Depuis avril 2018, le Grand Hôtel-Dieu crépite, attisé par les nouvelles boutiques, concept stores, showrooms, coworking, restaurants qui ouvrent chaque mois.
En novembre dernier, un nouveau chapitre, tant attendu, a littéralement pris vie : le Grand Réfectoire et son Officine. Là, face au Grand Dôme, à l’épicentre de toutes les considérations, ils poursuivent l’histoire, écrite au XVIIIe siècle. Entre matines et complies, la nouvelle cantine des Lyonnais et le bar sonnent une tout autre musique !
Il faut dire que les trois Lyonnais, à l’origine du projet, ont vu et fait les choses en grand ! Et il n’en fallait pas moins pour les volumes spectaculaires de 1 700 m2, accueillant 400 places assises (intérieur et terrasse). L’inauguration a lancé le coup d’envoi. Et quel coup d’envoi ! Mathieu Cochard, Thibault Salvat, Marc Bonneton et le directeur associé, Emmanuel Sailer, ont insufflé, à l’ancien réfectoire des sœurs, une âme gustative et une aura plus que conviviale. Pour ce faire, ils se sont entourés de l’architecte Franck Vella (HTVS Architecture Lyon) et de l’agence d’architecture d’intérieur Damien Carreres. Main dans la main, ils ont pris à bras le corps ce challenge et respecté avec brio les contours monacaux du lieu (site classé au patrimoine historique). Impossible donc de toucher aux arches voûtées, aux stylobates, aux boiseries et aux vitraux de 1966, ou encore aux dalles de pierres de Villebois, aux lavabos du vestibule, aujourd’hui signant l’entrée principale…
Mais, dans ces qualités intrinsèques, cette ordonnance et cette apparente humilité, la prise de possession des lieux s’est opérée dans la simplicité. Du moins en apparence. Dans les défis, la création regorge d’imagination et ici tout particulièrement dans la gestion des fluides et le traitement acoustique, les points complexes de cette rénovation. Une prouesse réussie, en partie grâce au dessin de l’agencement et notamment à des îlots intégrant la climatisation et le chauffage, reliés à une machinerie impressionnante, au sous-sol, non loin de la cave de dégustation… La multiplicité du cuir et des textiles sur le mobilier, choisi chez Arrivetz et RBC, ainsi que les panneaux muraux participent au confort acoustique.
Avant de se rendre à l’Officine, la case cuisine est obligatoire. Et elle vaut le détour. Là, un volume contemporain s’apparente à une vitrine, dévoilant les coulisses gastronomiques. C’est le théâtre du chef Anthony Clorennec, sous la houlette du chef étoilé Marcel Ravin, qui signe la carte aux influences multiculturelles. Soit une invitation au partage, personnifiée par deux tables d’hôtes et quatre places convoitées, le nez dans les casseroles… Il faut monter deux étages pour accéder à l’Officine, cabane perchée plus intimiste. En d’autres temps, d’autres mixtures aux vertus plus pharmaceutiques étaient élaborées en ce lieu. Aujourd’hui, ce sont les cocktails de Marc Bonneton qui officient. L’ambiance plus feutrée et plus sombre sanctifie le bar, au centre de l’attention. Bois, cuir et cuivre modèlent l’ensemble, avec un mobilier signé RBC. La soirée ne fait que commencer…
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Photographe Erick Saillet