Dans sa vision vertigineuse, cette demeure, érigée au début du XXe siècle, arbore une silhouette rajeunie, projetée sur les toits lyonnais. Une interprétation moderne des styles Renaissance et Art déco, insufflée par les agences Archiplus Damien Declerieux et Atelier DiTO. Prise de hauteur.
Partant de loin, de très loin… tant dans l’état de vétusté que dans le temps, les concepteurs ont repensé l’intégralité de cette maison suspendue dans les airs depuis 1905. Tour à tour agrandie en 1947 puis retapissée de moquettes, de PVC à bulles et autres matières phares des années 1980, elle était le théâtre d’un curieux mix informel, toujours dans son jus lorsque les propriétaires, Jeanne et Louis, ont entrevu les contours de leur futur havre de paix. Parce que oui, dans ce méandre disparate nivelé sur cinq étages, il fallait pouvoir se projeter au cœur d’une maison de famille à la fois accueillante et chaleureuse !
Pour dompter cette verticalité : Diane de Soras et Thomas Soulier, duo pétillant de l’Atelier DiTO aux commandes de l’architecture d’intérieur ainsi que de la direction artistique et Damien Declerieux à la manœuvre architecturale minutieuse. En comptant les propriétaires, dix mains donc – et il n’en fallait pas moins ! –, pour réécrire l’histoire de cette maison bousculée par les styles et les époques. Dès les prémices, la démarche commune converge vers une « table rase » de rigueur ! Exit le crépi noirci, les balcons étroits aux colonnes massives, au profit d’une structure acier aux subtiles colonnades, collerettes et rosaces inspirées des années 1920.
Entièrement repensé, l’espace intérieur s’accorde avec le panorama lyonnais et les pièces de design iconiques.
Tout est parti d’une photo que nous a montrée Jeanne, soulignent Damien et Diane. Celle représentant les balustrades emblématiques de l’hôpital Debrousse. Soit, le point de départ de ces grandes coursives, extensions abritées et piquées dans la façade, à même de matérialiser un extérieur digne de ce nom ! Pour édifier ces « enfilades complémentaires » à la hauteur des exigences du couple, Damien n’a pas hésité à découper la façade originelle, pour créer de pair un nouvel art de vivre. Cet ouvrage métallique à la teinte gris-beige s’inscrit ainsi comme le fil d’Ariane de l’ensemble de la réalisation, évoquant avec maestria le style Art déco subtil.
Thomas Soulier confirme : Ici, le rapport entre intérieurs et extérieurs est primordial. Ils ont d’ailleurs été imaginés de concert, sous forme de points de vue transverses et linéaires, rythmés par les huisseries agrandies, voire rajoutées, et les portes cintrées, conçues de toutes pièces par les ateliers CréAcier. Un travail remarquable ciselé par Damien Declerieux qui a permis de valoriser la demeure, de générer des perspectives et des fonctions en lien avec l’esthétique des lieux. Sans omettre la lumière naturelle, décuplée, travaillée ici comme un élément architectural à part entière.
Travaillé comme un objet architectural et décoratif, l’agencement participe à l’éloquence des lieux.
Intra-muros, tout a été mis à nu, allant jusqu’à changer les accès extérieurs afin que les pièces de jour, situées aujourd’hui au centre de la bâtisse, trouvent leurs aises en lieu et place des chambres originelles et de l’ancien garage, absorbé pour l’occasion. En deçà, siéent la master suite et le bureau. Tandis qu’au point culminant et au sous-sol se déploient respectivement les chambres d’amis/le salon loisir et la cave à vin/le studio/le jardin d’hiver. Une disposition ingénieuse permettant d’insuffler à chaque étage une autonomie totale, tout en concentrant les pièces les plus usuelles au centre des considérations.
Entièrement désossés, les volumes ainsi libérés de tout heurt visuel témoignent d’une rénovation de grande ampleur, préservant le plus d’éléments patrimoniaux remarquables, tels le majestueux escalier en pierre décloisonné, les carreaux ciment marquant les paliers et quelques parquets. Tout en incorporant un confort ultramoderne, tant acoustique que thermique, avec l’insertion notamment d’une VMC double flux.
Dans la verticalité et l’horizontalité, la demeure convoque la création à chaque étage.
Le confort ne se définit pas seulement par la dimension visuelle, souligne Thomas. C’est avant tout un sentiment de bien-être, quelle que soit la pièce dans laquelle on évolue. Un travail rendu possible grâce à l’implication des artisans les entreprises impliqués, à l’instar de AC2R. L’agencement millimétrique, dessiné par l’Atelier DiTO en lien étroit avec La Fabrique, participe à l’ergonomie des lieux. Pensé avec minutie pour cohabiter avec la collection d’œuvres d’art et de pièces de design chère au couple, il a fait l’objet d’une attention toute particulière.
Nous avons optimisé le moindre recoin, afin de privilégier des murs-objets, à l’instar de la bibliothèque centrale ou encore les niches décoratives séparant la salle à manger de la cuisine. Cette dernière concentre un maximum de rangements, notamment sous les banquettes, pour émanciper la pièce de tous modules supérieurs et favoriser l’intégration artistique et décorative. La circulation s’équilibre avec maestria à travers une symbiose géométrique tant verticale qu’horizontale. Ainsi, le plus infime élément a été pensé comme un tout, redonnant à cette demeure oubliée un avenir, une intemporalité.
Architecture : Archiplus Damien Declerieux
Architecture d’intérieur : Diane de Soras et Thomas Soulier – Atelier DiTO