Avec la Comédie-Française et le Louvre pour terrain de jeu panoramique, cet appartement ouvre ses horizons haussmanniens, sous l’impulsion de Fanny Rozé. L’architecte a su rebattre les cartes ornementales et fonctionnelles pour proposer une nouvelle flânerie esthétique et chromatique. Diapason.
En fondant son agence il y a une dizaine d’années, Fanny Rozé a pris le parti de fusionner toutes ses compétences et d’élargir son champ des possibles. À l’aise aussi bien dans le macro que dans le micro, de l’immeuble à la chambre jusqu’à la création graphique, le mobilier ou encore le design textile, Fanny jongle avec les échelles, qu’elle adapte avec brio dans le résidentiel, l’un de ses terrains de prédilection.
J’apprécie tout particulièrement cette relation avec les clients, les accompagner, comprendre leurs besoins et les mettre en musique à travers notre propre interprétation. Puis, concevoir des univers intimistes dans lesquels les familles qui nous font confiance se sentent profondément chez elles, confirme l’architecte. Ici, aux côtés de Rosa et Gilles, l’architecte redonne du sens à un quotidien en quête de sensations d’espace.
L’appartement était en bon état, se souvient l’architecte. Nous avons préservé et restauré la majeure partie des corniches, des moulures, des boiseries et des parquets chevrons. Même si nous avons exploré toutes les pistes possibles, afin d’ôter tous doutes, nous avons respecté la volumétrie sans chahuter la disposition originelle parfaitement adaptée.
Je suis particulièrement attentive aux perspectives et au prolongement du regard, ici maîtrisées par la couleur.
Une intervention délicate, donc, qui dissimule néanmoins une grande technicité. Jouant au maximum sur la perspective en enfilade du salon, de la salle à manger et de la cuisine, la conception s’attelle à démultiplier cette profondeur de champ, tout en marquant les fonctions par un jeu de couleurs crescendo. Je suis particulièrement attentive aux perspectives et au prolongement du regard, ici maîtrisées par la couleur, souligne Fanny.
Dans la subtilité des nuances poudrées Farrow&Ball, coordonnées aux textiles, les pièces de jour glissent graduellement du beige-jaune au vert pour évoluer vers un bleu soutenu sur les façades Fenix® de la cuisine. Une variation de teintes à l’origine de scènes qui s’individualisent progressivement tout en étant interconnectées. Le mobilier nous a permis d’asseoir ce dialogue, à l’instar des tapis, et de jouer avec les palettes qui se répondent et interagissent imperceptiblement. Nous retrouvons ainsi le vert de la salle à manger sur la texture d’un fauteuil du salon, le liseré d’un coussin… et vice versa. Ce sont ces détails qui composent un environnement équilibré.
Le mobilier nous a permis d’asseoir ce dialogue, à l’instar des tapis, et de jouer avec les palettes qui se répondent et interagissent imperceptiblement.
De ces correspondances émergent une harmonie, une unité qui s’expriment également par l’ajout de pièces de design dessinées pour l’occasion. L’essentiel de notre travail est de façonner un univers qui ne ressemble à aucun autre, poursuit l’architecte. Ces éléments sur mesure – tels la paroi séparative du vestibule travaillée avec un ferronnier d’art, l’agencement menuisé, les miroirs de la chambre et du salon, façonnés par un artisan-miroitier ou encore le tapis de la salle à manger tufté main par la manufacture Pinton pour ce projet – ont permis de porter cette réalisation vers sa dimension la plus personnelle.
L’ajout d’une chambre et d’une salle de bains ainsi que la création d’une master suite digne de ce nom accompagne le propos conceptuel, porté par des couleurs toujours onctueuses, mais plus automnales, en quête de cette douceur de vivre qui caractérise l’ensemble du projet.