Si leurs talents se sont croisés dans nombre de projets, c’est bien la toute première fois que les deux fleurons lyonnais s’engagent sur la voie de la complémentarité. Ceux qui les ont réunis ? Des clients historiques de la décoratrice, un couple d’esthètes passionnés d’architecture d’intérieur, sensible à la technique, aux détails structurels et au design, tombés sous le charme de ce pied-à-terre citadin à la vue traversante privilégiée. Un bien rare qui a nécessité quelques prouesses…
Puisque ce projet concentre un travail structurel d’ampleur, qui a fait l’objet d’une technicité d’orfèvre. C’est là que le savoir-faire de l’agence Hervé Moreau entre en scène, à l’œuvre pour insuffler une substance architecturale à même de valoriser ce plateau dénué d’ornements patrimoniaux. Hervé Moreau confirme : Nous sommes allés très loin dans la complexité du gros œuvre, avec la suppression et le sciage de murs porteurs, l’intégration des fluides, une VMC double flux, un plancher chauffant, le réseau d’écoulement… et ce, dans un immeuble des années 1960 géré en collectif ! Un exercice passionnant et stimulant à tous points de vue, avec en prime la confiance des clients et celle de Claude Cartier, à l’initiative de cette belle rencontre. À cela s’ajoute un raffinement impulsé par le propriétaire.
Tout l’enjeu de cette réalisation a été d’harmoniser ces multiples finitions pour ne pas tomber dans un effet patchwork !
Quentin Bissuel
Quentin Bissuel, chef de projet de l’agence, poursuit : Ce qui nous a permis de concrétiser ce dessin sophistiqué, pensé en synergie, demeure la grande implication du client. En premier lieu, les espaces de vie se libèrent d’une partition originale dans son jus s’appuyant sur le linéaire des fenêtres avec en toile de fond Fourvière, laissant aux chambres le monopole de la skyline de la Part-Dieu. L’ensemble rythmé par des transitions à l’identité boisées servies sur un plateau minéral. Les matériaux sont tout simplement exceptionnels, souligne Quentin. Nous avons fait, en connivence avec le client, une recherche de teintes et de surfaces très poussée, notamment sur l’essence chêne des Marais qui se déploie sur tout le travail d’ébénisterie et dont la teinte a été contretypée sur le parquet pour mieux homogénéiser le décor. Puis, le propriétaire a eu un vrai coup de foudre pour les pierres naturelles de Salvatori, découvertes chez Boffi Lyon. Tout l’enjeu de cette réalisation a été d’harmoniser ces multiples finitions pour ne pas tomber dans un effet patchwork !
Fil conducteur la Pietra d’Avola dans tous ses états, en version chevron, striée, mais également un Gris du Marais ou encore en périphérie de cuisine, du travertin coupé debout créant un aspect nuageux poreux… Une empreinte surfacique subtile qui fusionne avec un agencement et un éclairage architectural aux lignes tendues d’une extrême précision, créant à lui seul un ouvrage de haute facture conçu pour mettre en valeur d’autres œuvres très spécifiques, sculptures, masques, rapportés des nombreuses excursions du couple en Afrique. Il y a dans ce projet une autre histoire qui s’écrit à travers les voyages, révèle Quentin. Nous sommes allés jusqu’en Asie, en encastrant à fleur de sol, dans la chambre polyvalente de vrais tatamis destinés au yoga.
Est née cette collaboration transversale, avec ce cadre idéal pour l’expression de la collection de pièces d’art et des œuvres de design choisies en résonance.
Claude Cartier
Une ambiance japonisante renforcée, par l’intervention stylistique de Claude Cartier et de Fabien Louvier, avec le tissu Tiger Moutain décliné en fibres naturelles et en version corail. De concert, l’ameublement, au diapason d’une architecture ciselée, porte le raffinement des lieux à son apogée. Nous déroulons depuis longtemps un fil décoratif avec le propriétaire, précise-t-elle. Lorsqu’il m’a parlé de cette réalisation, j’ai immédiatement pensé à Hervé, dont l’ADN correspondait en tout point à ses aspirations, cette vision construite, architecturée et cette exigence qui les lient. Est née cette collaboration transversale, avec ce cadre idéal pour l’expression de la collection de pièces d’art et des œuvres de design choisies en résonance. Un luxe non ostentatoire, mais délicat qui s’inscrit dans les textures. Il suffit de regarder la table basse de Christophe Delcourt, pour le comprendre. Ce piètement en cuir Nabuck associé au travertin et à un plateau en verre fusionné. En accord avec ce travail de matité et de brillance insufflée par l’agence Hervé Moreau, nous sommes venus apporter cette touche chromatique sourde, jouant sur ce niveau de finitions et de dialogue avec l’environnement panoramique, à l’instar du miroir du maître verrier Kiko López imaginé spécifiquement pour ce lieu, avec un fond évocateur d’arches et d’architectures reflétant celles de Fourvière.
La dimension voyage se poursuit donc en Italie avec une volupté des matières et des formes courbes adoucissant volontairement la rigueur de l’agencement. Chaque élément se fait l’écho d’une des facettes des propriétaires, conclut Claude. Chaque pièce choisie en symbiose pour se connecter et en même temps s’individualiser, jouant sur cette matité/brillance omniprésente, que l’on retrouve notamment sur la table Lagos en granit de Patagonie et ses colonnes en bronze reprises sur l’appareillage et la robinetterie. Une lecture plurielle tracée par un chemin commun, l’excellence.
Architecture d’intérieur Agence Hervé Moreau
Décoration Claude Cartier Studio