Souvenez-vous, l’année dernière les mots de François Basilien sur l’édition milanaise 2015 : « Somme toute un Milan de transition. Prémices, je l’espère d’une prochaine édition audacieuse et créative… » Alors verdict ? François Basilien nous répond, avec ses nombreux regards. Celui du designer de formation, du Directeur du RBC Design Center Lyon, mais surtout l’œil d’un passionné averti, qui signe sa 17ème excursion au Salone del Mobile.
« Oui, c’est un Milan créatif ! Et surtout un Milan optimiste. Nous sommes dans la confirmation de ces deux dernières années, avec des promesses tenues et de jolies surprises. Il n’y a jamais eu autant de marques. Elles confirment leur identité, assument leur savoir-faire, avec des codes à leur juste mesure, à l’instar de Flexform, Poliform et Minotti travaillant le bourgeois chic ou encore Moroso dans sa quête d’expérimentation. Chacune porte son propos à son apogée, sans essayer de surfer sur une tendance. »
Laquelle vous a le plus étonnée ?
« Sans hésitation Cassina ! Son histoire est vraiment incroyable, intrinsèque à Charlotte Perriand ou Le Corbusier. S’en détacher est difficile. La marque a été littéralement reboostée par Patricia Urquiola. Une vraie intelligence, née d’un travail en profondeur. Son empreinte féminine a tout simplement redonné une âme à ce fleuron italien, qui ne souffre d’aucune médiocrité dans la réalisation. C’est même rare de voir un tel renouvellement, sans aucune arrogance. Cette féminité dont on a tant besoin dans le design se retrouve également chez Baxter, avec Paola Navone. Du côté de Poltrona Frau, il y a une réelle justesse dans leur choix, avec la griffe de Jean-Marie Massaud. Mais aussi cette petite marque qui revient sur le devant de la scène : De Padova. Coup de coeur pour la table Ishi signée Nendo. La marque allemande de Sede m’a étonné avec son origami de cuir. Une assise essentielle, qui ne dit qu’une seule chose, mais l’exprime parfaitement, comme une vraie création d’aujourd’hui. Zeus, 1er éditeur de Ron Arad. Cette marque rayonne par sa liberté. Mais aussi l’empreinte du designer Massimo Castagna pour Gallotti&Radice… »
Ce qu’il faut retenir ?
« Cette page du contemporain minimaliste enfi n tournée. Ce sont les marques qui s’adaptent à votre environnement, votre univers. Cette liberté d’appropriation libère la création de ce contemporain strict, du design fashion, lié au début des années 2000 à la mode vestimentaire. On est dans l’Art de Vivre, emmené par des codes formels de notre époque, avec quelques références vintage des années 50 : des bibliothèques cannages, des cabinets de curiosités, des formes oblongues, de très beaux tressages de cuir, des paravents, du métal brossé champagne mat… et le marbre, mais avec des pierres comme le St Laurent. Comble du luxe, Baxter ou encore Minotti le font en version outdoor ! Nous nous détachons de l’hégémonie du noyer, omniprésente depuis 10 ans ! Riva en est le parfait exemple en façonnant le bois brûlé. Les designers se promènent au gré des marques, suivant les différents modes de vie. Des signatures, comme les frères Bouroullec n’hésitent pas à explorer des univers complètement différents. Ils ont marqué les années 2010 de leur lecture du monde. »
Qu’attendez-vous l’année prochaine ?
« De s’écarter du design nordique, au profi d’une création plus latine ! J’attends une explosion technologique, au service des formes, des matériaux. Tout va très vite et certaines pièces d’aujourd’hui étaient encore impossibles à réaliser il y a deux ans. Ce qui donnera envie aux gens demain d’acheter du mobilier, c’est la pertinence ou la performance. »
François Basilien, directeur RBC Lyon.