Une fois le portail franchi, le temps s’égrène différemment… Là, dans ce parc arboré où les arbres séculaires ont la même stature que cette demeure construite à la fin du XIXe siècle. Sur le perron, l’architecte d’intérieur David Samani nous montre le chemin, garant de cet héritage avec lequel il a su bâtir un dialogue contemporain. Patrimoine vivant.
Sur son socle en granit, la silhouette minérale a fait l’objet d’une attention toute particulière. Au premier regard, il semble que la demeure ait toujours eu cette prestance… L’intervention est si subtile que nul ne peut se douter de la reprise des murs de soutènement en pierre, de l’ajout d’ouvertures, des baies vitrées recomposées, en synergie avec les terrasses elles-mêmes conçues de pied en cap, à l’instar du parc ! Puisque ici, la symbiose est totale, entre le passé et le présent, l’intérieur et l’extérieur. Entre le coup de crayon de David Samani et le geste du paysagiste Amaury Dubois, la maison retrouve un lustre et une aura contemporaine insufflée par ces notes laquées effet Corten. Pour l’architecte d’intérieur, amoureux des vieilles bâtisses et dont il fait l’une de ses spécialités depuis 16 ans, l’essentiel est de redonner du sens, sans jamais perdre de vue l’ADN patrimonial. C’est toujours un défi de le moderniser, de trouver le bon équilibre. Chaque détail compte.
L’essentiel est de redonner du sens, sans jamais perdre de vue l’ADN patrimonial. C’est toujours un défi de le moderniser, de trouver le bon équilibre. Chaque détail compte.
Une approche qui l’a conduit a préservé un maximum d’éléments existants, à les polir, à les révéler, à les recréer, mettant à l’honneur de nombreux savoir-faire artisanaux, tailleurs de pierres, staffeurs, ébénistes… Cette maison a été très bien construite, précise-t-il. Le rez-de-chaussée avait cette configuration déjà très pertinente, mais qui a nécessité une mise aux normes et au confort de grande ampleur, afin que l’on ne décèle aucune technicité. Lorsque cela a été nécessaire, nous avons refaçonné les corniches selon le dessin d’origine, tout comme les stylobates, les parquets ou encore dans le bureau, les boiseries retravaillées à l’identique. Mais aussi les encadrements de fenêtres, jusqu’à récupérer les dorures des anciennes espagnolettes…
C’est cette minutie d’horloger qui a réuni les propriétaires et David Samani : Nous partageons cette même exigence. Une telle conception, avec de telles finitions et de tels matériaux, ne tolère aucun compromis sur le niveau des détails, au risque que le moindre défaut ressorte et attire l’œil ! L’interaction avec les clients, leur implication et leur confiance ont rendu cela possible. Côte à côte, nous avons vraiment pu modéliser chaque finition, en 3D, puis peaufiner le projet en immersion virtuelle.
Un degré de précision tel, que l’envers du décor – le passage des gaines, de la climatisation et autres fluides – ne laisse aucun impact visible, juste le confort d’une maison imaginée comme un refuge familial. Dans cette création de terrasse prolongeant la salle à manger et la cuisine, David Samani réoriente spontanément la dynamique d’espace. Tandis que les intégrations, comme les embrasures métalliques en patine hématite, finition époxy vernis mat, ou encore l’agencement de la cuisine, réalisée par Boffi Lyon, créent une passerelle avec le XXe siècle.
Pièce maîtresse des lieux, l’escalier. Pour accompagner cette envolée boisée existante, l’architecte d’intérieur a fait appel à un rampiste à l’origine de ce garde-corps débillardé, avant de dessiner la seconde volée, menant au troisième étage, balayant d’un geste artisanal l’escalier de service exigu. Il n’y a plus beaucoup de rampistes en France ! souligne David Samani. Il faut un peu de patience, mais ce résultat d’orfèvre en vaut la peine !
Pour mieux répondre aux attentes des propriétaires et dérouler un coin nuit ainsi qu’une suite parentale à la hauteur des lieux, l’architecte d’intérieur a fait table rase. L’entrée de cette dernière, marquée par une boîte menuisée tapissée de noyer ne laisse rien transparaître, satellisant ses espaces autour d’une chambre stylisée, mise en couleur et texturée par Claude Cartier et Fabien Louvier, main dans la main avec les propriétaires, à l’instar d’une grande partie des pièces de la maison.
Une telle conception, avec de telles finitions et de tels matériaux, ne tolère aucun compromis sur le niveau des détails, au risque que le moindre défaut ressorte et attire l’œil !