C’est une aventure humaine jamais vue en France qui réunit sous le ciel coloré de la Tour Rose une somme de talents et de savoir-faire incroyables.
Au recto, une partie gastronomique, incarnée par Food Traboule, au verso, une partie hôtelière, investie par MiHotel. Entre les deux, de l’audace et de l’innovation. Indépendante, chacune des entités a été respectivement domptée par le Collectif Saône et Nathalie Rives, qui ont littéralement réveillé ce lieu patrimonial presque spectral.
Un hôtel sans desk, et un restaurant qui n’en est pas un, mais en fait 12 ! résument d’entrée de jeu Nathalie Grynbaum et Stéphanie Marquez-Boucetla. Tout commence en 2017, lorsque les fondatrices du MiHotel tombent amoureuses de l’emblématique Tour Rose, fleuron du quartier Saint-Jean. Leur concept s’avère parfaitement adapté : des suites particulières digitalisées complètement autonomes, de la réservation à l’ac-cession, portées par un service de conciergerie sur-mesure. Seule ombre au tableau, la restauration !
Ce n’est pas notre métier, souligne Nathalie Grynbaum. Il nous fallait donc un partenaire qui puisse apprivoiser l’ampleur des trois niveaux dévolus. Et c’est à ce moment-là qu’interviennent Tabata et Ludovic Mey, chefs créateurs des Apothicaires, avec un projet tout aussi audacieux : le Food Traboule. Ensemble, ils déposent leurs deux dossiers en un à la SACVEL, détentrice des murs, salués derechef par le comité d’administration.
L’aventure Tour Rose commence, non sans un travail colossal de rénovation, en lien avec les architectes Bâtiments de France et l’architecte du Patrimoine Cécile Remond. Pour la conception des chambres, restées dans leur jus depuis 1990, le duo MiHotel confie les 14 suites à l’architecte d’intérieur Nathalie Rives. Le bal décoratif peut commencer ! Pendant deux ans, Nathalie Rives et sa chef de projet Marine Hoyuela tissent patiemment les ambiances, chinent chaque mobilier, objet, tableau, œuvre, dessinent l’intégralité
de l’agencement et sélectionnent les textiles et les couleurs particulièrement averties. Elles ont su s’entourer de savoir-faire lyonnais comme la maison Charles Jouffre ou l’architecte paysagiste Jean-Baptiste Lainé et de marques emblématiques comme Farrow & Ball, les éditeurs Dedar, Pierre Frey…
Ici, les clients ne vont pas à l’hôtel, ils vont à Sienna, Terracotta, Collectore, à Ocre… sourit Stéphanie Marquez-Boucetla. Soit les patronymes des chambres distillées sur trois niveaux, jusque dans les jardins alambiqués de la Tour Rose. Ce quartier Renaissance, nous a murmuré tout naturellement ses influences italiennes, nous conviant, tout comme lui, à parcourir les époques, confie Nathalie Rives. Chaque étage est un voyage temporel, mais également spatial, où les globe-trotters évoluent au gré des styles, Art déco, années 1930, 1940, 1950, 1970, savourant les dispositions toutes différentes, en duplex ou en enfilade, des chambres, confortablement assis sur un fauteuil originel de Gio Ponti ou s’arrêtant pour admirer une table basse signée Roger Capron… Reflets de l’expertise de Nathalie Rives dans ce domaine.
Toute l’audace réside également dans les salles de bains ouvertes complètement absorbées par les scénographies. Pour l’architecte d’intérieur : Cette approche hybride, nouvelle génération ne se départit pas du confort moderne avec l’intégration de domotique, cheminées à la vapeur d’eau, technologie digitale… Ainsi MiHotel complète sa collection avec aujourd’hui pas moins de 40 suites disséminées dans Lyon. Chaque fois, une nouvelle expérience ! Mais quelque part une certaine frustration aussi ! On imagine déjà les hôtes frapper aux portes des chambres voisines pour admirer chaque décor ! Pour cela, il faudra revenir !
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Photographe Sabine Serrad