uns avec les autres, mixant les compétences. Côté aménagement, la multiplication des typologies d’espaces (formels, informels, open space, lieux cloisonnés…) privilégie un mode de travail mobile, loin du bureau attitré. Les collaborateurs évoluent dans un lieu « à la carte », qui engendre naturellement du mouvement et de pair favorise les rencontres. À cela s’ajoutent, les Creative Spaces, des écosystèmes immersifs qui, via un partenariat avec Microsoft, concentrent des solutions innovantes au service des créateurs.
Les dirigeants suivent le rythme, regroupés dans un espace commun nommé « Leadership Community Space », accessible au reste de l’entreprise. Les flux de circulation, matérialisés par des passerelles, des couloirs généreux et un escalier monumental ouvert, participent à cette volonté de connexion, tant architecturale qu’humaine. Tandis que le WorkCafé, symbole de socialisation, de détente, d’échanges et de travail informel, invite à faire une pause, loin de la connotation farniente ! Et les espaces de travail dans tout ça ? Là encore, Steelcase a attiré son attention sur le ressenti des collaborateurs, à son sens longtemps ignoré. Pourtant un facteur primordial pour susciter un travail productif. L’entreprise s’est rapprochée des codes domestiques et tout particulièrement de ceux du lounge, à travers un design bannissant des locaux les déjà-vu. Assis, debout, allongé, il suit les postures, les accompagne dans une démarche de bien-être.
Le langage architectural
Le fondateur de l’Atelier ASB+, Sébastien Barthe, a conçu ses bureaux au plus proche de ses valeurs conceptuelles et humaines. Imaginée comme une maison, cette réalisation exemplaire avait pour volonté d’accueillir une équipe grandissante, aujourd’hui constituée de huit collaborateurs, dans un espace généreux, aux vertus environnementales axées sur l’échange et le confort. Mais également de montrer la créativité de l’agence. Certifiée passive, la construction incarne l’esprit de l’Atelier et dessine les contours d’une vision architectonique qui explore son environnement.
L’imbrication des volumes est en phase avec la colline et le panorama, offrant aux trois niveaux un accès privilégié de plain-pied. L’alternance du béton et du bois participe à cette dynamique, ponctuée d’une rythmique d’ouvertures, sporadique en façade nord, continue côté sud, pour mieux capter les apports calorifiques du soleil et de pair les points de vue sur Vienne et sur le Rhône. À l’intérieur, l’esthétique cubique laisse place aux courbes, avec un accueil majestueux, reliant, via une rampe en spirale, l’étage supérieur où trône la salle de réunion. Les bureaux, en open space, se déploient sur une surface généreuse, en lien étroit avec la terrasse.
L’agencement sur-mesure, à l’instar de la table de réunion réalisée par La Fabrique, joue sur la luminosité du bois clair, rehaussée par une moquette rubis, participant au confort acoustique et thermique. Au sous-sol, les coulisses de la « machine passive » se dévoilent. Aux triples vitrages, aux brise-soleil orientables, à l’éclairage LED, à l’étanchéité de l’enveloppe poussée à son paroxysme, à la VMC double flux, s’associe une chaudière alimentée par un silo à pellets. Résultat, une température constante toute l’année. Cette construction synthétise en un mot l’esprit de l’Atelier : le dialogue. Le dialogue architectural avec le paysage, celui entre les collaborateurs et l’échange avec les clients et leurs projets.
Fusion des volumes et du mobilier
Nouveau siège de Boehringer Ingelheim, dédié à la Santé Animale, réalisé par Altarea Cogedim. Conçu par l’agence d’architecture Scau, le bâtiment s’inscrit comme le plus grand bâtiment tertiaire labellisé Bepos. Jean-Philippe Nuel signe l’architecture d’intérieur, axée sur la nature, favorisant l’apport de la lumière, les formes organiques, sculptées dans le volume architectural et la fluidité des circulations comme en témoigne cet espace intermédiaire, entre le hall d’accueil et l’accès aux espaces de travail. ©G. Aymard, J.-P. Nuel, SCAU, Altarea Cogedim, Boehringer Ingelheim, Dr