À quelques jets de pierres de Lyon, le Château La Gallée étire sur les terres viticoles millerotes sa silhouette patrimoniale presque quadricentenaire. Une belle endormie, qui hier encore s’enroulait dans son chaud manteau hérité du XVIIe siècle, aujourd’hui réveillée par Nathalie Rives.
En étroite collaboration avec Adeline Tiengou, hôtesse de ce domaine privé, la styliste d’intérieur a réaménagé les salles réceptives, chahutant les styles et les époques. Le lustre d’antan retrouvé se promène ainsi à travers les siècles d’une façon à la fois poétique et espiègle, revisitant la notion d’événementiel avec audace. Mais comment tout cela a-t-il commencé ?
À l’origine, se souvient Nathalie, la propriétaire a craqué sur une banquette de la galerie et recherchait une suspension pour la cuisine ! Au fil de nos rencontres et de nos discussions, le projet a pris plus d’ampleur, en nous confiant la création du Fumoir, puis la décoration des différents salons, etc. Apprivoisant les espaces patrimoniaux tout en singularité et les parties moins nobles avec prestance, Nathalie Rives a repensé chaque détail avec son écriture inclusive mariant matières et formes. Sans omettre, bien évidemment, la couleur, véritable liant entre les ornements et la décoration, savamment mixés en toiles de maître.
Pour remanier un tel monument historique, il faut savoir aller plus loin. Il n’y a pas de demi-mesure !
Happée par ce cadre de prédilection, la styliste d’intérieur s’est attelée à remodeler sans jamais tomber dans l’ostentatoire. Pour remanier un tel monument historique, il faut savoir aller plus loin, confie Nathalie. Il n’y a pas de demi-mesure ! Adeline n’a pas eu peur de nous suivre dans cette direction artistique et dans certains choix complètement décalés. C’est grâce à ce travail à quatre mains que nous avons pu redécorer les circulations et les différents salons.
Nathalie Rives a repensé chaque détail avec son écriture inclusive mariant matières et formes.
Ainsi, la décoratrice et son équipe d’architectes d’intérieur, Damien Salaud et Pauline Gouin, multiplient les références au XXe siècle, à travers ses objets vintage, piochées dans les années 1920, 1950, 1970, patiemment chinées ou dessinées par Nathalie. Il n’est donc pas étonnant, voire presque normal, de croiser des designers du XXe siècle tels que Gio Ponti, Joseph-André Motte, Louis Sognot ou encore Guy Besnard, aux côtés d’artistes peintres des XVIIe et XXIe siècles ! Dans le Salon Blanchet, tout prend sens. Blanchet ? Pour en connaître la signification, il suffit de lever la tête et d’admirer la fresque du peintre Thomas Blanchet, à l’origine de la décoration de l’Hôtel de Ville de Lyon, au milieu du XVIIe siècle.
Pris en tenailles par cette œuvre picturale et les sublimes carreaux ciment, les murs, eux, décident de voguer vers un style plus contemporain ! Un parti pris osé, matérialisé par la tenture Dedar « tie and dye » qui bouscule sans jamais rompre le dialogue. À savoir, les plus belles tapisseries du château, classées, ont été léguées au musée des Arts décoratifs de Paris. Celles restantes, peu esthétiques, nous ont obligés à être plus inventifs ! sourit Nathalie. Ourlé de la teinte Inchyra de Farrow & Ball, le dégradé de bleu recouvre les anciens vestiges et qualifie l’espace avec force. Tandis que la lumière naturelle et la végétation alentour se reflètent ingénieusement sur le mur de miroirs vieillis. Une scène prenant des allures d’orangerie avec son olivier géant et son assise chinée en rotin.
À ses côtés, le Salon des Pins invite à une immersion plus méditerranéenne sous les traits du papier peint ancien travaillé par l’artiste Pascal Amblard, sollicité par la propriétaire il y a quelques années. Soufflée par ce décor panoramique, la couleur référente Mahogany, aux nuances acajou, tisse un lien entre la superbe des lieux et le mobilier. À la croisée des chemins, cette pièce laisse la lumière la traverser, la contourner et effleurer la scénographie centrale, où les chaises de Gio Ponti s’apparentent aux quatre points cardinaux, incitant naturellement les invités à arpenter le jardin, le Salon Blanchet, le Salon Bleu ou à emprunter la coursive menant au Fumoir.
Nous souhaitions concevoir un espace qui puisse rivaliser avec les scènes attenantes, comme s’il avait toujours fait partie de l’équation.
Ce dernier est une pure création. Situé dans les parties dénuées de tout ornementation, cet espace ne devait en aucun cas rompre avec l’ADN patrimonial, souligne Nathalie. À côté de la cuisine, très pierreuse, nous avons pris le parti de générer une atmosphère plus feutrée et chaleureuse. Tout a été dessiné par l’agence d’architecture d’intérieur : les moulures, les cadres cimaises accueillant le papier peint, volontairement doré pour éclaircir la pièce, etc. Nous souhaitions concevoir un espace qui puisse rivaliser avec les scènes attenantes, comme s’il avait toujours fait partie de l’équation.
Photos : ©Sabine Serrad
Lieu événementiel – Réception Mariages – Séminaires
www.chateaulagallee.com
—
Architecture d’intérieur
Agence Nathalie Rives
www.nathalierives.com