Pour le groupe de restauration Maximal Concept, le studio hongkongais Limehouse signe une cantine Dim Sum au cœur de la mégapole chinoise. Un projet en forme de voyage sino-britannique dans le temps et l’espace, mêlant subtilement la grande et la petite histoire.
Bienvenue sur les traces de John Anthony, fondateur du quartier chinois de Londres sur les docks de Limehouse, au début du XIXe siècle…
L’histoire, donc, est belle, tout autant que les lieux. Ici flotte une atmosphère doucement surannée, entre le salon de thé et la cantine chinoise, portée par quelques références à l’architecture coloniale, mêlées à d’autres plus industrielles évoquant les docks londoniens et leurs arches de briques. Le traitement, par contre, est particulièrement contemporain, au cordeau, et dans les détails. Au service d’une sorte d’expérience totale, le studio Limehouse livre en effet une petite capsule spatiotemporelle à part – un pied à l’est, l’autre à l’ouest du planisphère, et dans deux époques, hier, et aujourd’hui – à laquelle on accède via un parcours précisément scénarisé. Une manière de faire vivre aux hôtes de l’établissement le voyage que fit, près de deux siècles plus tôt, John Anthony, employé de la Compagnie des Indes, et premier ressortissant chinois naturalisé britannique en 1805.
À Limehouse, les docks de l’est de Londres, il assurait l’hébergement et le couvert des marins chinois qui débarquaient les épices, jusqu’à créer une véritable communauté où les cultures locales et d’origine s’entremêlaient. Un escalier un rien mystérieux mène ainsi aux espaces de restauration situés à l’étage inférieur. Là, murs en terre cuite, plafond voûté à triple hauteur revêtu de carreaux roses et sol en terrazzo vert lime dialoguent avec les reflets des arches capturés par de hauts miroirs, au service d’une certaine fantaisie rétro juste ce qu’il faut. Tout l’esprit des lieux réside ensuite dans la multitude de petits détails décoratifs que se sont autorisés les concepteurs : colonnes à baldaquin laquées de rose poudré, ornements du bar en bois, vitrines, mobiliers en osier, tissus fleuris, ou encore collection de plantes récoltées au fil de la route commerciale entre les continents. Les zones plus intimistes sont quant à elles ornées de carreaux peints à la main illustrant les produits et denrées que s’échangeaient Britanniques et Chinois au XVIIIe siècle, tels que des coquelicots à usage médical et des animaux exotiques. Et la liste est longue de tous les éléments mis en œuvre pour mieux raconter l’histoire. Toujours est-il que le décor est planté… Bon voyage !