L’univers de l’éclairage est plus complexe qu’il n’y paraît. Ce monde à part dévoile des techniques et un savoir-faire particuliers. Façonnées avec intelligence, les implantations dialoguent directement avec les matériaux, revêtements, perspectives et volumes.
La fonctionnalité n’a d’égal que l’empreinte décorative finale. Témoin de cette éloquence lumineuse, Dominique Souza, concepteur-lumière, révèle les atouts d’un métier décisif, au service de l’architecture, des volumes et des intérieurs.
Expertise
Pour Dominique, le constat est sans équivoque, l’intégration de l’éclairage nécessite une vision technique, soucieuse d’une dimension architecturale. Il est important de considérer les volumes, la palette chromatique, le mobilier, les textures… définis par l’architecte et les prescripteurs. Sans omettre, l’environnement propre à l’habitat, prenant en compte la lumière naturelle engendrée par l’exposition, ainsi que l’orientation des ouvertures.
Notre métier consiste avant tout à tirer le meilleur parti de l’ensemble de ces paramètres, tout en prenant en considération les modes de vie, les habitudes et les besoins des occupants. Indépendant ou rattaché à une structure, le concepteur-lumière s’inscrit dans une démarche de valorisation du travail des architectes, sans augmenter le budget final. Nous ne sommes aucunement rattachés à une marque, mais ouvrons l’horizon des possibles grâce à notre connaissance technique de l’ensemble des solutions présentes sur le marché. Nous intervenons au moment même où l’architecte va déterminer les valeurs des composantes du projet, appelées phase d’A.P.S (Avant projet Sommaire). Il est nécessaire, pour ce faire de comprendre sa philosophie, son appréhension de la réalisation, mais également de connaître les volontés des clients, leurs préférences…
De là découle le concept lumière.
La L.E.D. innovation
La lumière est appréhendée dans sa définition la plus fonctionnelle. En amont, nous concevons une base technique. En fonction du lieu, nous privilégierons différentes sources lumineuses
souligne Dominique. Aujourd’hui, les évolutions en matière de LED témoignent de réelles avancées, démultipliant l’aspect technique du métier. Particulièrement esthétique, le « Trimless » est un véritable allié dans le domaine de l’intégration. Il témoigne d’un aperçu de ce que nous réserve encore la technologie LED. Ce système permet une luminosité optimale. Une fois éteint, il sait se faire oublier, exempt de toute collerette. C’est un produit très basse luminance (sensation visuelle subjective propre à l’œil) qui n’engendre aucun éclat lumineux susceptible de venir heurter l’œil. A savoir, plusieurs vecteurs sont décisifs dans le choix du luminaire. L’indice de Rendu des Couleurs (I.R.C ou C.R.I.) est primordial. Cette notion de rendu colorimétrique oscille de 0 à 100 et caractérise la propension propre à la lumière à venir se réfléchir sur des surfaces colorées. En fonction de l’échelle de l’indice et de la richesse du spectre, le rendu des couleurs sera plus ou moins fidèle. Raison pour laquelle, Dominique ne travaille plus, à l’heure actuelle, qu’avec un I.R.C inférieur à 80 : « au-dessous de cette référence, la chromatique même sera dénaturée. La part de ressenti est très importante, mais participe à un jugement souvent faussé.
La plupart des gens pensent que les LED en teinte froide éclairent davantage, tout simplement parce que la luminance paraît plus importante en blanc-bleuté. Cependant, en termes de flux, nous sommes toujours sur un 450 ou 480 lumen ». Cette unité représente le flux lumineux perçu par l’œil, lié à la puissance du watt et dépendant directement de la température des couleurs. Exprimée en degré Kelvin, cette dernière varie entre 2 700° et 6 500° K, fluctuant entre le blanc chaud (2 700 à 3 300° K), en passant par le blanc neutre (3 300° à 4 500° K) jusqu’au blanc froid (4 500° à 6 500° K). Pour Dominique, « L’I.R.C et la température de couleur demeurent les critères déterminant dans le rendu final de l’intégration lumineuse, au sein de votre habitat. Plus nous gravitons dans des couleurs froides et moins la sensation est agréable, jusqu’à venir transformer la couleur même de la peau. Raison pour laquelle, dans une salle de bains, nous utilisons au maximum du 3 000° K. Au sein de la cuisine, le blanc légèrement plus neutre trouve sa place avec du 4 000° K… Bien évidemment, en prenant en considération la technologie de sources utilisée. » En effet, le rendu n’est pas le même selon une LED, un halogène ou une incandescente. Les dernières générations de LED exhibent une efficacité lumineuse de 110 ou 120 lumen par Watt, devenant l’égal d’un fluorescent traditionnel. La technologie suit son cheminement avec, aujourd’hui, un passage entre la LED SMD à la LED COB. Les points lumineux propres au premier système se métamorphose en une dalle homogène. A l’instar de la technologie utilisée pour les halogènes, les réflecteurs dichroïques mirror offrent une plus grande amplitude de l’éclairage :
Grâce à cette avancée, nous avons un choix de flux en corrélation avec la puissance. Le champ optique permet de balayer un angle lumineux de plus de 120°. En cette fin d’année, début 2015, la technologie LED va se stabiliser et mettre en exergue des produits étonnants.
Intégration architecturale
L’intégration même de l’éclairage ne doit pas s’apparenter à une multiplication des sources lumineuses
précise Dominique.
Je suis pour le zoning, autrement dit, la suggestion des perspectives par des jeux de contrastes. Encore trop d’intérieurs s’expriment par un éclairage uniforme, au détriment d’ambiances chaleureuses et de mises en scène. Il est nécessaire de conserver des zones d’ombres afin de dessiner les volumes et de permettre à notre regard de jongler sur les dissonances chromatiques. Cette vision offre l’avantage de valoriser le travail de l’architecte, de mettre en relief les finitions, les textures, les couleurs, sans écraser les perspectives. Tout est une question de dosage. Le luminaire suit la ligne architecturale, forte d’une dynamique intuitive. La LED n’est pas une solution à tout !
La complémentarité LED / halogène prend ainsi tout son sens. Les éléments structurels, comme un mur de parements noir, peuvent être enrobés d’une lumière froide afin d’en saisir tout le relief et accentuer l’empreinte graphique. L’halogène, quant à lui, va faire ressortir la brillance d’une façade de cuisine laquée, les courbes de la vaisselle ou même valoriser les mets. La lumière parcourt la surface et l’embellit, contrairement à la LED qui octroie un éclairage plus plat. Même si aujourd’hui, la LED tend à rattraper son retard de ce point de vue, avec l’amélioration des réflecteurs. Les deux technologies ont chacune leurs avantages.
Au sein d’un salon, la LED s’exprimera par un positionnement informel, entourant par exemple chaque angle d’un canapé, laissant le premier rôle à l’halogène venant appuyer la scène principale, à l’instar de la table basse. La LED permettra de créer de l’espace, tandis que l’halogène façonnera une ambiance chaleureuse…
Le concepteur-lumière tire le meilleur parti de la conception architecturale, transcendant les volumes et les décors. A l’heure où les technologies s’affirment et s’enrichissent, il serait dommage de ne pas les exploiter à leur juste mesure.
3 commentaires
Bravo Dominique, rien d’autre que du plaisir à la lecture de cet article.
L’éclairage clair/obscur reste et restera la référence dans cet univers observable de l’éclairage ou les possibilités ne cessent d’évoluer.
Alain
Bonjour,
Je trouve ces lumières suspendues vraiment très jolies, ou pourrais-je les acheter?
En vous remerciant
Caroline
Bonjour,
Vous pouvez trouver ces luminaires de la marque VIBIA chez RBC situé 42 Quai Rambaud à Lyon 2ème.
L’équipe DOMODECO
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