Nuançant de blanc la couronne lyonnaise verdoyante, cette construction est le fruit d’une réflexion architectonique menée par l’agence a2-Sb, alias Jean-Yves Arrivetz et Sébastien Belle. Sous l’impulsion de cet agrégat immaculé, la silhouette contemporaine s’érige comme une œuvre en soi, un paysage brut de sensualité, reliant le contenant et le contenu en parfaite symbiose. Prouesse.
Connu pour ses propriétés ultracréatives, le béton est ici le terreau fertile d’une réalisation carte blanche, liant le geste conceptuel à la sensibilité des propriétaires pour ce matériau ductile. Sur une esquisse de l’architecte Jean-Yves Arrivetz étoffée par la conception générale et spatiale de l’architecte d’intérieur Sébastien Belle, la villa prend ses aises en lieu et place d’une maison traditionnelle dénuée de charme. Celui-ci se souvient : Au vu de la configuration du terrain enserré dans une zone boisée et sans dégagement particulier, la question majeure – comment éviter la sensation d’étau ? – s’est imposée comme la solution. Née de ce constat, une vision aussi aérienne que sculpturale où la transparence et la lumière naturelle s’inscrivent tels des éléments structurels à part entière se transformant en un véritable panorama architectural.
Près de 30 mètres linéaires bruts de béton blanc, sans superflu.
Un défi donc, à l’image de ce duo complémentaire, a2-Sb, sans démonstrations inutiles, mais en affirmant cette impression de liberté figurative qu’ils cultivent ardemment. Ce mouvement cubique voit ainsi le jour, s’affranchissant des carcans constructifs, pour mieux explorer les propriétés malléables et esthétiques d’un béton brut de blancheur – une idée insufflée par le propriétaire passionné par ce matériau. Nous avons pris le parti de donner cet effet de grandeur par l’intérieur, afin de privilégier la relation avec l’extérieur. D’où cette envolée linéaire traversante de presque trente mètres maintenue par deux cubes, le garage et la master suite, souligne Sébastien.
Si cela semble évident sur le papier, la technicité requise, elle, frise la prouesse : un béton hors norme, sans lasure juste traité avec un hydrofuge de masse ; sans couvertines, juste des acrotères en pente ; l’ensemble sans aucun joint de dilatation !
Pour Sébastien, un challenge un peu fou qui repose sur de véritables orfèvres ! Tout l’enjeu était de préserver cette ligne graphique et de ne surtout pas la dénaturer ! Raison pour laquelle le choix des artisans était crucial. Nous avons eu la chance d’avoir à nos côtés des entreprises ultraqualifiées à l’origine de ces finitions exceptionnelles. À savoir, tous les joints et les trous de banche sont alignés, même en sous-face, et les coffrages d’angles sont chanfreinés de manière arrondie. Notons également le travail de la casquette ! Ici, aucune dalle en reprise, mais un vide sur séjour, qui a nécessité une suspension par le mur du haut, lui-même renforcé par des meneaux entre les châssis…
Un challenge un peu fou qui repose sur des artisans orfèvres !
Vous l’aurez compris, cette réalisation figure une mise en œuvre millimétrique qui n’a d’égal que cette dimension minimaliste spectaculaire. Pour asseoir cet effet de paysage constructif, tant recherché, l’agence a2-Sb n’a pas hésité à « planter » cette forêt verticale de Red Cedar. Une canopée naturelle rythmant l’envolée des baies vitrées domotisées de presque vingt mètres ! Dans le prolongement, l’intérieur poursuit cette quête d’évasion et de perfection, sans aucun heurt visuel. La cuisine, la salle à manger, le comptoir/bar et le salon évoluent en toute liberté, reliés par la pierre de Croatie Selina et connectés via un agencement aux lignes tendues aussi esthétique que fonctionnel, profilé par Sébastien et réalisé par Pierre Buthod.
Si chaque élément semble cristallisé, la sensation de mouvement est bien réelle, générée par ces traversées nord-sud, est-ouest et cette façon caractéristique de moduler la lumière par le prisme des ouvertures et notamment du claustra/garde-corps. Le soleil balaye la villa tout au long de la journée Notre volonté était de pouvoir annexer toutes ses vibrations et de composer des ambiances variables, selon l’heure, mais également les saisons, confirme Sébastien.
Autre parti pris assumé : le bloc-cheminée en FenixTM noir mat, imaginé pour dompter le séjour cathédral de près de six mètres de haut. Pour Sébastien, un module fort, tout en contraste, insufflant un équilibre vertical, absorbant l’escalier au verso, tout en intimisant le cube propre à la master suite. Au vu des proportions volumétriques, il était nécessaire d’intégrer un agencement aux dimensions adaptées, à l’instar du mobilier choisi de concert avec RBC.
Un art de vivre dedans-dehors, tout en élégance.
À cela s’ajoutent toutes ces finitions subtiles qui assoient le projet dans sa perfection, comme les failles lumineuses, les joints creux et pleins, l’appareillage Meljac conçu sur mesure, etc. Que ce soit du point de vue macro ou micro, chaque élément est un concentré de réflexions collégiales. Cette réalisation symbolise la gageure de notre discipline : la fidèle concrétisation de la pensée architecturale, conclut Sébastien.
Architecture d’intérieur : Sébastien Belle
Photos : Studio Erick Saillet