Quand il s’agit du choix de la couleur et des finitions, la vraie question est : comment aborder ce propos chromatique au sein de son propre univers ? Vincent Vallée, expert couleur au sein de Little Greene, répond sans détour.
Des intérieurs blancs, il en existe des milliers ! Mais le vôtre peut faire la différence ! dixit Vincent Vallée. La couleur est un prolongement de soi et offre l’opportunité d’exprimer sa personnalité. Depuis 25 ans, l’expert couleur, aujourd’hui exerçant au sein de la société de peintures Little Greene, explore cet horizon chromatique et vous donne des pistes de réflexion pour mieux adapter cet ingrédient si subjectif à votre propre recette domestique.
Comme un effet thérapeutique, la couleur participe dans la décoration à vivifier les atmosphères. Dans cette veine conceptuelle, les peintures infléchissent sur la perception, offrant aux volumes un réel appui spatial. Avec nombre de finitions, elles promettent une profondeur inégalée, une dynamique renouvelée, soucieuses d’un environnement sain, octroyant bien plus qu’un rendu couleur vivant, mais une réelle matérialité surfacique, participant pleinement à l’architecture du lieu. Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur, les fabricants prolongent les teintes au-delà des baies vitrées ! Intelligents, ces revêtements aux nuances vibrantes captent ainsi l’attention d’une décoration exigeante et d’un univers domestique ou professionnel qui éduque de plus en plus notre regard. Lorsque l’on évoque la couleur, le mot tendance semble de mise ; nos humeurs contextuelles appelant certaines plus que d’autres. Chez vous, la tendance devient un puissant levier d’inspiration loin de la standardisation, la couleur révélant son caractère identitaire à travers des associations, des contrastes, le savoir-faire des professionnels, toujours par le prisme de la lumière, son secret de beauté.
Les couleurs claires éloignent, les plus foncées rapprochent, le tout accentué par la lumière.
Comment abordez-vous la couleur dans les intérieurs ?
Vincent Vallée : Sujet dense ! En décoration, c’est une question de ressenti, d’audace et de parti pris, ces choix influant directement sur notre environnement et la perception des volumes. Il faut d’abord chercher son harmonie et ses familles de couleurs, afin que chaque teinte choisie résonne les unes avec les autres, et ce, sans créer de dissonances. Comment ? En appréhendant le propos chromatique dans sa globalité. Il est essentiel de tenir compte de toutes les incidences : la lumière, avant tout, naturelle et artificielle, mais également les revêtements, le mobilier, les textiles, etc. Chaque élément apporte sa propre variation. Si vous optez pour une troisième voire une quatrième couleur, peut-être vaut-il mieux la réserver pour les rideaux ou le canapé !
Selon vous, quelles sont les erreurs à ne pas commettre ?
Vincent Vallée : L’important est de ne pas choquer l’œil. La couleur est un fil conducteur qui permet de relier. Si l’œil est interpellé chaque fois que vous entrez dans une pièce, il va rapidement se fatiguer. Au quotidien, cela peut vite devenir pesant.
Comment éviter cette sensation désagréable ?
Vincent Vallée : C’est intéressant de constater les effets de la couleur sur les espaces. Ils permettent de rectifier les sensations volumétriques. Prenons par exemple des plafonds blancs associés à des murs de couleurs. Cette teinte lumineuse accapare instantanément l’œil au détriment de toutes les autres. Au sein d’un petit volume, le regard va donc immédiatement identifier les lignes de rupture et percevoir la pièce de manière encore plus exiguë. A contrario, si le plafond revêt une couleur semblable à vos murs, la teinte gomme ces frontières au profit d’une décoration valorisée. Beaucoup n’osent pas s’aventurer sur ce terrain de peur d’un effet « boîte » oppressant, mais en vérité, cela offre une vraie respiration.
Les couleurs foncées procurent même un sentiment d’enveloppement. La couleur crée également de la valeur ajoutée, comme dans les bâtiments des années 1970-1980, dénués d’ornements. Dans ce cas, jouer sur les contrastes, les points forts, les ponctuations plus douces, rapporter du motif avec un papier peint, vous permettra de créer un attrait à l’origine inexistant.
Et que choisir parmi les finitions mates, satinées, brillantes ?
Vincent Vallée : Les revêtements brillants insuffleront une sensation de proximité, et les mats d’éloignement, tout comme respectivement, les couleurs claires et foncées. Cette perception est totalement influencée par la lumière qui permet de juger une distance lorsqu’elle percute ces états de surface. Résultat, le mat, peu enclin à réfléchir la lumière, favorisera une réelle profondeur de champ, jusqu’à vous faire perdre vos points de repère. Un plafond brillant, voire satiné, de faible étendue, par exemple dans une salle de bains, impulsera un petit coup de peps et une nouvelle intensité. De même, une teinte foncée appliquée sur votre cheminée lui apportera du relief. Les couleurs douces s’accommodent davantage de la finition mate sollicitée depuis longtemps par les Anglais. La matité offre une richesse incroyable, permettant de modeler la couleur en fonction des variations de la lumière. Ce sont des peintures vivantes. C’est à ce moment précis que la proportion des pigments et leur qualité entrent en jeu.
En rénovation, les escaliers se teintent de plus en plus, liant les époques et affinant le style. Également les plinthes, auparavant invisibles. Dans le prisme de la peinture, cela crée un effet graphique qui souligne comme un trait d’eyeliner.
Les pigments font donc toute la différence ?
Vincent Vallée : Totalement ! Les pigments synthétiques sont plus plats que les pigments naturels plus pénétrants. Je dirais même qu’ils sont la base de la peinture intelligente de Little Greene, au sens où la couleur variera en permanence. Vous ne ferez pas le choix d’un gris, mais d’un vert-gris. La couleur prendra littéralement vie.
Par votre expérience, estimez-vous que l’utilisation de la couleur a changé ?
Vincent Vallée : Je constate que les gens utilisent la peinture non plus comme un aplat, mais dans une dynamique de mouvement. En rénovation, les escaliers se teintent de plus en plus, liant les époques et affinant le style. Également les plinthes, auparavant invisibles. Dans le prisme de la peinture, cela crée un effet graphique qui souligne comme un trait d’eyeliner. Cet effet trouve son sens sur les boiseries, les moulures, les stylobates, les corniches, les baguettes… Cela structure sans alourdir, crée un intérêt visuel et de la matière architecturale.
Et, en matière de peintures, quelles sont les évolutions ?
Vincent Vallée : Les points essentiels concernent les émissions de COV et le pouvoir couvrant des peintures. En ce sens, Little Greene a créé sa gamme lavable « Intelligent Paints » à l’eau, certifiée pour les chambres d’enfants, qui ouvre le champ d’applications à tous types de supports (sols, meubles en bois, intérieurs, extérieurs). Elle se démarque notamment avec une sous couche à base d’eau dédiée pour toutes surfaces, même extérieures, qui offre, en quatre heures de séchage, une capacité couvrante avec une seule couche de peinture (14 m2/litre). Un rendu parfait !