Le chalet Les Bruxellois s’émancipe des schémas fastueux qui ont fait la renommée de Courchevel 1850. Il glisse sur une pente luxueuse certes, mais pensée comme une aventure où le superflu se dérobe, où l’ostentatoire se soustrait à la narration architecturale. Imaginé par l’Atelier Giffon et réalisé par Revue de Chantier, il capte dans son intention conceptuelle un bout de nature sauvage, de féérie… et figure une terre d’évasion riche en promesses !
Tout a commencé avec l’un des premiers chalets courchevelois conçu et réalisé par le binôme : le 1550. Un séjour, deux séjours… Au troisième, il faut se rendre à l’évidence, la famille belge est sous le charme de ce lieu de villégiature ! Quelques coups de téléphone plus tard et le nom de Rémi Giffon résonne. La question « Pourriez-vous nous dessiner notre chalet ? » donne ainsi naissance à un véritable concept tissé autour d’un paysage sylvestre et lacustre.
Pas de luxe délibéré, juste pour faire du luxe, mais légitime et maîtrisé à travers une authenticité.
Pour ce faire, l’architecte d’intérieur prend de la hauteur passant à une altitude de 1850 mètres, aux portes des pistes et du village. « Les propriétaires souhaitaient un chalet à proprement parler, aux senteurs de vieux bois, de pierre du pays, de textures réchauffantes, se remémore Rémi. Pas de luxe délibéré, juste pour faire du luxe, mais légitime et maîtrisé à travers une authenticité. »
Pensée dans sa globalité pointilleuse, la construction, stratifiée sur six niveaux, prend forme au rythme de la volumétrie interne et de matériaux liés par un récit fonctionnel et ludique. Si les codes montagne sont bien au rendez-vous, bardage « brûlé soleil », parquet chêne style « récupération », drap de Bonneval, moquette tuftée, pierre brute et calcaire, la mise en œuvre fait pencher la balance conceptuelle en faveur d’un propos plus décalé.
Nous ne sommes ni vraiment dehors, ni vraiment dedans, mais dans un microcosme qui décline la thématique « nature » sous des formes plurielles.
Pour Rémi une volonté de surprendre les propriétaires, mais également les futurs locataires saisonniers par un entre-deux suggestif : « Nous ne sommes ni vraiment dehors, ni vraiment dedans, confirme l’architecte d’intérieur, mais dans un microcosme qui décline la thématique « nature » sous des formes plurielles. » Une expédition donc, qui prend sa source dans la suite parentale, point culminant du chalet. Cet espace sous-faîtage a été construit comme un point de départ, reprenant dans sa trame les iconiques malles artisanales Louis Vuitton. La tête de lit en est l’expression même avec ses rives en cuir, composée tel un couvercle renfermant au verso le dressing ouvert.
Une multiplication de scènes et d’espaces liés entre eux par le dessin, mais générant des ambiances différentes qui évoluent selon le rythme de la journée et de ses hôtes.
Puis l’épopée continue, dans les niveaux inférieurs. Ici, l’univers équestre prend le relais. La raison ? « C’est une famille de passionnés, explique l’architecte d’intérieur. Nous voulions faire un clin d’œil en gravant sur les portes le nom des chevaux favoris de chacun, repris en image dans les niches du skiroom ». Il faut descendre d’un étage pour progresser dans une forêt enchanteresse, menant pour les plus petits à des mondes féeriques, pour les plus grands au spa et au hot tub extérieur.
« C’est l’idée même du chalet, confie Rémi. Une multiplication de scènes et d’espaces liés entre eux par le dessin, mais générant des ambiances différentes qui évoluent selon le rythme de la journée et de ses hôtes. » L’ameublement, pour la majeure partie choisie chez Poliform-RBC, en est également le garant, ainsi que la conception lumière élaborée avec I Light You.
Un avant-goût avant de plonger tête la première dans les filets inventifs de l’Atelier Giffon. « Nous avons pris le parti de casser les codes des piscines de chalet traditionnelles. Nous finissons ainsi notre escapade sur les bords du lac de la Rosière. Chaque détail a été élaboré pour créer une immersion totale, à la recherche d’une parfaite continuité entre cette toile rétroéclairée et le bassin. Ils se confondent ainsi par le cadrage précis, défini avec le photographe Christian Arnal, et la circulation développée autour : la plage immergée, l’escalier menant à la cabane et le ponton contemplatif ».
À cela s’ajoutent des allusions disséminées de-ci de-là, telles que la suspension Lacrime del Pescatore d’Ingo Maurer reprenant les codes lacustres. La balade se poursuit sous une canopée presque tropicale peuplée de cocktails, en passant par le bar et son plafond végétalisé, avant de se faufiler sous la tente « loisirs » dont le voilage fait office d’abat-jour grandeur nature et de partager les victuailles, dans la salle « table d’hôtes ».
La boucle est bouclée et le dépaysement absolu ! En dehors des sentiers battus, cette réalisation est l’expression même de la vision architecturale de l’Atelier Giffon, avec cette propension pour les symétries, esquissant des perspectives parfaitement équilibrées ! Une « patte » héritée d’une expérience de trois ans à l’agence Wilmotte & Associés. Se dégage une sensation d’harmonie – que l’on pourrait presque saisir dans sa paume – et de volumes à échelle humaine en recherche constante d’étonnement.
Ce chalet représente de nombreux challenges, surtout en ce qui concerne le délai… record ! En tout et pour tout, neuf mois !
Chaque poutre, chaque pan vitré, chaque univers déployé trouve ainsi un écho, sans jamais tomber dans la facilité. Cette réalisation nous a donné l’opportunité d’aller plus loin, de sortir de notre zone de confort pour concevoir des espaces originaux. « Après coup, je me rends compte que j’ai insufflé un peu de mes souvenirs. J’ai grandi à Annecy, au bord du lac et je ne peux m’empêcher, dans cet espace wellness, de me rappeler cette enfance, sourit Rémi Giffon. Peut-être est-ce cela l’architecture d’intérieur, partager aussi un petit bout de soi ! » Mais aussi, relever des défis ? Tout à fait ! Ce chalet représente de nombreux challenges, surtout en ce qui concerne le délai… record ! En tout et pour tout, neuf mois ! Rendu possible par l’implication à nos côtés du maître d’œuvre Benjamin Mauris et des artisans L’Atelier des Frères, Menuiserie Martinod, Tarentaise Charpente, Faoro Elec… Familial, festif, captivant, jamais ennuyant, ce lieu hypnotique s’inscrit comme un fabuleux conte à partager.
Conception, architecture d’intérieur et décoration : Atelier Giffon
Maîtrise d’œuvre : Revue de Chantier
Architecture : DPI