Depuis 2012, date à laquelle est née son agence KY Architecture, Kelly Boukobza appose sa griffe singulière héritée de son œil curieux pour l’art décoratif. À l’équilibre, sa façon bien à elle de le moderniser, son sens artistique, sa technicité millimétrique, sa propension à challenger les artisans, à facetter les projets pour mieux refléter la personnalité des propriétaires. Notre travail s’inscrit avant tout dans une démarche de collaboration, souligne l’architecte d’intérieur.
Chaque réalisation est une occasion d’évoluer, un défi dans notre volonté de nous réinventer. Ainsi, nous nous imprégnons totalement des clients, à la recherche de ce qui leur ressemble. Avec pour vocation de créer cette justesse entre leurs attentes et ce quelque chose qui marque la différence. Dans sa manière bien à elle de dessiner le moindre détail, de l’agencement à la poignée de portes, les propriétaires de ce chalet, situé à Méribel, trouvent un écho. Kelly confirme : Ils souhaitaient une réelle composition architecturale mettant en lumière des éléments forts et personnels sans se départir de l’authenticité des lieux, mais sans non plus tomber dans le pittoresque ! Une vision originale à même de redéfinir les contours de l’esprit montagne auquel Kelly se confronte pour la première fois.
Chaque réalisation est une occasion d’évoluer, un défi dans notre volonté de nous réinventer.
En substrat, la rusticité silhouettée va faire l’objet d’une totale relecture stylistique, non sans bousculer au préalable le cheminement volumétrique. Le chalet était dans un jus très particulier, avec même des moulures de style haussmannien ! Nous avons donc fait table rase et redistribué l’ensemble des pièces des quatre niveaux, clarifiant un maximum les pièces de jour, jusqu’à élargir et créer de nouvelles ouvertures. Nous avons réécrit la trémie de l’escalier, et de pair intégré de nouvelles fonctions, telles que l’ascenseur.
Bois, pierre, métal… Kelly formule sa propre recette du chalet familial, assimilant dans sa quête de liberté dimensionnelle les contraintes architecturales originelles, tels les deux piliers centraux trônant dans la salle à manger. Pour redonner un sens circulatoire tout en délimitant les fonctions, nous les avons absorbés à travers ces deux modules lamellés de chêne teinté accueillant nombre de rangements et la cave à vin, confirme Kelly. Un appui spatial qui donne le rythme et impulse les nouvelles perspectives, avec en ligne de mire : la cheminée. Elle fait partie des pièces maîtresses de la collection capsule Y que j’ai développée il y a quelques années – comme une extension de mon métier d’architecte d’intérieur –, dont la forme et la matière ont été adaptées au site. Dans ce cas précis, du travertin océan aux doucines irrégulières.
Une pierre à la teinte assumée, imaginée comme un fil conducteur et qui ourle également les encadrements de portes. Tandis que le travertin sable stratifie le décor culinaire. J’adore travailler le marbre sans ostentation, confie l’architecte d’intérieur, mais ici il n’avait pas sa place. Le travertin insuffle cette notion de luxe discret plus proche d’une villégiature cosy. Et qu’en est-il des touches authentiques ? Elles s’égrènent çà et là, comme le parquet CarréSol Éditions chanfreiné vieilli, les poignées en bronze martelé, l’appareillage Meljac finition antique. Ou encore la table de salle à manger et les chaises retapissées, legs des précédents propriétaires que nous avons choisi de conserver comme un clin d’œil.
Le travertin insuffle cette notion de luxe discret plus proche d’une villégiature cosy.
L’escalier occupe une place centrale, réunissant par sa ligne légèrement balancée les deux trémies d’origine. On retrouve une teinte foncée, caractéristique des éléments phares et liants de l’architecte d’intérieur, pour mieux créer des traits d’union affirmés, aussi bien horizontaux que verticaux, entre les différents espaces. Les huit chambres – incontournables pour cette famille nombreuse – poursuivent ce mix stylistique au gré d’un agencement lui aussi dessiné sur mesure, menuisé par l’artisan local Duraz et teinté sur place. À leurs côtés, les salles d’eau conjuguent des pierres travaillées par les Marbreries de la Seine, ajoutant une dimension sophistiquée soupesée. Un chalet en suspension constante entre symétrie et libre composition, douceur et rigueur, élégance et brutalité, ombre et lumière.