Lorsque l’on évoque les salles cinéma, l’appréhension de l’acoustique semble légitime. Pourtant, elle devrait également l’être au sein de toutes les pièces de la maison.
Il n’est pas rare de retrouver dans l’univers résidentiel et tertiaire des problématiques sonores, liées à la résonance, une mauvaise transmission phonique… Olivier Collier et Raymond de la Bastie, à l’origine de la société Alveolkustic, spécialisée dans l’étude et le traitement acoustique, dévoilent un panel de solutions, fortes d’une approche quantifiable, architecturale et esthétique.
L’acoustique, la base
Issu du monde de la musique et professeur à l’école d’architecture de Lyon, l’ENSAL, Olivier met en exergue deux grandes problématiques : l’isolation et l’absorption acoustique.
« Elles s’appréhendent de manière différente et se justifient par des normes distinctes. Dans le premier cas, notre savoir-faire va s’inscrire dans la limitation de la propagation du son entre différents espaces, intérieur et extérieur ou des pièces d’un même lieu. Le second cas de figure s’exprimera par la restitution optimale du son au sein d’un espace qui, par exemple résonnera, ou dans une dynamique musicale, au coeur d’une salle Cinéma dédiée.
Dans la mesure du possible, l’idéal demeure l’étude en amont d’un projet, en rénovation. Dans le cadre de la construction, l’entrée en vigueur de la réglementation NRA 2000, au 1er janvier 2013, qui définit les niveaux d’isolation minimum entre certains espaces, appartements… obligent la réalisation d’une attestation acoustique conforme à cette nouvelle norme, par le biais d’un bureau d’études spécialisé.
Via des logiciels, des méthodes de calculs, nous pouvons simuler en amont le résultat sonore final, le garantir et anticiper les problématiques. Dans les autres cas, lorsque le lieu est figé, un grand nombre de solutions « standards » ou sur-mesure peuvent les minimiser de manière très intéressante. »
Un panel de solution adaptées
Raymond continue : « Chaque lieu dévoile ces propres paramètres. Ils ne seront pas les mêmes au sein d’un restaurant, d’une salle de réception (où nous nous concentrerons d’autant plus sur la parole) que dans un salon télé (où la musique sera notre point de mire). Avant tout, les matériaux doivent être appropriés, soucieux d’une mise en oeuvre adéquate. Vous pouvez intégrer les meilleures cloisons, isolation, si les portes ne sont pas adaptées… le résultat sera faussé. Le son est exactement comme l’eau, il s’insinue partout. »
Pour Olivier, « En ce qui concerne l’absorption acoustique,les architectures contemporaines ont révélé des problématiques engendrées par des volumes aux proportions grandiloquentes. Un impact direct sur le temps de réverbération, c’est-à-dire le temps que mettra le son à devenir 1 000 fois moins fort, en terme familier : la résonance. Cette principale mesure est directement dépendante du volume, mais également des matériaux disséminés. C’est à ce moment qu’interviennent aujourd’hui des solutions ingénieuses et particulièrement esthétiques, à l’instar des voilages acoustiques, qui accusent une très bonne absorption sonore tout en laissant passer la lumière.
Une solution adéquate dans le cadre d’un salon télé, accueillant de grandes baies vitrées. Il existe également un produit acoustique, brevet norvégien – dont nous avons la licence française – qui se compose d’un panneau en plexiglass micro-rainuré au laser, à placer devant les vitres, de préférence sur un châssis fixe, comme un puits de lumière. Les rainures se transforment ainsi en une multitude de points d’absorption phonique très efficaces. Un outil précieux, qui de par sa transparence et son « invisibilité » a répondu, lors d’une réalisation, aux exigences des ABF, là où tous les autres produits ont été bannis !
Les textiles acoustiques tendus peuvent également arborer des impressions numériques sur-mesure, intégrés des haut-parleur… Les panneaux muraux ou au plafond encastrent la lumière…Des panneaux bois, tissus… L’étude du lieu et des attentes demeure primordiale afin de disposer intelligemment tous ces ingrédients et apporter un réel confort aux usagers. Il existe même aujourd’hui des boucles à induction qui vont venir transmettre directement l’audio au sein d’un sonotone, sans que le son de l’enceinte s’égosille dans tout le voisinage ! Les solutions esthétiques et fonctionnelles, adaptées à tous, sont vraiment très étendues. »
Au service du son
Olivier poursuit : « L’acoustique demeure avant tout la maîtrise du trajet du son. Tout dépend de la salle, des attentes du client et de son environnement. Dans le cadre d’un salon télé, nul besoin d’imposer une configuration démesurée. L’acoustique doit être aussi proportionnée aux équipements, aux enceintes… et inversement. Elle valorise le matériel choisi.
Pour ce faire, nous calibrons les systèmes audio, en fonction, afin de retranscrire fidèlement le son. Il ne faut pas oublier que les utilisateurs achètent une performance, qu’ils doivent retrouver chez eux… Jusque dans les salles cinema, où l’acoustique devient la base de la conception. Nous n’hésitons pas à recréer une salle dans la salle. Tout est dans le juste équilibre entre l’absorption et la diffusion afin de réaliser des salles dynamiques. »