Comme point de départ, un appartement situé au dernier étage d’un immeuble haussmannien, perdu dans ses volumes sans repères, gêné par une courette à ciel ouvert… Céline Coucaud confirme : Les propriétaires avaient besoin à travers cette rénovation d’un réconfort émotionnel. Alors que les murs avaient été déposés lors d’une précédente réhabilitation, je me suis attelée à redéfinir les contours spatiaux, à insuffler de la chaleur, à réancrer l’appartement dans un quotidien. Et ce, par la matière et les textures.
L’architecte d’intérieur décèle le potentiel des lieux, absorbant la courette aveugle de 6 m², tout en conservant dans son geste créatif la lumière naturelle. J’ai donc réarticulé les volumes, créé des ouvertures et, en lieu et place de cet espace ouvert, intégré la salle de bains sous une verrière conçue de pied en cap et séparée de l’entrée par une cloison de vitraux ! C’était un pari assez fou, mais j’ai l’habitude de travailler les vitraux et mes clients m’ont fait confiance.
Je me suis attelée à redéfinir les contours spatiaux, à insuffler de la chaleur, à réancrer l’appartement dans un quotidien.
Avant de poursuivre, il est important de connaître une chose ou deux sur Céline Coucaud. Après une première vie à New York en tant que directrice marketing, elle a su tricoter un parcours atypique au fil de ses expériences acquises sur les bancs de l’École Boulle, au sein du Studio MHNA, aux côtés de l’architecte Thomas Vidalenc ou encore de l’antiquaire Benjamin Steinitz ! Un œil curieux qui se balade aussi bien dans le style contemporain que dans un registre plus classique sans jamais perdre de vue l’artisanat. Céline précise : Je ne peux me pencher sur un projet sans insuffler ce supplément d’âme et une mémoire. Cela apporte toujours un intérêt visuel et un ressenti chaleureux.
D’où ce chatoiement chromatique en verre texturé, d’inspiration Art déco, codesigné avec Marie-Pierre (L’Âme du Vitrail), aimantant par ses couleurs dynamiques l’atmosphère boisée. Sans enfermer, elle compose ainsi un nouveau zoning, impulsant dans l’ajout de nouvelles partitions menuisées, une circulation. L’utilisation du chêne change spontanément l’atmosphère des lieux, poursuit-elle. Ici, il m’a permis sous différentes formes de délimiter la fonction, de rompre la monotonie de la cuisine blanche existante, d’ajouter des niches encastrées dans l’agencement, créé pour l’occasion…
Au fur et à mesure, les éléments géométriques se dessinent, des lignes texturées, tendues ou cintrées. Ces dernières sont nées de l’œuvre d’art mobile de Manuel Mérida, trônant dans le salon. Cette forme circulaire et cette couleur verte, saturée, dégageaient une telle personnalité en contraste avec les moulures délicates de l’haussmannien et les volutes des cheminées ! Il fallait absolument que ce soit un point d’ancrage ! J’ai ainsi décliné une palette de couleur à partir de ce vert, mais volontairement en camaïeu et dans des tons plus rabattus, complétés par des couleurs chaudes comme l’or et le mordoré pour apporter de l’élégance.
Je ne peux me pencher sur un projet sans insuffler ce supplément d’âme et une mémoire.
Une dynamique rectangulaire et courbe disséminée de-ci de-là, sur les luminaires ou encore le fauteuil Gropius de Noom dans le bureau. Puisque ici le mobilier joue un rôle de premier ordre dans la délimitation des fonctions, à l’instar du salon. J’ai imaginé cet espace comme un îlot matiéré, avec de profonds velours et des couleurs positives comme l’or, le mordoré, et le bois au milieu d’une pièce où un blanc pur a été volontairement conservé sur les murs pour donner plus de simplicité et de contraste. En positionnant deux canapés face à face, dos à l’espace cuisine, et ce tapis de laine aux motifs arrondis XXL, le salon est devenu une bulle bien délimitée où l’on se sent reposé et en sécurité. Dans la suite parentale, une autre ambiance, prenant sa source colorimétrique dans le marbre gris chaud de la cheminée. Dans l’ensemble, j’ai conçu le décor à la croisée du minimalisme, pour un maximum de respiration, de l’art contemporain sans toutefois négliger les apports personnels qui ajoutent la singularité, conclut Céline Coucaud.