Si le Gaou Bénat a défini son écriture architecturale si emblématique dans les années 1970 en relation intime avec la topographie collinaire, sous la houlette des architectes André Lefèvre et Jean Aubert, le Cap Bénat bénéficie d’une plus grande latitude. Une liberté, non dénuée de contraintes. Mais dans ce cas précis, Mathias Soulier a conservé cette volonté d’intégration et les principes constructifs d’une organisation vernaculaire en toits-terrasses, en faisant le choix d’une intention contemporaine surlignée d’un contour en béton banché aux arêtes biseautées, inspirée du mouvement Bauhaus. Ou comme il l’exprime : Des volumes horizontaux qui par leurs différentes lignes de force, leurs seuils de transparence en prise avec le bois et la pierre privilégient l’insertion plutôt que la démonstration.
La relation entre la nature et la bâtisse est primordiale, surtout lorsqu’il s’agit de ce site préservé.
Une connivence s’instaure avec l’environnement, préférant soustraire ce jeu graphique au végétal omniprésent, au lieu de l’imposer. En synergie avec les conformités locales – secteur réglementé ABF oblige –, l’architecte a fait le choix, avec les propriétaires et Mayfair Valorisation, d’aller plus loin dans l’utilisation de la pierre de Bormes. Aux soubassements et aux dispositifs de restanques obligatoires, ils ont convoqué cette empreinte minérale en pose sèche créant une nouvelle équation tout en matérialité aux notes ensoleillées. Partie prenante de l’expression globale, la piscine équilibre les espaces extérieurs.
La baie vitrée à galandage de six mètres assoit cette sensation de liberté, démultipliant les scènes de jour.
Pour Mathias, Un bassin doit s’adapter à son territoire. Ici, l’enjeu était d’arriver à respecter les contraintes locales tout en optimisant sa surface, sans qu’il soit trop prégnant. Il vaut mieux concevoir des piscines plus petites, mais qui ont la capacité, par le dispositif d’encaissement et la mise en situation des différentes terrasses de s’intégrer à la taille du terrain plutôt que d’imposer des longueurs et des largeurs qui perturbent les proportions. Une vision affinée et matérialisée par Isabelle et Charles Darnault, alias Mayfair Valorisation, à la maîtrise d’œuvre et à la manœuvre décorative. En lien étroit avec le couple et leurs trois enfants, ils ont su traduire dans les moindres finitions la conception, optimisant chaque centimètre carré.
Isabelle explique : Les propriétaires voulaient avant tout vivre dedans/dehors, avec tout à portée de main. Par expérience, avoir à proximité les terrasses et la piscine permet d’habiter pleinement un lieu, sans perte d’espaces bien souvent inutilisés. La baie vitrée à galandage de six mètres assoit cette sensation de liberté, démultipliant les scènes de jour. De pair, la convivialité spontanément générée nous a donné l’occasion de créer cette dimension maison de vacances, chère aux propriétaires. À la fois lumineux et protégés de la lumière zénithale, les volumes dédient toute leur énergie à la vue, plongeant leur regard sur un parc paysager entièrement reconstitué pour l’occasion.
Charles Darnault précise : La relation entre la nature et la bâtisse est primordiale, surtout lorsqu’il s’agit de ce site préservé. Dans le respect des plantes endémiques, nous avons incorporé avec Instinct Végétal des jardinières au sein même de la structure béton. Tandis que l’entreprise locale Jardins Méditerranéens a développé le reste du terrain, agrémentant les grands pins parasols d’orangers, de figuiers, d’oliviers sur fond de graviers en pierres de Bormes et en retravaillant de pair les niveaux.
À l’intérieur, le domaine d’Isabelle Darnault, l’empreinte décorative poursuit cette quête de matérialité au contact des pierres Silk Georgette et de Bourgogne, auxquelles s’ajoutent ces effluves de fibres végétales, lin côtelé, raphia, sisal, etc. Les propriétaires souhaitaient une ambiance apaisée sans perdre de vue le relief. Ainsi, les matériaux s’harmonisent et s’individualisent par leurs aspérités, leur toucher, tous choisis pour leur facilité d’entretien. Dans une maison de vacances, la douceur de vivre prime ! Et ce, sans se départir d’une certaine sophistication induite par un mobilier de designers, sélectionné en partie chez Claude Cartier Décoration, à l’instar du canapé Gogan de Patricia Urquiola pour Moroso ou de la table Ybu signée Jean-Pierre Tortil pour Delcourt Collection. La prouesse des lieux tient à son optimisation sans rien sacrifier au confort. Cinq chambres en suite, dont la master, s’intègrent dans les 180 m².
Le propos principal demeure la convivialité et le partage, souligne Isabelle. Pour autant, chacun a son espace, réparti entre le rez-de-jardin et le niveau supérieur. Au centre des considérations, la percée toute hauteur fait rentrer le paysage directement au plus profond des volumes intérieurs, exploitée par Isabelle sous la forme de scènes contemplatives, matérialisées par le bureau, marquant l’entrée et la baignoire sur le seuil de la suite parentale. Cette dernière intègre tous les éléments inhérents à une chambre parentale, douche, vasque, sanitaire, mais de manière volontairement déconstruite pour mieux laisser le lit en tête à tête avec la Méditerranée. Clou du spectacle, la douche extérieure permettant de relier la master à cette terrasse panoramique. Il n’y a aucun vis-à-vis, conclut Isabelle. Annexer cette douche dans ce recoin traversant, à la hauteur des grands pins, offre une sensation de liberté totale. Les fondements mêmes de cette réalisation !
Architecture Mathias Soulier – Stone Architecte
Maîtrise d’œuvre et décoration Mayfair Valorisation