C’est à un voyage simultanément gustatif, décoratif et imaginaire que nous invite La Gare, nouvelle version. Adresse gastronomique incontournable du 16e arrondissement depuis les années 1990, l’ancienne gare de Passy-la-Muette, ouverte aux voyageurs en 1864, entame une troisième existence, au sein du Moma Group, et placée sous le signe des cuisines du monde, dans tous les sens du terme
En excursion sur la carte du chef voyageur Gastón Acurio (50 restaurants autour du globe, dont deux classés dans le top des The world’s 15 best restaurants), la décoratrice Laura Gonzalez a su trouver les ingrédients décoratifs justes pour créer un monde miniature de 600 petits m2 sur deux niveaux. Un ailleurs, fait d’ici(s) et de là(s), de dehors et de dedans, jouant subtilement avec les éléments architecturaux ferroviaires existants, préservant les superbes fresques panoramiques de la Manufacture Zuber, les faisant dialoguer avec ses propres pièces de mobilier, les tissus imaginés pour Pierre Frey, et les créations sur-mesure mises au point avec des artistes et artisans aux savoir-faire incroyables.
Il faut dire que la créatrice sait manier, comme nulle autre, l’art de la couleur, du motif, et de l’assemblage des styles, autant que des continents. Dans la grande salle du restaurant, à l’étage, une mer de zelliges vibre du sol aux banquettes, tandis que quelques touches d’Asie finement revisitées illuminent les lieux d’archipels de lanternes textiles revêtues de motifs évoquant les tapis Kilim. Exotiques juste ce qu’il faut, des cabanes en bambou tressé aux allures de cage à oiseau façon Art déco distillent des zones plus intimistes où dîner sur les chaises issues de la collection de meubles Laura Gonzalez.
Au rez-de-chaussée, dans le salon de thé/bar à vin Sol y Luna, les lieux prennent des allures de maison coloniale contemporaine, quelque part dans les Caraïbes ou les îles hongkongaises, qui sait… Ici, la décoratrice joue avec les motifs des arches de brique du plancher intermédiaire de l’édifice, réchauffe les lieux de surfaces boisées, au sol, ou en marqueterie sur le bar, crée une ambiance cosy, presque domestique, parant les murs de rideaux et de papiers peints évoquant la végétation tropicale autant que les Arts and Crafts. Dehors le voyage se poursuit sur la terrasse (100 couverts) surplombant le jardin du Ranelagh… équipée d’une rôtisserie au feu de bois de près de 11 mètres linéaires, en référence au parillas argentines. Dépaysement assuré… Attention au départ !
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Texte Maëlle Campagnoli – Photographe Jérôme Galland