De retour dans la Capitale, Nathalie Rives, la plus Parisienne des Lyonnaises et vice versa, swingue désormais entre la Seine et le Rhône. Juste avant son départ, nous l’avons retenue quelques jours de plus dans son appartement place Bellecour, pour nous parler de ses trois clefs de sol : la couleur, le vintage et l’art. Partition élémentaire.
Personnalité vitaminée oblige, l’appartement de cette chineuse invétérée figure l’antre d’une galerie, d’une brocante, d’un joyeux mix où chahutent ses différentes passions. La première, évoquée d’emblée, demeure bien évidemment son appétence pour les nuances chromatiques, choisies tant dans les archives que dans les peintures actuelles de la marque Farrow & Ball.
Son modus operandi ? Oser la couleur !, martèle Nathalie Rives. Il ne faut surtout pas la craindre, elle est plus efficace que tous les antidépresseurs réunis ! Elle permet de créer ce précieux contraste essentiel à tout intérieur. Ainsi les 200 m2 s’enveloppent de teintes naturelles conviant à domicile des éléments vitaux : l’eau, la terre et le végétal. Spontanément, les éléments se sont mis en ordre de marche. Les bleus côté chambre, les kaki dans le salon et, au milieu, les teintes minérales, avec le brun, un charcoal, et le marsala.
Notes chromatiques, vintage et artistiques composent ce bouquet décoratif.
Véritable synapse entre l’architecture et la décoration, cette palette talonne, dans son instinct nuancé, la lumière naturelle ou son absence. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les couleurs sombres donnent davantage d’ampleur aux pièces borgnes, pour faire d’un défaut une qualité. À l’inverse, les ambiances exposées préfèrent les coloris clairs, intensifiant la luminosité.
Non sans suivre de très près les coloris des cheminées. Que ce soit dans la cuisine, dans le salon ou dans la chambre… ces dernières témoignent par leur présence marbrière des styles autant Empire qu’Art déco qui ont incarné ce lieu. Côté mobilier, on navigue à travers les années 1940, 1950, 1970, etc. Une identité vintage à la mesure de son temps que la galerie lyonnaise et l’agence d’architecture d’intérieur Nathalie Rives a faite sienne. Et ce, sans passéisme ! La décoratrice ouvre son spectre stylistique aussi bien au design qu’à l’art contemporain.
La couleur convoque les éléments, l’eau, le végétal et la terre.
Une exploration qui commence dès l’aube – depuis, semble-t-il, toujours – tant chez les antiquaires de New York, qu’aux puces de Saint-Ouen, du Canal, dans les boutiques d’Arles et les brocantes égrenant chacune de ses escales. Nathalie chine, débusque, décèle, restaure, d’un coup d’œil affûté, ses perles rares disséminées de-ci de-là dans ses projets résidentiels, hôteliers et bien évidemment ici même !
L’âme d’un intérieur passe par des mélanges heureux, des œuvres d’art, des livres, des tableaux, des objets… Et par ce que j’appelle ces « accidents décoratifs », qui nous empêchent de tomber dans l’effet showroom. Cette façon de décaler de manière très élégante une atmosphère, en twistant les époques, en associant les matières, les teintes de bois… Il n’y a pas plus chic qu’un désordre arty. Mais sans snobisme ! Tant qu’il y a du goût, le beau peut venir de toute part. D’un jean Zara porté avec un sac Hermès à l’épaule !
Il n’y a pas plus chic qu’un désordre arty !
Loin du total look donc, cette collectionneuse « de petits riens et de grands touts » mêle volontiers dans ce mariage de cœur des appliques AM.PM, des objets Monoprix, un bahut signé André Sornay, des assises Crate & Barrell ou Ralph Lauren recouvertes de tissus Dedar et convoque dans son sillage, peintres, sculpteurs et designers d’hier et d’aujourd’hui. Une mise en bouche avant de découvrir prochainement sa deuxième agence hexagonale, à Paris ! À suivre…